les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 24 mars 2015

le 9 avril



La grève
Le 9 avril sera un jour faste pour le monde du travail, une grève unitaire interprofessionnelle à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires peut donner le départ d’un renouveau syndical dont nous avons besoin.
Travailleuses, travailleurs, vous n’avez pas bien compris, ce que vous subissez chaque jour, les salaires qui n’augmentent jamais, la précarité qui atteint des sommets et qui ne cesse de poursuivre son ascension, le chômage dont on ne cesse de vous dire qu’il va baisser, qu’il baissera, qu’il baisserait si… les services publics fragilisés, les droits sociaux atteints de maladie grave,  les retraites de plus en plus riquiqui, la protection sociale attaquée, ce n’est pas l’austérité, non ! non ! C’est le secrétaire général de la CFDT qui le dit. Il ne dit pas que c’est de la justice sociale, mais presque, c’est de l’ajustement, de la modernisation sans doute. Un mauvais moment à passer. Visiblement la CFDT a choisi son camp : être du côté du manche, du pouvoir, du patronat.
Parce que lui le patronat ne peut que jubiler. C’est Byzance : 41 milliards d’euros d’aides diverses aux entreprises ont été accordées en échange de 50 milliards de réduction de dépenses publiques et sociales du pacte de responsabilité. Et bien sûr aucune contrepartie n’est demandée, vous n’y pensez pas. On fait même appel à Macron pour qu’il nous fasse une loi quoi en rajoute une couche pour travailler le dimanche, affaiblir les prudhommes, flexibiliser le code du travail.
Le syndicalisme qui résiste.
Bien heureusement il y a des organisations syndicales (pas le syndicalisme assis, l’autre, celui qui résiste !) qui ont encore les yeux en face des trous et des adhérents qui ne se laissent prendre pour des imbéciles : ces abandons sociaux sont devenus insupportables, ils minent la société, ils sapent ses fondements. Il est plus que temps d’y mettre un coup d’arrêt. Cela ne peut être fait que dans une démarche unitaire, interprofessionnelle, qui rassemble les travailleurs du privé, comme du public, les actifs comme les retraités, les précaires, comme les moins précaires, les organisés, comme ceux qui le sont moins. Ce ne sont pas là des mouvements faciles à organiser, l’éparpillement syndical pose des problèmes difficiles à surmonter. Il faut se convaincre de  l’efficacité de la lutte et de la nécessaire convergence des revendications. Il faut que chaque organisation se reconnaisse dans la démarche, dans les objectifs.
Deux éléments majeurs interviennent qui aident à une telle mobilisation : l’aspiration profonde du monde du travail à l’unité et au rassemblement et la conviction que les avancées sociales n’ont jamais été que le fruit de l’action des salariés, de leur détermination.
Pour le progrès social.
La CGT, FO, la FSU, Solidaires, la FAFP ont relevé le défi de cette unité, de cette construction de convergences pour stopper les dérives libérales échevelées dans lesquelles patronat et gouvernement nous entraînent, comme si c’était la seule voie possible. Le rejet massif de l’opinion publique, le développement des souffrances sociales, le rappel de quelques promesses électorales, rien n’y fait. La régression semble notre horizon indépassable alors que le capital et ses valets se gavent. Restent quelques semaines pour mener une intense campagne d’opinion pour rendre une telle initiative crédible. Pour renforcer la démarche unitaire, pour lui donner la forme d’une grève puissante en mesure d’ébranler  le culot du gouvernement et du patronat qui semblent croire que le monde du travail a perdu tout souvenir du progrès social.
Il est de l’honneur de ces cinq organisations d’avoir l’ambition de le remettre dans un paysage social : oui, des augmentations de salaires sont possibles, souhaitables et souhaitées, oui il est plus que jamais nécessaire d’améliorer les conditions de travail, oui il faut consolider la sécurité sociale et les régimes sociaux, oui il faut créer de vrais emplois, oui, il faut défendre, développer les services publics. oui il faut en finir avec les diktats européens qui ne prônent que l’austérité.
JMP

mardi 17 mars 2015

votons !



