les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan
Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent
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J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent
mercredi 27 mai 2015
lundi 25 mai 2015
Feu, le Centre del Mon !
Feu, le
Centre del Mon !
C’était un lieu promis au plus brillant avenir, ses
promoteurs, ses inventeurs, ses financiers y voyaient des occasions inespérées
de faire des sous (une rentabilité à 12 % lit-on dans la presse régionale).
L’équipe municipale, Jean-Paul Alduy, en tête, était persuadée d’avoir là le
projet qui sortirait la ville de la situation moyenâgeuse dans laquelle des décennies de gestion clientéliste
l’avaient enlisée. Grâce au TGV, et à sa nouvelle gare, Barcelone allait
devenir la banlieue de PERPIGNAN et les Barcelonais allaient se répandre en
grappes joyeuses et animées tout au long de l’avenue Général de Gaulle
pour faire du centre-ville un lieu d’effervescence
culturelle, commerciale et festive. Comme les ramblas de Barcelone. Le
rêve !
Une œuvre
architecturale et urbanistique
Il est vrai que la visite de Salvador Dali, il y a plus de
trente ans, pour faire de la gare de PERPIGNAN le centre du monde avait été un
signe prémonitoire que là où la paranoïa critique du grand maître du
surréalisme passait les dollars ne pouvaient que pousser. Et tout le monde ou
presque d’y croire et d’investir dans un quartier qui, pour être populaire et
sympathique, n’en restait pas moins un peu à l’écart du cœur de la ville. Pour attirer le chaland, le séculaire et
sinistre tunnel qui passait sous la gare fut transformé en pimpante galerie
commerciale. L’agglo a construit un
gratte-ciel presque digne de Manhattan en face de la nouvelle gare pour abriter
ses services et du haut de ses étages Jean-Paul Alduy, grand prêtre de l’agglo,
pouvait admirer la puissance de son oeuvre architecturale et urbanistique.
Saint A n’était plus Saint-A, le miracle allait opérer. La grandeur perpignanaise
avait là un écrin où elle pourrait exprimer tous les potentiels dont elle est
porteuse. Foi de Jean-Paul !
Quitter un
navire qui coule
Les grincheux qui émettaient quelques doutes étaient envoyés
dans les cordes : les retards de la mise en œuvre de la ligne TGV, les
lenteurs récurrentes des décisions,
l’importance des investissements sur des projets fantasmatiques, les
administrations qui devaient presque toutes se concentrer autour de la gare,
mais qui ne bougeaient pas, les difficultés de circulation, de stationnement,
billevesées !
Mais malheureusement le principe de réalité s’est
imposé : tout, progressivement, mais sûrement, s’est mis à foirer. Les
commerçants ont vite compris qu’on les avait pris pour des imbéciles et que la
meilleure des choses etait de quitter un navire qui coule. Et c’est ce qu’ils
font, les commerces ont quasiment disparu, les clients aussi.
Les voyageurs ne font que passer le plus rapidement possible.
Les deux gares sont plus tristes, l’une que l’autre, elles font plus penser à
Kafka qu’à Dali. Le propriétaire des
lieux, une entreprise espagnole, dans un éclaire de lucidité, a enfin compris
qu’elle s’était fait avoir. Les financiers aussi font des bêtises. Il veut
vendre… et cherche un acheteur. Bon courage au couillounet qui va se laisser
prendre à l’hameçon.
Le maire actuel de PERPIGNAN, Jean-Marc Pujol, qui était
pourtant dans l’équipe qui a tout décidé, voudrait faire porter le chapeau à
Metrovacesa, l’entreprise espagnole qui aurait été trop gourmande ;
peut-être même qu’il va profiter de l’occasion pour dire du mal de son
prédécesseur. Mais il ne veut pas mouiller la ville, ni l’agglo ; lui, le
roi de la pression fiscale, abonné aux projets somptuaires, a enfin compris que son escarcelle est vide.
Il n’a plus qu’une solution : « Courage, fuyons ! »
Jean-Marie PHILIBERT.
dimanche 17 mai 2015
les cortex ont parlé
Les cortex de Fidel et de
François ont parlé.
