Courir à
l’infini…
Le week-end
dernier ont eu lieu les premiers 100 miles entre Font Romeu et Argelés.
Imaginez-vous confortablement installé sur une terrasse
ensoleillée de Font Romeu ; la journée a été belle et vous a complètement
ragaillardi. Une petite ombre au tableau cependant : il faut bientôt
redescendre dans la plaine du Roussillon et regoûter des charmes de la 113.
Cela vous porte un peu peine comme on dit ici. La 113, c’est galère ! Les
participants au premier 100 miles-Sud de France qui se sont lancés de la
Cerdagne vendredi dernier pour rejoindre Argelés n’ont pas eu cette petite anxiété pour la simple et bonne
raison qu’ils sont redescendus à pieds, en baskets, en short, en chemisettes et
en courant, par le GR 10 en allant au passage saluer le Canigou.
Des extra-terrestres ? Des ultra-masochistes ? Des
héros survitaminés ? Les 800 participants au départ de Font Romeu (pour
l’Ultra-traversée de 167 km et 7600 m de
dénivelé positif)) ou de Vernet (pour la
Grande Traversée de 110 km) sont peut-être et même sûrement avant tout des
femmes et des hommes passionné(e)s, endurant(e)s, volontaires, solides et
entraîné(e)s.
Nous avons voulu connaître leurs motivations… et leurs
parcours (c’est le cas de le dire). Nous avons rencontré deux des participants
à la Grande Traversée : Jean-Paul, sémillant quadra, adepte avignonnais de
ces sports extrêmes, dans une démarche rigoureuse et quasi-scientifique, et
Simon, trentenaire montpelliérain, plus novice et tout aussi coriace dans la
discipline ; à leur actif des courses mythiques, comme la CCC, autour du
Mont-Blanc. Ils courent ensemble et ils vont donc nous parler ensemble.
Terrible.
« Le GR 10, il
est terrible comme sentier de randonnée … on dirait qu’ils ont fait exprès de
mettre partout des cailloux… ces 100 miles n’ont rien à envier à l’ultra-trail
du Mont-Blanc .. C’est un truc de taré alors que tout le monde disait que
c’était roulant… après Montalba on a failli tout lâcher … on pensait pas
repartir du Perthus… La fierté… si tu es fier tu ne vas pas abandonner … tu es
un peu c… Si tu es blessé, tu peux pas continuer, mais abandonner pour la
fatigue… Le principe de la course, de la montagne à la mer est très sympa… Mais
les infos, l’orga, n’étaient pas toujours au top… on a perdu du monde dans la
montagne. Sur les crêtes des Albères on a dû faire un gruppetto pour se sortir
du brouillard … On recommencera… Dans la nuit des Albères mon imagination et la
fatigue me faisaient voir des maisons
partout… On n’a pas eu le temps d’admirer le paysage, mais le lever du soleil
sur les Cortalets, magique !… Sur 27 heures de course, on a marché 20
heures, c’est frustrant… La
motivation ? Le challenge par rapport à soi, aux autres…
héroïque ??? Je suis un héros ? Même si je suis détruit… La
philosophie du trail ? Le défi… »
Une première intéressante pour notre département qui a connu
un succès mérité et qu’il importe de confirmer dans les éditions futures. Le
département enrichit ainsi son offre sportive pour entrer dans la cour des grands trails. Retenons, en
conclusion, la belle déclaration de
Sébastien Buffard, le vainqueur: « on
a l’impression qu’on peut courir à l’infini ».
JMP