Aux urnes ? Oui ! Aux urnes !
Les campagnes électorales sont des moments privilégiés pour s’interroger, pour nous interroger sur les motivations qui vont nous conduire dans le secret de l’isoloir à choisir tel bulletin, plutôt que tel autre. Pour nous interroger sur la démocratie.
Qu’est-ce qui nous détermine ? S’il est sans doute difficile de répondre pour quelqu’un d’autre que soi, il est toujours possible d’observer comment ça marche, d’analyser les comportements. Ils ne sont pas toujours de la plus grande limpidité (ah ! l’humain et sa complexité), mais ils  obéissent quand même, souvent de façon désordonnée et aléatoire à des formes de rationalité, mais aussi d’atavisme.
Tentons quelques « cops d’escoumbre » pour y voir un peu moins sombre et pour dépoussiérer le débat.
Les bourreurs de crânes
D’abord, d’abord ! Aussi loin que l’on puisse remonter dans le suffrage universel, c’est en fait une histoire toute récente,  nous allons rencontrer des personnages aujourd’hui bien connus que nous appellerons les bourreurs de crânes : ils ont le verbe facile, ils ont réponse à tout, ils savent ce que vous ne savez pas,  ils côtoient les puissants dont ils sont les valets serviles. Aujourd’hui ils officient sur les petits écrans, ils parlent dans le poste pour dire presque tous la même chose à grands renforts de sondages. « La crise on n’y peut rien, l’état dépense trop, les services publics nous plombent, la droite et la gauche, c’est presque pareil, le fn se dédiabolise, le chômage, il faut vivre avec, l’entreprise doit être libérée et ses chefs sont les nouveaux héros des temps modernes ». Enfin cerise sur le gâteau, ils nous font régulièrement comprendre qu’on peut toujours voter, ça ne changera pas grand-chose. La preuve, par Hollande.
Parmi ces bourreurs-là, vous aurez beaucoup de mal à trouver la moindre parcelle de conscience révolutionnaire, progressiste, transformatrice, émancipatrice. Ils ne sont pas là où ils sont pour ça. Ils n’y sont que pour empapaouter le suffrage universel : ils n’aiment rien tant que l’abstention parce qu’elle rend plus aisées leurs manipulations et qu’elle manifeste un désintérêt pour la démocratie qui leur sied à merveille. En d’autres temps on aurait parlé d’idéologie dominante.
Nous y baignons
C’est dans ce bain-là que les candidats candidatent, qu’ils cherchent à faire de la politique, comme on dit, à avancer des propositions, à construire des courants d’opinions qui auront d’autant plus de mal à s’imposer qu’ils s’écarteront du moule des bourreurs de crânes, ce qu’ils éviteront consciencieusement. Il y faut de l’appétit, du courage, de l’ambition. Il y faut une bonne image, du naturel, mais pas trop. De la proximité, du contact… pour le toquemanette, c’est incontournaple. Une équipe, dont on sera le leader. Et la certitude que l’on est meilleur que tous les autres réunis.
Et puis il est nécessaire d’avoir quelque chose qui ressemble à un programme, mais jamais trop contraignant. « Je ferai dans le social, j’aiderai l’économie, je défendrai les services publics, je n’oublierai pas les jeunes, les vieux et tous les autres aussi, je serai à l’écoute. »
Un discours de vérité est-il possible ?
 Voilà la tambouille qui semble faire de moins en moins recette, parce qu’il est bien difficile d’y entendre un discours de vérité. Les candidats du Front de gauche, ceux du parti communiste, à ces élections départementales, relèvent le défi : ils tentent de faire leur possible pour convaincre les électeurs  que l’abstention est mortifère pour la démocratie, que le vote lepéniste se nourrira de leur exaspération et y répondra par encore plus d’exaspération, en développant des haines sociales et raciales, portes ouvertes sur toutes les dérives, qu’il n’y a d’espoir et d’efficacité que dans une démarche progressiste, transformatrice, fondée sur la justice, la solidarité, qu’il est plus que temps de réorienter notre politique économique pour donner à tous ceux qui en manquent cruellement du travail, du pouvoir d’achat, des raisons de vivre  une vraie vie. Enfin ! Il y a urgence !
Aux urnes, citoyens !
Jean-Marie Philibert.

