Hommes (et femmes) de peu de
foi !
Non ! Non ! Ne
vous laissez pas induire en erreur par ce titre. Je ne vous parle pas de la
manif pour tous et de son cortège de soutanes et de tenues BCBG… peut-être une
autre fois. Je vous parle de politique et plus particulièrement de politique
sociale.
Loin
de moi l’oubli de toutes les contingences matérielles, économiques,
financières, sociales. Il n’est pas dans mes habitudes de croire qu’il suffit
de vouloir pour pouvoir, que les docteurs Fautquon, Yaqua, Fastoch qui ont
réponse à tout et qui vous règlent l’ordre du monde et de l’univers en deux
formules péremptoires sont des penseurs dignes de ce nom. Et pourtant nous en avons côtoyé, nous en côtoyons
quotidiennement qui confondent assurance outrecuidante du propos, vide sidéral
des idées et refus de voir le réel et les hommes-et-femmes dans leur
complexité. De telles attitudes sont totalement inopérantes, en dehors des
apéros bruyants du café du commerce. Elles ont conduit Sarkozy dans un mur dont
il tente de s’extraire… en faisant pareil. Errare humanum est, perseverare
diabolicum. Traduction, non littérale : c’est une mule !
Les péteux.
A
l’opposé, il y a ceux frileux, inquiets, péteux qui pensent que l’on n’est
jamais assez prudent, qu’il ne faut
jamais cesser de se recroqueviller dans sa coquille, que le pire est toujours à
venir et que la première des urgences est d’organiser la retraite sur tous les
fronts. Avec le gouvernement Valls 2, pour tout ce qui concerne les progrès
sociaux, nous sommes dans cette reculade généralisée, sous les saints auspices
du patronat le plus réactionnaire, mais jamais frileux, lui, pour défendre ses
propres ( ?) intérêts. Je voudrais illustrer mon propos de deux séries
d’événements pris dans l’actualité la plus récente de notre vie sociale.
La riante Marisol.
Premier
domaine d’importance : la politique familiale. C’est un secteur-clef pour
l’avenir d’un pays : la démographie est sa richesse. En France, en ce
secteur-là, nous n’avons pas tout raté, bien au contraire, et par rapport à nos
voisins européens, nous bénéficions d’une petite avance. Eh bien ne vous
réjouissez pas trop vite, parce que les mesures décidées par le gouvernement et
la riante ministre des affaires sociales Marisol Touraine vont s’employer à
tout remettre en cause : il faut bien réduire les budgets sociaux… pour
distribuer le pognon aux patrons. Pacte de confiance oblige ! Et vlan, les
baisses des aides à l’emploi de nounous,
la réduction au tiers de son montant de la prime de naissance à partir du
deuxième enfant ! Le congé parental sera aussi réduit sous prétexte de
contraindre les hommes à davantage le prendre. Il est vrai qu’en ces temps de
crises, c’est quasiment une sinécure d’élever des enfants : on peut sans
risque remettre en cause des aides, somme toute mineures, en faisant comme si on ne s’apercevait pas
qu’en agissant ainsi on détruisait un des fondements de nos prestations
sociales et leur principe d’universalité.
Vive un monde de
vieux !
Si
il y a moins d’enfants, ce n’est pas grave : vive un monde de vieux, dans
la hollandie sociale-libérale !
Mais
les millions d’euros « gagnés » (on sait par qui !) sur les
prestations familiales n’y suffiront pas. Donc après la famille, feu sur la
santé où bien sûr nous dépensons trop. Et la Marisol a une formule renversante
pour définir sa politique : « Dans
une conjoncture extrêmement difficile, on maintient quand même une protection
sociale pour nos citoyens ». Tout est dans le « quand même » :
on aurait pu casser la sécu, on ne l’a pas fait…merci petit jésus ! Que
fait-on donc ? On sait que l’on a des médicaments efficaces contre des
maladies qui sont de véritables fléaux (hépatite, cancer, cholestérol,
dégénérescence maculaire…) et sur lesquelles les thérapies actuelles patinent.
Mais ces médicaments sont chers, très chers, trop chers. On met en place des systèmes compliqués pour
faire en sorte que ces traitements soient les moins prescrits possible. Dans
cette stratégie sociale et médicale, le prix du médicament passe toujours avant
le prix de la vie. Morituri te salutant (Ceux qui vont mourir te
saluent !). Comme si un gouvernement n’était pas en mesure de négocier
avec des laboratoires pharmaceutiques des tarifs raisonnables. Mais c’est à se
demander si le mot « raisonnable » a encore un sens dans le mode de
la finance généralisée.
Les zozos qui entravent
notre futur.
Du
côté de la maladie, du côté de l’enfance, on fait l’impasse sur toute
perspective d’avenir, pour s’accrocher à un immédiat où seuls vont compter
(c’est le cas de le dire) les euros que l’on aura glanés sur le dos de
concitoyens qui n’en peuvent mais. On se moque de la souffrance, des
difficultés des hommes et des femmes, comme si l’on n’avait plus aucune foi
dans notre capacité à construire un avenir, tout simplement humain. Et il me
revient du tréfonds de ma mémoire une
expression des évangiles qui s’adapte à merveille à tous les zozos qui
entravent notre futur : hommes de peu de foi ! Mais, ici, c’est tout
simplement de foi dans les êtres humains que nous sommes qu’il s’agit, des
êtres vivants, luttant, créant, tout simplement dignes !
Jean-Marie
Philibert.
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