La guerre ou pas
La
guerre ou pas la guerre… Le premier ministre le martèle : nous sommes en
guerre.
Qui ?
Nous ? Qui nous ? La France ? L’Europe ? L’Otan ? Le
monde occidental ? La civilisation judéo-chrétienne ? Les
démocraties ? L’ONU ? Les pays riches ? Les blancs ? Les
gentils ?
Et
contre qui ? Des méchants bien sûr, mais lesquels, il y en a tant et
tant ? Des qui ne sont pas comme nous, bien sûr, mais lesquels ?
L’ennemi est insaisissable et pourtant, information prise, parfois il vient de
chez nous, après un passage par un ailleurs. Il tient des discours dont la
cohérence nous échappe et se prétend l’envoyé d’un dieu qu’il a tellement envie
de rejoindre qu’il n’hésite pas à se faire allègrement sauter le caisson, un
caisson si plein de produits détonants qu’il répand autour de lui, de façon
aveugle et totalement barbare la mort violente sur des innocents qui n ‘en
peuvent mais. De simples gens qui boivent au café, qui écoutent de la musique,
qui prennent le métro, l’avion, qui passent, qui vivent. Nous ! Folie
ordinaire de ce début de millénaire…
La panade
Guerre
ou pas ? Ce qui peut nous troubler, c’est qu’elle ne ressemble en rien aux
guerres habituelles, connues, identifiées, répertoriées, que le front est
partout et nulle part, qu’il n’y aura ni vainqueur, ni vaincu, mais des morts,
des blessés, des meurtris qui ne comprendront pas pourquoi ils l’ont été. Des
femmes, des hommes, des jeunes, des vieux, des instruits et des moins instruits
qui ne comprendront sans doute jamais pourquoi un tel ciel leur tombe sur
la tête à eux qui avaient commencé à prendre leurs distances avec tous les
ciels du monde. Faut-il rester ainsi dans la panade et accepter les raccourcis
saisissants : c’est la guerre ?
Tentons
Je
n’ai aucune envie d’ajouter aux désespoirs qu’ont pu être les assassinats de
Paris, ceux de Bruxelles, la désespérance d’une raison qui renoncerait à tenter (je dis bien tenter) de comprendre
un peu (je dis bien un peu) de ce qui nous arrive.
Les
désordres du monde n’y sont sans doute pas étrangers, et ils sont légion,
désordres économiques, sociaux, financiers, idéologiques : le Proche
Orient en a une réserve impressionnante inextricable et les incursions que les
occidentaux, avec toutes sortes de casquettes,
ont faites dans le secteur a rendu la situation encore plus opaque et
explosive. Il n’empêche que l’argent y est toujours aussi inéquitablement
réparti, l’arbitraire triomphant, l’oppression insupportable, et la souffrance sociale,
politique de plus en plus prégnante. Elle peut engendrer tous les comportements
vengeurs. Les exploités le sont autant qu’ailleurs, avec la terreur en prime et
l’absolu impératif de se soumettre aux artifices (dans tous les sens du mot)
d’un surnaturel plombé. La démocratie y reste totalement inconnue .La
poudrière a été bien conçue et depuis
quelques temps elle tente d’expatrier sa guerre « sainte ».
Satan
A
la recherche d’un satan, blanc, riche, prétentieux et méprisant dont le
châtiment sera la voie du salut pour ces allumés d’un autre âge. A Paris, à
Bruxelles nous sommes ces satans-là, c’est pour cela qu’il tire dans le tas.
Sans distinction entre les puissants et les autres. Sans même s’apercevoir
qu’ils tuent des gens qui sont comme eux. Avec le secret espoir de nous
enfoncer un peu plus encore dans des difficultés sociales où le
social-libéralisme nous enlise et de creuser la division dans un monde
occidental entre des hommes et des femmes qui n’ont d’autre salut que de
refonder la citoyenneté : ils ont beaucoup de mal à le faire, souvent,
sans travail, en précarité, pauvres, sans perspectives. Les événements que nous
vivons ne sont pas à isoler des conditions sociales qui sont les nôtres :
le vivier de nos découragements est là aussi. Et vouloir en rajouter, comme le
fait Valls, avec la destruction du code du travail, est criminel. Il a besoin
de subterfuge.
Avec
le leitmotiv « guerre… guerre…guerre », le gouvernement me donne le
sentiment qu’il cherche plus à nous enfumer, qu’à nous éclairer, qu’il cherche
à reconstruire une crédibilité perdue, qu’il a complètement oublié qu’il n’y a
pas de sécurité sans démocratie, qu’il n’y a pas de démocratie sans justice
sociale. Il est beaucoup plus facile de s’enferrer dans l’urgence, dans la
peur. La peur devrait nous rendre dociles.
Ce
n’est pas dit que ça marche…
Le
plus souvent les réactions populaires sont faites de beaucoup plus de lucidité
et de solidarité.
Jean-Marie
Philibert.
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