Paul &
Mick nous font un cadeau pour noël
Rappel historique pour tous ceux qui n’auraient pas eu
connaissance des donnés premières des aventures de Paul & et Mick, telles
que votre quotidien local, préféré ou obligé (rayez la mention inutile) les a
rapportées avec une complaisance que ma liberté de pensée me fait juger
grandement coupable. Toute entreprise de
presse étant une entreprise commerciale, on peut croire que, lorsqu’un journal
embarque Paul & Mick dans des eaux nauséabondes, il le fait pour attirer le
lecteur et peut-être pour faire des sous.
Des titres
accrocheurs.
C’était le dimanche 14
décembre : deux titres accrocheurs, en une « pourquoi le FN peut
gagner en 2020 », en page 3 « …pourquoi le FN gagnera la marie de
Perpignan en 2020 ». Vous remarquerez au passage le remplacement du
potentiel de la une par le futur de la 3. Histoire de vous mettre les chocottes
comme on dit. Et à partir de là branle-bas de combat. Pataugeons !
Paul est universitaire, il a fait du Front National son
centre d’intérêt. Il a commis plusieurs écrits sur la question, il a collaboré
à un hors-série de Charli-Hebdo « le Front national expliqué à mon
père » et il vient pour la fondation Jean Jaurès de rédiger avec d’autres intervenants une
étude sur « Perpignan, une ville avant le Front national ? »
Comme
Nostradamus
Paul ne s’appelle pas Paul, mais Nicolas Lebourg, et il tente
de nous convaincre qu’il en sait un peu plus que le citoyen moyen, que son
regard est plus affuté et donc qu’il est en mesure comme Nostradamus de nous
annoncer les catastrophes à venir, de nous décrire les mécanismes qui les
produiront et même de donner quelques conseils judicieux à celui qu’il
« voit » comme le futur maire de la ville de Perpignan. Il ne va pas
jusqu’à préciser la date de la réouverture du camp d’internement de Rivesaltes
pour tous les récalcitrants à l’idéologie lepéniste. Mais il pose quelques
banderilles sur les épaules de Jean-Marc Pujol qui, semble-t-il à ses yeux, ne
fait pas le poids et est porteur d’une tare congénitale (départementalement
parlant) « Et puis, il y a cette
maladie du département : la rente, c’est l’idéologie du Roussillon !
Pujol, comme d’autres élus des P.O. est un rentier de la politique alors
qu’Alliot est un fils de plâtrier devenu avocat … »
C’est pas
moi, c’est lui. Na !
A ces mots, « grosse colère du maire de
Perpignan », et réaction brutale et violente de celui que nous appellerons
Mick pour justifier notre titre. Mick répond donc mercredi à Paul, et situe la
polémique dans les plus grandes hauteurs de la stratosphère. Du genre : le
rentier, c’est pas moi, c’est Alliot ! Na ! La colère est sans doute
mauvaise conseillère, parce qu’elle empêche Mick de saisir que le propos de
Paul ne le vise qu’en tant que représentant d’un système idéologique et
économique qui a fait de la rente le fondement du pouvoir de la classe
dominante, et que son destin personnel et ses rentes (s’il en a) n’ont que peu de poids. Mick n’a pas compris. Mais il
reste fidèle à ses hantises puisque dans sa lettre ouverte à Paul, il réveille
Staline et les Koulaks dont on sait qu’il s’est fait une spécialité et qui
n’ont rien à voir dans la polémique. Et il tente de nous émouvoir avec son
histoire personnelle, faite de dévouement, d’abnégation et de désintéressement.
Nous sommes touchés, mais nous attendons avec impatience les épisodes suivants
des aventures de Paul & Mick.
Nous nous permettons de leur suggérer qu’il serait peut-être
bon aussi de ne pas se limiter à faire du bruit, du barouf, du potin, du
sentiment à deux balles ( totalement inutile), mais de faire de la politique,
de la politique municipale par exemple, celle qui répond aux difficultés
sociales des gens de la ville, à leurs difficultés
de logement, de
circulation, à l’insuffisance des services publics, celle qui parle de la
politique utile aux gens. Peut-être alors reviendrions-nous sur terre, et
aurions-nous quelques chances de combattre efficacement le Front national.
Jean-Marie Philibert