les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 21 mars 2016

le creuset


Dans le creuset



Les anniversaires sont des occasions intéressantes de retour sur soi, d’auto-évaluation du travail accompli et de réflexion lucide sur la voie choisie. Pour un journal, c’est l’occasion de réexaminer ce qu’il a fait de la matière première que la réalité lui a fournie pour en produire de l’information utile. Les choix opérés, la place accordée, les références  mises en avant, la mise en relation des faits renvoient aussi aux choix idéologiques, politiques d’une rédaction.

Et la presse d’opinion

Et ultime vecteur,  mais certainement pas le moindre,  le poids sur tout cela de celui qui a le pouvoir, c’est-à-dire, dans notre monde à nous, le pognon, et qui tient les manettes, ou les fait tenir par des hommes « de confiance ». La presse participe à la fois de l’activité économique et politique, elle joue nécessairement un rôle de service public dans une démocratie, mais reste une entreprise commerciale, avec les mêmes obligations que toute entreprise commerciale. Ces contraintes-là sont lourdes, d’autant que les capitaux qui s’y sont investis sont dépendants des grands groupes capitalistes et de tous ceux qui leur sont inféodés. Conséquences : uniformisation, disparition de nombreux titres et mise sous le boisseau d’une presse d’opinion qui prétend préserver son indépendance et sa liberté de penser, qui refuse de s’en tenir à la surface des choses pour interroger un réel qui, par nature, échappe par sa complexité, sa nouveauté.

Pour un autre son de cloche

Au moment où au TC nous fêtons un quatre-vingtième anniversaire, nous pouvons légitimement nous dire satisfaits, modestement satisfaits, mais satisfaits d’avoir préservé un titre qui est en prise directe avec le monde du travail de ce département, avec ses luttes, avec l’ambition de défendre sa personnalité, sa culture, son histoire. Autour de nous, « nous en avons tant vu qui s’en allèrent », comme dit le poète : un seul quotidien perdure qui est maintenant entré dans le giron des concurrents d’hier. Adieu le pluralisme : de Toulouse, à Montpellier, en passant par Perpignan et Carcassonne, le même son de cloche (non !non ! ce n’est pas une pique, mais une métaphore).





Une comptine ?

Et pas n’importe lequel ! La preuve dans l’Indépendant de ce jour, où sous le tire « Snap chahut », l’éditorialiste Thierry Bouldoire traite des manifestations étudiantes et lycéennes du 17 mars, Le titre, comme l’incipit de l’article donne le ton : « Non, François t’es pas foutu. Les étudiants et lycéens ne sont pas tous dans la rue… Les conseillers du président lui ont peut-être murmuré cette comptine hier au soir… »… Et de poursuivre en évoquant le relatif échec de l’initiative, son caractère désordonné, son inadaptation à la génération Facebook et Snapchat. La conclusion est évidente : c’est une invitation faite au gouvernement à poursuivre sa réforme et la « délicate opération de déminage ».  Et comme les faits sont quand même têtus dans le même quotidien, en une, en page 3  et en page 20, de longs articles, accompagnés de photos pour montrer les manifestations, puissantes, déterminées… et ordonnées comme toute manifestation. Vous trouverez dans ce numéro du TC des photos de cette initiative qui pour nous tient plus d’un printemps annonciateur d’une embellie pour le mouvement social que d’un chahut inutile …. Et nous, nous prenons parti ! Nous les soutenons !

Nous touchons du doigt, là, l’utilité, la nécessité du TC et de son combat permanent pour accroître son audience. L’information sociale est le plus souvent passée à la trappe, les combats pour la justice, les droits, les libertés sont rarement évoqués. Cela ne fait pas vendre, comme les faits divers peu ragoûtants.

Et pourtant, c’est dans le creuset des luttes d’ici et d’ailleurs que se construit un futur acceptable pour le plus grand nombre. Ce creuset est notre espace vital et il est heureux qu’en ce mois de mars 2016 la jeunesse de notre pays y côtoie un fringant octogénaire.

Cerise sur le gâteau : dans ce creuset, ça continue à chauffer.

Jean-Marie Philibert.

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