les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 3 juin 2014

De l'argent à la politique



De l’argent à la  politique…
A l’UMP on n’aime pas que le pouvoir, on aime aussi le pognon. L’histoire de ce parti a connu de multiples péripéties qui en attestent : pendant longtemps la proximité des milieux patronaux, la fréquentation régulière des plus friqués de la société, l’amour réciproque de la droite et du capital (grand et petit) ont contribué à alimenter des caisses qui semblaient sans fond (sans fond, pas sans fonds, il faut suivre).
Le tonneau des Danaïdes.
Les caisses de l’UMP, c’est la version contemporaine du tonneau des Danaïdes. Rappelez-vous ces filles du roi d’Argos qui parce qu’elles avaient tué leurs époux la nuit de leur noces furent condamnées  dans les enfers à remplir d’eau un tonneau sans fond. Là ce n’est pas d’eau qu’il est question, mais de monnaie sonnante et trébuchante, que les responsables successifs du parti se plaisent, se complaisent, sans complexe, à rechercher et à dépenser avec une allégresse d’autant plus grande qu’elle ne leur semble pas difficile à gagner. Pendant un temps il y a eu les tripatouillages foireux entre l’argent public et le moins public, rappeler-vous Chirac à la Mairie de Paris. Puis après la loi sur le financement public des partis politiques, sur le remboursement des frais électoraux, censée mettre un terme à des pratiques peu orthodoxes, les pratiques anciennes ont perduré, l’affaire Bigmalion en offre un nouvel avatar, après l’affaire Bettencourt. Tout l’art consiste ensuite à tout faire pour tenter d’échapper aux mailles de la justice, à offrir à l’opinion publique quelques seconds couteaux comme victimes expiatoires, à se draper dans les grands principes ou les engagements-promis-jurés qui, eux, ne coûtent rien. Et s’il n’est pas possible de faire autrement, d’offrir sa démission pour ouvrir la carrière à la génération montante d’amoureux de l’argent facile.
Rêver…
Parce que l’argent facile fait rêver, et de plus en plus. Les salaires n’augmentent pas, ce qui signifie que, comme ils sont les seuls à ne pas augmenter, le pouvoir d’achat baisse inexorablement, la non-indexation des retraites les met en arrêt cardiaque pour de longs mois, les allocations en tous genres sont revues à la baisse au prétexte qu’il faut faire des cadeaux au patronat, les remboursements de santé se réduisent comme peau de chagrin, se soigner, se loger, se nourrir, s’habiller, s’instruire, coûtent de plus en plus cher. La misère rode dans les rues à la recherche de victimes de plus en plus nombreuses. Pour rêver, il nous reste la Française des jeux et ses millions de couillonnés par semaine.
L’état peut peu.
A l’UMP on n’a pas de tels problèmes d’intendance, on n’a pas besoin de rêver, on est pour l’austérité… pour les autres, on est contre les déficits publics, on est pour des politiques budgétaires drastiques, on est pour réduire les services publics à la portion congrue, on est pour tourner le dos aux besoins sociaux qui coûtent cher, très cher. L’état ne peut pas tout, l’état peut peu.
Ce sentiment d’une incapacité de l’état à affronter une situation sociale et économique difficile certes, mais pas irréductible, n’est pas que l’apanage de l’UMP. Avec des variantes, mais sans aucun esprit critique, et même avec obstination, le parti socialiste se laisse enfermer dans une même logique qui le coupe des réalités vécues par les Français, qui lui coûte élection après élection et dont il a décidé qu’il ne changerait pas. La gauche plombée, la gauche de la gauche a du mal à émerger. Les résultats des européennes ont du sens. La crise de crédibilité est profonde et laisse la porte ouverte à tous ceux qui sont en mesure de nous prendre pour des imbéciles ; pour le FN ce sera sur le dos des étrangers et des métèques,  en trompant son monde sans vergogne et en laissant croire que le pétainisme est l’avenir de notre société… soixante-dix ans après le débarquement allié en Normandie.
Faire-refaire de la politique, est-ce possible ? De la politique ? Mais voyons après ce que vous venez d’écrire.
Avons-nous d’autres choix ? Avec modestie, avec abnégation et détermination, sans illusion, mais avec ambition, l’ambition de la justice, de la solidarité. Avec la certitude que le progrès social est une idée neuve, surtout pour tous ceux qui en sont exclus et ils sont légion.
Et enfin pour en revenir à notre point de départ, avec  toute l’honnêteté nécessaire à tous ceux qui ont la prétention de toucher au bien public. Avec désintéressement. Honnêteté, désintéressement, engagement, voilà des mots un peu « vintage » comme on dit aujourd’hui. Mais, là, pour le coup,  ça serait aussi une vraie nouveauté.
Jean-Marie Philibert.

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