RESISTANCE !
70 ans, c ‘est largement l’âge d’être grand-père, c’est déjà
le temps de l’histoire. Celle d’un temps révolu dont nous tentons de garder la
mémoire : nous nous rendons compte très vite que la reconstitution de ce
passé ne va pas sans poser des problèmes de toutes sortes. Et pourtant la
période n’est pas si lointaine : les traces laissées dans les mémoires
collectives, familiales, individuelles sont encore prégnantes. Dans ce billet
d’humeur, je vais innover quelque peu en me détournant pendant ces quelques
lignes des commentaires habituels, acerbes ou ironiques de l’actualité pour
laisser parler le passé. Il aura la voix de Georges Sentis qui vient de
« commettre » un nouveau livre LE MASSIF DU CANIGOU ET SON PIEDMONT
HAUT LIEU DE LA RESISTANCE 1939/1945.
« L’ancrage
autour du Canigou est en partie mythique, il tient au fait que personne n’est
capable faire une histoire de la résistance sur l’ensemble des P.O. Il y a
encore énormément de zones d’ombres, en particulier sur tout ce qu’est la
résistance non communiste, sur le mouvement Libération, on ne sait rien, il n’y
a pas d’études sur le maquis de Rabouillet… par exemple que peut-on dire sur
Latcha qui fut nommé préfet à la libération, vrai patriote, ou Papon
local ? Evoquer le piedmont du Canigou permet de ne pas parler que des
maquis, car la résistance, c’est aussi celle des légaux…La résistance, c’ est
aussi la lutte politique…
Les passeurs
Une
activité importante que l’on connaît mal concerne le passage de la frontière.
Il y a les passages spontanés et puis des réseaux structurés qui font transiter
personnes et courriers. Ce travail est en grande partie sous-estimé : une
très grande partie du courrier en direction de Londres et venant de toute la France passait par les
P.O. avec des relais en Espagne. Ces réseaux vont entraîner l’entrée dans la
résistance de toutes une série de responsables, fonctionnaires, policiers, des
patriotes, souvent giraudistes…
Dans ce
département républicain, à gauche, l’invasion de la zone sud et le STO rendent
de plus en plus difficile le soutien au double jeu de Pétain, d’où en 42, un
moment clef, le basculement vers la résistance d’une partie de l’opinion et en
face la radicalisation du camp pétainiste. Un signe : le développement de
la milice à Perpignan et la création d’une prison dans ses locaux…
Les maquis
Monter au
maquis n’est le fait que d’une petit minorité, les plus gros avant la fin du
printemps 44, ne rassemblent que 15 à20 personnes, ils sont situés loin des
populations, il n’y a pas vraiment de chef. Les FTP sont plus structurés mais
ce sont des structures lâches … des lieux de planque. Ce n’est qu’à partir du
débarquement en Normandie que l’on verra une levée en masse, toute relative
d’ailleurs, pour attaquer frontalement les allemands. Le grand maquis du
Canigou rassemblera alors une centaine d’hommes. Ils seront rejoints par des
guérilleros espagnols qui pensent déjà à la Reconquista…
Quelques
animateurs de cette époque dont on n’a peut-être pas assez parlé :
Piquemal de Céret, grand passeur, Sébastien Riu organisateur des FTP dans le
Conflent, Marie Gouell, arlésienne et agent de liaison qui sera la seule femme
à monter au maquis du Canigou et qui à la Libération deviendra à 20 ans premièr
adjoint au maire d’Arles…
A la
Libération la lutte pour le pouvoir a été plus complexe qu’on ne l’a dite, dans
une rivalité socialistes-communistes, mais aussi avec une grande division au sein des socialistes entre
Fourquet et Noguères… »
Ces propos de Georges Sentis ne rendent compte que d’une
petite partie des informations que vous pourrez trouver dans son ouvrage à la
lecture duquel je vous renvoie. Il aide à l’élaboration d’une vérité historique
sur un temps qui garde encore quelques-uns de ses secrets.
Il évoque des moments
difficiles, douloureux, où des femmes, des hommes, malgré l’oppression, les pénuries, les menaces, les
arrestations, le fascisme, les divisions, l’impression qu’aucun avenir n’est
possible ont su combattre courageusement. Les leçons de lucidité et d’optimisme
sont rares : autant ne pas s’en priver.
Jean-Marie Philibert.
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