les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

vendredi 6 juin 2014

la géographie



La géographie.
Le soir vous vous endormez dans une région qui est déjà définie depuis quelques temps, et cela n’a pas été fait en un jour, elle s’appelle le Languedoc-Roussillon et il a fallu plusieurs lustres pour lui donner du pouvoir, des institutions à peu près identifiées, des bâtiments qui en jettent, une action qui commence à se lire dans le paysage (par exemple la construction de quelques lycées)…
Le matin vous vous réveillez, et tout ça a disparu, et tout ça parce que, sur un coin de table de l’Elysée, un pouvoir en posture délicate croit qu’en redessinant une réalité hostile on peut la transformer. Dans la nuit du 2 au 3 juin 2014 la carte de France des régions a été profondément modifiée… et le Languedoc-Roussillon a fait pschittt. Voilà ce que notre histoire risque de retenir d’une décision politique qui est  un signe inquiétant pour la démocratie.
De l’amateurisme ?
Nous sommes en plein amateurisme ! Pire, ne pourrait-on pas parler d’infantilisme devant le rôle désormais dévolu à l’improvisation, à la fantaisie, à l’inconséquence ?
Avec des épisodes précédents de la saga présidentielle, nous pouvions avoir quelques doutes sur la maturité du capitaine de pédalo, alias pépère : les sorties nocturnes de l’Elysée, en scooter, pour découvrir ou redécouvrir les plaisirs sulfureux des amours adolescentes, le largage brutal et totalement inélégant de celle que l’on avait entraînée sur le podium quelques mois auparavant étaient des signes tangibles que les caprices pouvaient prendre le pas sur la pondération que l’on peut exiger de quelqu’un qui a quand même un pouvoir nucléaire au bout des doigts.
Moi-moi-moi.
Rétrospectivement, la longue anaphore, moi président…moi, président… moi président… et l’insistance sur ce moi-moi-moi pouvaient laisser supposer l’égo surdimensionné d’un enfant qui après avoir été le caïd de la promotion Voltaire à l’école de l’ENA continue à se prendre pour le centre du monde.
Et plus proche de nous l’incapacité à entendre ce que lui ont dit les urnes des élections municipales, ce que lui ont répété les urnes des européennes, en plus rude encore, quelques semaines plus tard, révélait l’ampleur d’une coupure grave avec le réel.
L’enfant est dans son monde, il fait mine de vous entendre, de répondre à vos remarques, il peut même promettre de changer… et puis il ne change rien. Il continue comme avant, et même en pire s’il le faut. Là François a visiblement envie de ne rien changer ; avec son copain Manuel  ils se croient les plus fortiches et ils pensent qu’en redessinant régions, départements, communes, ils vont faire oublier le marasme politique dans lequel en quelques mois ils se sont enlisés, et, malheureusement, nous avec.
Des enfants ignorants.
Comme des enfants inconscients à qui on a acheté un puzzle de la France et de ses régions et départements et qui pour faire joujou s’amusent de toutes les combinaisons possibles. Et je te mets la Bretagne avec la Loire et puis je ne te les mets pas ensemble. Et je te fais des régions énormes et puis des toutes petites. L’Auvergne? Où je vais bien pouvoir mettre les Bougnats ?  Avec les Corses ? Avec les Catalans ? Avec les Marseillais ? Et les Bourguignons, avec les Niçois cela n’irait pas mal ? Non ? Les DOM/TOM on s’en fout, comme d’habitude ! Les Normands, on les mets tous ensemble ? Peut-être bien que oui ! Peut-être bien que non ! …
Ne vous étonnez donc pas si vous vous endormez en Languedoc-Roussillon et si au réveil vous êtes passés dans le Midi-Pyrénées : les montagnes n’ont pas changé de place, la Méditerranée non plus ! Les toquades d’une bande d’incompétents, seules, ont changé la géographie.
La géographie, ce n’est pas un peu aussi nos affaires ?
Jean-Marie Philibert.

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