les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 4 mars 2015

le canigou et la résistance



RESISTANCE !
70 ans, c ‘est largement l’âge d’être grand-père, c’est déjà le temps de l’histoire. Celle d’un temps révolu dont nous tentons de garder la mémoire : nous nous rendons compte très vite que la reconstitution de ce passé ne va pas sans poser des problèmes de toutes sortes. Et pourtant la période n’est pas si lointaine : les traces laissées dans les mémoires collectives, familiales, individuelles sont encore prégnantes. Dans ce billet d’humeur, je vais innover quelque peu en me détournant pendant ces quelques lignes des commentaires habituels, acerbes ou ironiques de l’actualité pour laisser parler le passé. Il aura la voix de Georges Sentis qui vient de « commettre » un nouveau livre LE MASSIF DU CANIGOU ET SON PIEDMONT HAUT LIEU DE LA RESISTANCE 1939/1945.
« L’ancrage autour du Canigou est en partie mythique, il tient au fait que personne n’est capable faire une histoire de la résistance sur l’ensemble des P.O. Il y a encore énormément de zones d’ombres, en particulier sur tout ce qu’est la résistance non communiste, sur le mouvement Libération, on ne sait rien, il n’y a pas d’études sur le maquis de Rabouillet… par exemple que peut-on dire sur Latcha qui fut nommé préfet à la libération, vrai patriote, ou Papon local ? Evoquer le piedmont du Canigou permet de ne pas parler que des maquis, car la résistance, c’est aussi celle des légaux…La résistance, c’ est aussi la lutte politique… 
Les passeurs
Une activité importante que l’on connaît mal concerne le passage de la frontière. Il y a les passages spontanés et puis des réseaux structurés qui font transiter personnes et courriers. Ce travail est en grande partie sous-estimé : une très grande partie du courrier en direction de Londres  et venant de toute la France passait par les P.O. avec des relais en Espagne. Ces réseaux vont entraîner l’entrée dans la résistance de toutes une série de responsables, fonctionnaires, policiers, des patriotes, souvent giraudistes…
Dans ce département républicain, à gauche, l’invasion de la zone sud et le STO rendent de plus en plus difficile le soutien au double jeu de Pétain, d’où en 42, un moment clef, le basculement vers la résistance d’une partie de l’opinion et en face la radicalisation du camp pétainiste. Un signe : le développement de la milice à Perpignan et la création d’une prison dans ses locaux…
Les maquis
Monter au maquis n’est le fait que d’une petit minorité, les plus gros avant la fin du printemps 44, ne rassemblent que 15 à20 personnes, ils sont situés loin des populations, il n’y a pas vraiment de chef. Les FTP sont plus structurés mais ce sont des structures lâches … des lieux de planque. Ce n’est qu’à partir du débarquement en Normandie que l’on verra une levée en masse, toute relative d’ailleurs, pour attaquer frontalement les allemands. Le grand maquis du Canigou rassemblera alors une centaine d’hommes. Ils seront rejoints par des guérilleros espagnols qui pensent déjà à la Reconquista…
Quelques animateurs de cette époque dont on n’a peut-être pas assez parlé : Piquemal de Céret, grand passeur, Sébastien Riu organisateur des FTP dans le Conflent, Marie Gouell, arlésienne et agent de liaison qui sera la seule femme à monter au maquis du Canigou et qui à la Libération deviendra à 20 ans premièr adjoint au maire d’Arles…
A la Libération la lutte pour le pouvoir a été plus complexe qu’on ne l’a dite, dans une rivalité socialistes-communistes, mais aussi avec une  grande division au sein des socialistes entre Fourquet et Noguères… »
Ces propos de Georges Sentis ne rendent compte que d’une petite partie des informations que vous pourrez trouver dans son ouvrage à la lecture duquel je vous renvoie. Il aide à l’élaboration d’une vérité historique sur un temps qui garde encore quelques-uns de ses secrets.
 Il évoque des moments difficiles, douloureux, où des femmes, des hommes, malgré  l’oppression, les pénuries, les menaces, les arrestations, le fascisme, les divisions, l’impression qu’aucun avenir n’est possible ont su combattre courageusement. Les leçons de lucidité et d’optimisme sont rares : autant ne pas s’en priver.
Jean-Marie Philibert.

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