lundi 9 mars 2015

élections surréalistes



Ne pas renoncer !
Le gouvernement en mettant en œuvre les élections départementales auxquelles nous allons participer dans quelques jours invente une nouvelle démocratie que nous pourrions appeler la démocratie surréaliste. Les surréalistes adoraient Fantômas, nous, nous allons voter pour des fantasmes.
En effet nous allons élire des conseillers départementaux sur des zones redéfinies avec tellement de soin et d’attention qu’en ce qui me concerne je n’ai pas encore compris quelle était ma zone à moi, puisque la ville a été redécoupée en une myriade de confettis, mais soit, ce n’est pas là l’essentiel du problème. 
Le cœur de la question  est que je suis amené à choisir des élus pour des tâches  qui ne seront plus celles des conseils généraux, puisque la réforme territoriale est passée par là, mais dont aucune n’a été définie. S’agira-t-il de s’occuper des affaires scolaires, de la politique sociale,  des handicapés, des personnes âgées, des jeunes, des petits enfants, de l’aménagement du territoire, des routes,  des services de secours, des questions de santé, du logement, de l’urbanisme, de rien, peut-être, un peu de tout pourquoi pas ?… Mystère ! Personne n’en sait rien et je comprends la difficulté des candidats à faire un programme  pour tout et rien à la fois. C’est la politique de Gribouille, plus j’avance et plus je t’embrouille.
Les formes
Mais cela n’a pas l’air de trop déranger le gouvernement qui s’attend de toute façon à une déculottée sereine. Ne pas dire clairement aux citoyens pour quoi ils vont voter, c’est refuser de les prendre pour ce qu’ils sont, ou devraient être, de vrais citoyens dignes d’être éclairés, informés et responsables. Avec ces élections départementales la démocratie en prend un coup sur la patate et nous aussi sûrement. Certes il y aura des candidats, des sigles, des bureaux de vote, des dépouillements. Les formes seront respectées. Mais le fond de la chose, l’essence de la démocratie, l’éducation toujours plus exigeante du citoyen, à la trappe ! Le sens du vote à la trappe !
Le comble
Et le comble, c’est le rôle joué dans ce concert d’absurdités et d’ignorance par les grands pontes du journalisme, par les grands organes de presse, par les penseurs patentés du petit écran, par les donneurs de leçon de la bienpensance : ils sont rares à voir où le bât blesse, ils ne suivent sans doute pas très bien l’actualité, ils n’ont pas vu passer la réforme territoriale. Et pour cause, elle est en rade, pour le moment ! Et puis c’est trop technique, ça n’intéresse personne,  c’est politique ; beurk !  Ça ne vaut pas la peine d’en parler. Une émission en prime time consacrée  à ces élections, vous n’y pensez pas.
Le refoulé
Par contre  les sondages favorables au FN, les campagnes islamophobes, ça c’est pain bénit. Tout le monde comprend très vite, il suffit de réactiver les vieux réflexes et le racisme ambiant. Ça fout les jetons, ça fait vendre, c’est le feuilleton du jour, Marine à tant de pour cent, aux portes de ci et de ça, ils en parlent tellement que le docteur Freud pourrait dire  qu’il y a du refoulé là-dedans, et que les mots ayant toujours du sens, c’est ce qu’ils souhaitent, ce que souhaitent ceux qui les paient. Ne seraient-ils que des valets complaisants ?
Même Manuel Valls s’y met, à nous faire peur, avec des houla-lala, avec des tremolos dans la voix, mais sans le moindre infléchissement politique qui pourrait conduire le peuple à se reconnaître enfin dans une politique de gauche digne de ce nom. Il annonce même qu’après les élections ce sera comme avant.
La foi du charbonnier
Il faut la foi du
 charbonnier des cocos pour ne pas renoncer,  pour tenter de faire émerger de cet océan fort peu démocratique une parole d’espoir et de changement dans le sens d’une justice sociale refondée, dans une gauche  qui devrait avoir comme premier souci d’exprimer sa singularité au service de ceux qui travaillent ou qui souhaiteraient pouvoir le faire, dans une vie moins rude et dure, dans des perspectives de progrès. C’est peu dire qu’ils ont besoin de tout notre soutien.
Jean-Marie Philibert.