Dans
les rencontres entre les grands ( enfin ceux qui se croient tels) de ce monde,
il y a l’image, le face à face, un peu de trois quarts souvent, la poignée de
mains, l’air plus ou moins content de se
rencontrer et les sourires ou les gueules allongées qui vont avec, le regard fixé sur l’objectif pour bien marquer
que l’on est conscient de la gravité du moment et qu’il faut témoigner pour
l’histoire. Et puis il y a ce que l’on se dit officiellement, souvent avec
l’aide de traducteurs qui légèrement en retrait se doivent de ne rien perdre,
de ne rien trahir de ce qui s’exprime, y compris toutes les nuances
diplomatiques de rigueur. Il peut y avoir aussi ce que l’on ne se dit pas
directement, mais que l’on sous-entend au détour d’une phrase. Il y aura
ensuite officiellement ce que l’on a dit que l’on s’est dit, avec parfois
quelques nuances et quelques coups de piques. Il y aura même des commentaires
sur l’ambiance chaleureuse, guindée, glaciale (au choix) de la rencontre, sur
les promesses ou l’absence de promesses dont elle est porteuse.
Mais
il n’y a jamais ce que les protagonistes ont pu penser, ressentir face à leur
interlocuteur, les jugements intérieurs qu’ils ont pu émettre, les émotions
qu’ils ont pu ressentir. Leurs monologues intérieurs resteront les faces
cachées de ces rencontres historiques que seules des livres de mémoires
sincères lèveront bien des années plus tard.
Nous tairons nos sources.
Eh
bien dans le cadre de la rencontre entre Fidel Castro et François Hollande qui
a eu lieu la semaine dernière à la Havane, le TC qui ne recule devant rien, par
un procédé que nous ne dévoilerons pas (nous avons, nous aussi, le droit de protéger
nos sources) a eu accès aux pensées intimes des deux protagonistes. Une plongée
en direct live dans les cortex de Fidel et de François.
Commençons
par le cortex de François «François tu te
rends compte, devant toi, Fidel, le lider maximo, celui qui a chassé
l’impérialisme de sa petite île, le copain du Che, celui qui a donné des
migraines aux amerlocs, celui qui a incarné les espoirs d’un peuple et même
au-delà… Moi qui n’incarne que les désespoirs du mien ! Courage, François,
montre-toi à la hauteur ! C’est dur ! Il a connu la clandestinité,
les combats armés, les pétarades des mitraillettes, l’insurrection populaire,
la liesse du peuple qui se libère d’un dictateur. Il a su parler à ce peuple
jusqu’à incarner le visage de la
revolucion… Tiens ! Tiens ! Il ne me dit rien du mal que j’ai pu dire
de lui il y a quelques années. Il ne se moque pas des mots « gauche »
et « socialiste » que chez nous nous utilisons à tort et à travers.
Le maximo … et
le minimo
Il ne me donne aucune leçon
sur ce que je devrais faire en France, par contre il semble très bien connaître
les souffrances et les sacrifices de son peuple et, avec son frère-président,
il veut s’y attaquer en sortant du conflit permanent avec Washington … Il est
plus très jeune, il est marqué par les épreuves de la vie, mais quelle
vitalité ! Il me faudrait lui demander s’il a un traitement médical
spécifique, je pourrais le prendre, moi qui suis bien plus jeune, mais mou…
mais mou… Il n’y a que les virées le soir en scooter qui me requinquent un peu…
Moi le lider minimo !»
Fidel
est volubile. Son cortex vibre sec ! Il peut parler et penser à la fois,
il aime rire sous cape : « Caramba !
Il s’appelle Hollande et il représente la France, no comprendo ! ha !
ha ! pas étonnant qu’il ne la connaisse pas bien ! C’est une erreur de casting : il ne
semble pas tout à fait au niveau. En France, ils ont souvent de bonnes idées,
mais ils n’ont pas toujours les politiques qui vont avec. Ils parlent beaucoup
de revolucion, palabras… solo palabras !
Un petit côté hijo
de…
Lui, le François n’en parle même pas. Il chauffe la
place ! Il a l‘air gentil, mais il a un petit côté « hijo de… »
Il vient de faire ami-ami avec le roi-facho, mais plein de tunes, de l’Arabie Saoudite, deux jours après il
fait ami-ami avec moi. On dirait qu’il a la conscience dans les chaussettes et
qu’il a appris la politique par correspondance. Il confond même le PC et le
FN : je me demande s’il a vraiment compris que tous les gouvernements ne
sont pas faits pareil, qu’il y a des progressistes, des qui veulent changer le
monde, la société, des qui veulent la justice, l’égalité et des gouvernements
qui s’en tamponnent le coquillard de ces choses-là. Lui on dirait qu’il est du
côté des tamponneurs de coquillard… mais qu’il n’ose pas le dire… Un grand
timide sans doute… Caramba, ils sont pas sortis de la mierda, les
Français… »
Jean-Marie
Philibert
lundi 11 mai 2015
dissipons
Dissipons
le brouillard
Les débats qui entourent la commémoration de la victoire du 8
mai 1945 ne sont pas clos : c’est le moins que l’on puisse dire. Et chaque
commémoration amène son lot de polémiques multiples et avariées sur le rôle des
différents acteurs, sur leurs mérites respectifs, sur le rôle de l’armée rouge, sur celui des
Américains, des Britanniques, des Français, de De Gaulle, de la Résistance, sur
les lâchetés, les turpitudes, les trahisons qui n’ont pas manqué pendant les
années de guerre. J’ai comme le sentiment que personne n’a envie ( ?), ni
intérêt (?) à sortir ces années du brouillard qui semble s’opacifier avec le
temps. Au point que l’on pourrait avoir le sentiment que le peuple français a
perdu la mémoire.
