les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 7 mars 2016

sans


SANS

Ce gouvernement s’est fait une spécialité : multiplier les « sans » en tous genres. François Hollande avait inventé les « sans dents » pour désigner les pauvres.  Depuis le début de son mandat, avec tout son gouvernement il a multiplié les « sans travail ». Dans les subventions aux patrons il s’est lâché « sans retenue ». Dans les projets calamiteux, comme la réforme du code du travail, il fonce sans vergogne. Dans le traitement du dossier des migrants, la seule règle qui compte c’est « sans humanité », tant et si bien que les principaux intéressés, les migrants eux-mêmes, en restent « sans voix » au point de se coudre la bouche et de manifester pour dénoncer le démantèlement de la jungle de Calais, la violence qui l’accompagne, la désespérance dans laquelle on tente de les enfermer.

L’oxygène

Ce que les pouvoirs publics ne veulent pas voir, ni entendre,  c’est la formidable volonté chez ces Syriens, ces Irakiens, ces Afghans, ces migrants, de sortir de l’enfer dans lequel la guerre et des conflits qui les dépassent les ont plongés, c’est de retrouver une  vie digne de ce nom, c’est de  remettre en marche ce qui fonde notre humanité à nous tous, migrants, ou pas, l’espoir et le besoin forcené de reconstruire une vie, quand elle est menacée. La vie a besoin d’oxygène, tout simplement.

Les politiques menées ont fait la preuve de leur incapacité à régler un problème, certes difficile, mais qui, à un moment ou à un autre, trouvera sa solution. Autant ne pas tarder ! Les pays européens font la démonstration que si on est d’accord pour tous les grands marchés possibles, si on veut bien que le pognon circule en toute liberté entre les frontières et entre les riches, si on souhaite que les affaires se fassent sans entraves, il n’en va pas de même avec les hommes et les femmes, avec les enfants qui voudraient passer ces frontières et qui ont une marque d’infamie d’un nouveau genre, mais draconienne, imparable : ils sont sans papiers. Ils menacent l’ordre établi, ils ne sont pas comme nous, ils déséquilibrent l’entre-soi, ils représentent toute la misère du monde et on n’a pas les moyens de nourrir toute la misère du monde, voyons !

Les erreurs à ne plus commettre

Nous vivons sur des terres qui, il  y a quelques décennies, ont vécu des situations similaires à la fin de la guerre civile espagnole : les plaies sont sans doute en grande partie cicatrisées, les enfants de la retirada sont devenus nos frères. Mais les traitements subis, les enfermements dans des camps, l’ostracisme, la peur du Rouge,  l’intervention des militaires pour les encadrer (au moment de la guerre civile, l’armée française et le gouvernement étaient aux abonnés absents) devraient nous enseigner les erreurs à ne plus commettre.

Les plus sauvages ?

Les humains ne sont jamais du bétail (ce qui ne signifie pas qu’il faille tout se permettre avec le bétail), il y a un respect de cette humanité à mettre en œuvre en tout temps et en tous lieux, et encore plus quand c’est au nom d’un état que l’on agit. Je crains que de nombreux services de l’état (la police, mais pas seulement) aient encore des progrès à faire en ce domaine. Les images de la destruction de la jungle de Calais peuvent laisser un doute sur qui sont les plus sauvages. Mais rassurez-vous, Cazeneuve éprouve de la compassion !

A qui fera-t-on croire que nos pays riches (ils le sont même si la richesse y est malheureusement très mal répartie) ne sont pas en mesure d’accueillir ceux qui frappent à la porte ? Que cet accueil soit à organiser, qu’il vise à intégrer ceux qui le souhaitent, qu’il signifie un respect mutuel de ce que nous sommes et de ce qu’ils sont, ce sont là des évidences.

Mais continuer à jouer au jeu de la patate chaude que l’on ne cesse de se refiler, même en payant cher, des Anglais au Français, des Français aux Allemands, des Autrichiens, aux Grecs, des Européens aux Turcs, avec la masse de souffrances que cela entraîne est une honte. Heureusement à Calais, comme ailleurs, il y a des militants qui aident les migrants, qui n’ont pas perdu le sens de la solidarité. Eux, ils ne sont pas sans cœur, et ils sont notre honneur.

Jean-Marie Philibert

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