les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 7 décembre 2015

le tournis



Le tournis !
Ils l’avaient annoncé : c’est fait. Le Front national fait un score  au premier tour des élections régionales qui ne peut que donner le tournis à tous les démocrates dignes de ce nom, à tous ceux pour qui les valeurs de la république ne sont pas des attrape-mouches vides de sens.
Je n’ai pas envie de laisser mon humeur noire prendre le dessus : je pense que face à des démarches  individuelles et collectives qui semblent échapper à la rationalité élémentaire, il importe de  tenter  humblement de comprendre pourquoi un électeur sur trois se laisse prendre au piège d’un projet politique dangereux, absurde et nauséabond.
Les bourreurs de crânes
Certes, (il était prévu que ce soit là l’essentiel de mon propos, mais je déborderai), les petits écrans, les radios, la presse, les commentateurs officiels, les penseurs de la télé et les plumitifs en mal de sensation, ont joué un rôle important dans la promotion tous azimuts du FN. La chronique était régulièrement tenue et chaque épisode électoral l’a relancée. L’accent était très rarement mis sur le contenu du programme politique, lui étaient préférés les formules définitives qui faisaient de tout ce qui n’étaient pas blanc, raciste, frontiste et xénophobe des individus potentiellement dangereux, étaient mises en avant les récupérations sans vergogne des revendications populaires, salaires, retraites, emploi, laïcité. L’esprit critique du commentateur de base si prompt à se mobiliser quand les syndicats avancent de telles revendications était là aux abonnés absents. Au point que l’on pouvait à juste titre s’interroger sur  une orchestration idéologique complice. Le dernier épisode en date où Pujadas a une nouvelle fois invité, en vain,  Marine le  Pen pour en rajouter une couche pourrait confirmer la validité de nos interrogations.
n’expliquent pas tout !
Mais des éléments de la campagne électorale sont venus apporter un bémol à ces tentatives d’explications. En effet un quotidien régional du Nord, « La voix du Nord «  à la veille de premier tour est venu apporter un démenti en prenant une position politique très affirmée qui incitait ses lecteurs à se détourner d’un vote frontiste représentant un danger démocratique réel : cette démarche relevait d’un certain courage dans la mesure où les sondages annonçaient Marine le Pen à 40 %. Le Monde aussi a dénoncé l’ « imposture » du FN.  Notre presse à nous n’avait pas attendu les derniers instants de la campagne pour se réveiller. Les chiffres du dimanche soir ont confirmé les sondages et la prise de position de la presse n’y a rien changé. Comme quoi la parole journalistique n‘a qu’un rôle mineur quand le courant d’opinion est fort d’un mécontentement réel.
L’incapacité
Parce que fondamentalement c’est de cela qu’il s’agit. Ce que l’électorat fait payer au parti socialiste, comme aux républicains de Sarkozy, c’est leur incapacité à répondre à des besoins sociaux lourds. Les cadeaux au patronat, la surdité devant les galères quotidiennes, les prétextes régulièrement invoqués (l’Europe, les déficits,..), une austérité enkystée, et des perspectives de plus en plus sombres ont créé un climat où la débrouille remplace l’insertion, où il est naturel de ne plus croire en rien, où la recherche des boucs émissaires est si facile. Ceux qui, bien  à gauche, tentent de faire entendre une autre musique, ou sont inaudibles, ou ont un tel mal à s’entendre entre eux qu’ils ne récupèrent que les plus enracinés dans une perspective progressiste. Les abstentionnistes sont légion.  Les attentats du 13 novembre ont été pain bénit (enfin c’est une façon de parler) pour renforcer les peurs et permettre au pouvoir en place d’occuper le terrain, de montrer ses muscles (sans effet sur l’électorat d’ailleurs) et de museler la démocratie.
En ce lendemain de premier tour, on entend les stratèges pérorer, les Cassandre annoncer le pire, les citoyens faire part de leurs inquiétudes. Ils ont raison ! Ils ne sont pas totalement désarmés, s’unir encore et toujours dans le respect de chacun avec la conviction que la démocratie est notre bien commun, participer à la vie de la cité, de la région et y imposer de vrais changements qui bousculent tous les conservateurs, réactionnaires, tous ceux qui rêvent d’une république à genoux.
Pour ce deuxième tour et au-delà, un seul mot d’ordre : Résistance et Engagement.
Pour sortir du tournis !
Jean-Marie Philibert.

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