les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 17 décembre 2014

La joie d'apprendre



La joie d’apprendre…
Alors que l’évaluation est un problème de fond, central, incontournable, fondamental, essentiel  de la démarche pédagogique, le gouvernement, en relançant un énième débat très étriqué sur note/pas-de-note, nous refait le coup, c’est une de ses spécialités, de la stratégie de gribouille, plus j’avance, plus de t’embrouille. Avec la même prétention, faire croire que sa politique scolaire a pour ambition  plus de justice et plus d’efficacité.
Cerise sur le gâteau de la conférence nationale (de consensus, dit-on) en cours : c’est un jury de 30 personnes composé en partie d’enseignants et de parents  (très soigneusement choisis par le ministère) qui dira le vainqueur. Soit, le pas-de-note vainqueur par chaos (le ministère se charge tout seul de l’organiser) ! Soit, la note après une fière résistance a sauvé sa peau ! C’est prendre tous les acteurs du difficile processus éducatif pour des imbéciles à aborder ainsi par la fin la question bien compliquée de la formation des femmes et des hommes de demain.
Les clichés.
Les clichés ont la vie dure, d’autant plus dure, qu’ils correspondent de moins en moins à des comportements réels : certes l’enseignant évalue, corrige, juge, corrige, note. Mais s’interroge-ton sur le travail fait en amont, alors que c’est le cœur de la démarche éducative
Rire ou pas.
Pour les adeptes de la rénovation, la seule prétention à évaluer, à noter serait la tare congénitale de cette démarche. Tout cela n’aurait que trop duré. La note serait la source majeure de l’échec scolaire, elle serait le fondement de la sélection sociale que  tenterait de cacher la réussite scolaire, elle légitimerait la ségrégation sociale qui paralyserait la société et elle gênerait les chantres du parti socialiste dans leur entreprise révolutionnaire, bien sûr, de bouleversement de l’ordre dominant et de libération de la jeunesse. Vous êtes prié(e)s de ne pas rire !
Et d’ailleurs, je n’ai pas envie de rire : j’ai commencé ma carrière d’enseignant au sortir de 68 et pendant les années de droite au pouvoir (sans doute un effet de ma jeunesse pimentée de naïveté) j’ai cru que la gauche si elle arrivait aux responsabilités pourrait mettre en œuvre ce que nous ne cessions de revendiquer, démocratisation, égalité, promotion de tous, un changement réel du système. Les années Mitterand n’ont rien donné … si ce n’est des cadeaux à l’enseignement privé. Les promesses de changements sont restées des promesses.
L’essentiel.
Mais tout aussi régulièrement a ressurgi le débat que l’on présentait comme emblématique, note/pas de note. Avec du côté des notes le ramassis des rétrogrades et des tenants du statu quo et du côté des pas-de-note les révolutionnaiirrres en tous genres. Je ne me suis jamais senti concerné parce que j’ai toujours été convaincu que l’essentiel de la politique scolaire est ailleurs.
Venons-en donc à l’essentiel, l’évaluation est une pièce maîtresse dans la formation, qu’elle soit sommative (chiffrée) ou formative (pas chiffrée), mais elle ne peut et ne doit intervenir qu’après un processus premier où les connaissances, les compétences se sont construites sous des formes multiples, en réponse à des attentes diverses, et ouvertes à tous les possibles ;  elles s’inscrivent dans des projets de vie où le jeune, sa famille, son entourage, doivent avoir la conviction qu’il s’agit là d’une liberté à construire, dans un univers souvent compliqué et hostile, avec des enjeux majeurs et pas seulement individuels. Elles ne sont pas indépendantes des conditions matérielles et des moyens donnés au service public, comme des perspectives d’insertion sociale.
Le réel nous rattrape toujours : la construction d’une personnalité, comme d’une culture, même si elles sont des projets enthousiasmants, ne sauraient se limiter à des parties de plaisirs. Il y a une joie d’apprendre, comme une joie d’enseigner. Mais elles ont leurs exigences. Bien au-delà de la seule lorgnette des notes ! 
Jean-Marie Philibert.

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