les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 2 mai 2015

Toulouse par KO



Les Montaigu de Toulouse seront-ils plus forts que les Capulet de Montpellier ?


 La réforme territoriale est à l’image de l’ensemble de la politique gouvernementale : à part sur les rapports avec la finance et le patronat où tout est au beau fixe et où le roman d’amour ne semble pas près de se terminer, pour tout le reste, c’est l’embrouille, les faux semblants, les promesses qui n’engagent que ceux qui veulent y croire, la poudre aux yeux, les changements qui ne changent rien, mais en proclamant haut et fort que l’on est sur le bon chemin. Ainsi donc de la réforme territoriale ! On vient d’élire des conseils départementaux dont on attend encore que les compétences soient clairement définies. On va élire des conseils régionaux dont on a redécoupé certaines des frontières, pas toutes, et pas toujours avec la même cohérence, on cherche des capitales pour certaines d’entre elles, on leur cherche même un nom. Ici on tient compte de la géographie, là on tient compte de l’histoire, ailleurs de rien du tout. On cache sous de grandes argumentations, des enjeux étroitement politiciens (comment s’éviter une nouvelle déculottée ?). On divise pour mieux (ou moins mal) régner.
Une nouvelle féodalité
On tente de réinventer une féodalité et sa kyrielle de barons locaux. On prétexte une réforme de l’état, en fait c’est la démocratie qui trinque en éloignant les centres de décision.
En ce qui nous concerne, une nouvelle guerre provinciale est en préparation pour décrocher la timbale entre les Montaigu de Toulouse et les Capulet de Montpellier : elle s’inscrira dans la lignée des conflits qui ont ensanglanté nos provinces pendant des siècles. Et se fera sur notre dos !
L’objet du litige : quelle sera la capitale du nouveau comté du Sud qui va s’étendre des pieds des Pyrénées aux portes de la Camargue en passant tout près des monts d’Auvergne ? C’est un territoire immense, divers, riche de son soleil et de ses terres prolifiques, recherché pour la douceur de son climat et son art de vivre. Questions subsidiaires, mais d’importance : quel sera son nom ? Et de quel titre nobiliaire profitera le leader maximus du coin ? Grand manitou du sud ? Prince de la Garonne ?  Petit roi  du Languedoc ?
Montpellier, la capitale de quelque chose, ou de rien du tout
A l’évocation de ces questions, le fantôme de Georges Frêche (lui qui s’était rêvé en Imperator de la Septimanie) agite fébrilement ses chaînes et n’arrête pas de pester contre ses camarades socialistes qui détruisent d’un trait de plume ce qu’il considérait comme l’œuvre de sa vie : avoir fait de Montpellier la capitale de quelque chose. Patatrac ! Tout s’effondre et ses petits copains socialistes ont vendu leur âme pour un plat de lentilles.
Le gouvernement, toujours courageux, dit ne pas avoir arrêté son choix, mais il demande au Préfet de Midi-Pyrénées, à la directrice de l’ARS de Midi-Pyrénées… et à la Rectrice de Toulouse de préparer la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Tout pour Toulouse ! Pour Montpellier… du baume sur des plaies ouvertes et des Services publics réduits à la portion congrue, malgré les rodomontades du Maire de Montpellier : « Je ne laisserai pas la grande région et Solferino tenir en laisse la métropole de Montpellier. »
Le Roussillon à la trappe
Quant à notre département, le Roussillon du Languedoc-Roussillon, c’est silence radio, c’est sans doute l’inexistence programmée. Nous étions au bout du bout du sud, nous y resterons un peu plus, dans l’anonymat, dans les records de chômage, de précarité, de pauvreté pour le plus grand nombre. Le conflit des Montaigu et des Capulet nous passe au-dessus de la tête et l’aménagement de notre département sera le cadet de leurs  soucis.
Il dépendra de notre capacité à nous battre pour défendre notre économie, nos services publics, notre culture… Ce ne fut jamais simple avec Montpellier, cela le sera sans doute encore moins avec Toulouse. Mais l’histoire a montré notre faculté à faire face pour préserver une identité qui nous constitue et une terre qui nous nourrit.
Jean-Marie Philibert.

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