Aux
urnes ? Oui ! Aux urnes !
Les campagnes électorales sont des moments privilégiés pour
s’interroger, pour nous interroger sur les motivations qui vont nous conduire
dans le secret de l’isoloir à choisir tel bulletin, plutôt que tel autre. Pour
nous interroger sur la démocratie.
Qu’est-ce qui nous détermine ? S’il est sans doute
difficile de répondre pour quelqu’un d’autre que soi, il est toujours possible
d’observer comment ça marche, d’analyser les comportements. Ils ne sont pas
toujours de la plus grande limpidité (ah ! l’humain et sa complexité),
mais ils obéissent quand même, souvent
de façon désordonnée et aléatoire à des formes de rationalité, mais aussi
d’atavisme.
Tentons quelques « cops d’escoumbre » pour y voir
un peu moins sombre et pour dépoussiérer le débat.
Les
bourreurs de crânes
D’abord, d’abord ! Aussi loin que l’on puisse remonter
dans le suffrage universel, c’est en fait une histoire toute récente, nous allons rencontrer des personnages
aujourd’hui bien connus que nous appellerons les bourreurs de crânes : ils
ont le verbe facile, ils ont réponse à tout, ils savent ce que vous ne savez
pas, ils côtoient les puissants dont ils
sont les valets serviles. Aujourd’hui ils officient sur les petits écrans, ils
parlent dans le poste pour dire presque tous la même chose à grands renforts de
sondages. « La crise on n’y peut
rien, l’état dépense trop, les services publics nous plombent, la droite et la
gauche, c’est presque pareil, le fn se dédiabolise, le chômage, il faut vivre
avec, l’entreprise doit être libérée et ses chefs sont les nouveaux héros des
temps modernes ». Enfin cerise sur le gâteau, ils nous font
régulièrement comprendre qu’on peut toujours voter, ça ne changera pas
grand-chose. La preuve, par Hollande.
Parmi ces bourreurs-là, vous aurez beaucoup de mal à trouver
la moindre parcelle de conscience révolutionnaire, progressiste,
transformatrice, émancipatrice. Ils ne sont pas là où ils sont pour ça. Ils n’y
sont que pour empapaouter le suffrage universel : ils n’aiment rien tant
que l’abstention parce qu’elle rend plus aisées leurs manipulations et qu’elle
manifeste un désintérêt pour la démocratie qui leur sied à merveille. En
d’autres temps on aurait parlé d’idéologie dominante.
Nous y
baignons
C’est dans ce bain-là que les candidats candidatent, qu’ils
cherchent à faire de la politique, comme on dit, à avancer des propositions, à
construire des courants d’opinions qui auront d’autant plus de mal à s’imposer
qu’ils s’écarteront du moule des bourreurs de crânes, ce qu’ils éviteront
consciencieusement. Il y faut de l’appétit, du courage, de l’ambition. Il y
faut une bonne image, du naturel, mais pas trop. De la proximité, du contact…
pour le toquemanette, c’est incontournaple. Une équipe, dont on sera le leader.
Et la certitude que l’on est meilleur que tous les autres réunis.
Et puis il est nécessaire d’avoir quelque chose qui ressemble
à un programme, mais jamais trop contraignant. « Je ferai dans le social, j’aiderai l’économie, je défendrai les
services publics, je n’oublierai pas les jeunes, les vieux et tous les autres
aussi, je serai à l’écoute. »
Un discours
de vérité est-il
possible ?
Voilà la tambouille
qui semble faire de moins en moins recette, parce qu’il est bien difficile d’y
entendre un discours de vérité. Les candidats du Front de gauche, ceux du parti
communiste, à ces élections départementales, relèvent le défi : ils
tentent de faire leur possible pour convaincre les électeurs que l’abstention est mortifère pour la
démocratie, que le vote lepéniste se nourrira de leur exaspération et y
répondra par encore plus d’exaspération, en développant des haines sociales et
raciales, portes ouvertes sur toutes les dérives, qu’il n’y a d’espoir et
d’efficacité que dans une démarche progressiste, transformatrice, fondée sur la
justice, la solidarité, qu’il est plus que temps de réorienter notre politique
économique pour donner à tous ceux qui en manquent cruellement du travail, du
pouvoir d’achat, des raisons de vivre
une vraie vie. Enfin ! Il y a urgence !
Aux urnes, citoyens !
Jean-Marie Philibert.
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