Envie …
Cette remarque d’un représentant d’un parti du Front de
gauche à propos des résultats des élections régionales concernant
l’électorat : « …On ne leur a pas donné envie ! » …
Un représentant socialiste aurait pu dire la même chose,
quant à Sarkozy, il se moque des envies des autres, la seule qui compte, c’est
la sienne.
La seule à donner envie, à en croire les résultats, c’est
l’extrême droite. Elle donnait envie à tant de gens qu’il a fallu pour les
empêcher de décrocher le pompon que beaucoup d’électeurs aillent voter contre
elle, pour des candidats qui ne leur donnaient pas tellement envie.
Envie de quoi ?
Envie de quoi ? De bouter les étrangers hors de France…
De se donner des boucs émissaires qui porteront tous les péchés du monde … De
prendre des fascistes aux petits pieds pour des démocrates d’un genre
nouveau … De croire à des mensonges
éhontés qui font passer les vieilles lunes pour des évidences efficaces
…
Envie d’ordre … De patrie … De travail … De famille …
Pétain revient !
Envie de s’étourdir.
Quand le comportement politique d’un peuple dans sa masse
prend de telles distances avec les formes élémentaires de la rationalité, avec
les données de l’histoire récente, avec
des traditions démocratiques construites
de hautes luttes, au fil d’engagements forts,
et perçus comme des modèles universels, l’inquiétude est légitime. Il y
a du pain sur la planche pour tenter d’empêcher que la dérive conduise au pire.
Bien naïfs ceux qui semblent sous-estimer la tentation du pire.
Les paradoxes
Parce que le terreau social qui pourrait l’engendrer n’en
finit pas de produire de la détresse sociale, de l’exclusion, de la précarité
présentées comme des fatalités absolues. Quel paradoxe : un pays riche où
les gens sont très nombreux à souffrir !
Un pays qui a soif d’unité où les inégalités s’exacerbent de la façon la
plus visible ! Une volonté démocratique trop souvent brimée !
L’incurie du pouvoir et sa propension à faire croire qu’il
fait, qu’il va faire, qu’il fera, qu’il
est prêt à travailler avec d’autres pour faire encore mieux, ne peuvent pas
susciter une grande confiance, d’autant que, depuis le début, les socialistes
ont dit une chose ( combattre la finance) et ont fait le contraire ( les
guiliguilis au patronat). L’allure martiale d’Hollande, la tête fermée de
Valls, les mains tendues à la droite, ne cachent pas l’enfermement dans des
choix économiques assassins pour le peuple. Et le peuple n’a plus envie.
Des envies … de vie
Mais il doute, il cherche, il observe, il lutte aussi, il
continue à lutter, il n’a cessé de lutter, il fatigue peut-être. Il aspire à
autre chose qu’à un avenir plombé. IL réfléchit et prend conscience de la
complexité du monde, des choses. Mais résiste encore et toujours.
Etre au cœur de ce mouvement populaire ! Non pas pour y
apporter la solution miracle, mais pour participer à l’élaboration collective
d’une politique de progrès, de justice sociale, de démocratie renforcée, pour
construire la seule issue possible : celle qui sera en mesure de mettre en
œuvre une transformation sociale d’ampleur totalement nouvelle avec l’ambition
de rendre enfin ce monde humain. Nous passerions alors des envies mortifères
des dernières élections à des envies nobles et dignes, de vraies envies … de
vie. Un beau cadeau à nous faire, à nous-mêmes !
Jean-Marie Philibert.