A Beziers
le brouillard n’est pas dissipé
Car comment comprendre les suffrages apportés par des
millions d’électeurs au Front National (même dédiabolisé), au racisme dont il
se nourrit, au pétainisme dont il est une résurgence, au fascisme dont il
aimerait oser reprendre le flambeau, mais il n’ose pas tout à fait, à
l’obscurantisme intégral dont il est le pourvoyeur, sans une très grave
atteinte à l’intégrité de notre mémoire. Nous avons connu l’horreur, nous l’avons
oubliée, nous en redemandons.
Ce ne sont pas les cavalcades organisées, à Canet ou à
Saint-Cyprien, à grands renforts de véhicules américains, le 8 mai, qui vont
permettre des progrès fulgurants de notre mémoire : peut-être
accréditeront-elles l’idée que le salut n’est venu que de l’ouest et que nous
devons tout et le reste à l’oncle Sam.
Gommons les
aspérités de l’histoire.
Ce ne sont pas les projets de réforme des programmes des
collèges à laquelle travaille la ministre Vallaud-Belkacem qui vont renforcer
l’enseignement de l’histoire : toujours plus de flou artistique,
d’interdisciplinarité bouche-trou, d’horaires réduits. Alors que les
collégiens, les lycéens portent un intérêt constant à cette période et ne
rechignent jamais à faire les efforts nécessaires pour en comprendre la
complexité et les enjeux. Mais il faut gommer les aspérités de l’histoire,
surtout si elles avaient « le malheur » de donner aux jeunes une
certaine idée de la nation, de son indépendance, de la liberté à préserver pour
bâtir une vraie démocratie au service des peuples (pas l’usine à gaz de la
construction européenne).
Ce ne sont pas les media qui feront progresser les
consciences, même si quelques bonnes émissions nous rappellent à propos la
réalité de ces temps difficiles, mais le plus souvent le pittoresque et
l’émotion prennent le pas sur la compréhension. La nature du nazisme, du
fascisme, le principe d’une supériorité absolue d’une minorité d’hommes sur des
bases raciales et de l’incontournable asservissement de tous les autres, le
refus de toute humanité partagée, le pouvoir barbare et sauvage qui s’arroge
tous les droits et enfin la collusion avec le pouvoir de l’argent, avec le
patronat et la grande bourgeoisie qui, avec un tel allié, peuvent se permettre
ce dont ils ne cessent de rêver : l’exploitation sans vergogne de toutes
les forces de travail.
Que
d’atermoiements !
C’est encore plus vrai quand on tente d’examiner les luttes
qui ont permis l’issue victorieuse du 8 mai 45 : ne parlons pas de la
promptitude (momolle) des grands pays à venir au secours des Français et des
Anglais, évoquons pour mémoire les rivalités pour imposer un leadership aux
pays libres, taisons les prétentions à prendre la main sur des empires coloniaux encore conséquents.
Mais observons attentivement les atermoiements à organiser le combat des
peuples, les petites (et les grandes) complaisances avec l’occupant, l’excuse
d’une collaboration largement répandue, les entraves mises sur le chemin de
l’unité des forces de résistances, les réticences à fournir des armes à ceux
qui voulaient combattre à l’intérieur, l’utilisation forcenée de
l’anticommunisme, et on aura vite compris qu’il a fallu faire des miracles pour
aboutir.
Ces
miracles ont des noms
Ils s’appellent unité populaire, rassemblement de tous ceux
qui ont la liberté et la démocratie chevillées au corps. Ils s’appellent aussi
lutte des classes : le creuset où s’est enracinée la résistance est à
l’image des mineurs du Pas de Calais qui dès 1941 se mettaient en grève contre
l’occupant. Ils s’appellent construction d’un avenir et des conditions d’une
vraie libération : elles se déclinent dans le programme du Conseil
National de la Résistance. Et elles ne cessent de porter des fruits à travers
la construction d’un état social que, des décennies plus tard, les
réactionnaires de tous poils rêvent d’abattre.
La leçon du 8 Mai est sans cesse à réapprendre : d’où le
brouillard savamment entretenu.
Jean-Marie Philibert
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