Oh
Carole !
C’est pas bien de s’entêter ! C’est pas bien de faire
celle qui n’a pas compris et qui ne veut pas entendre ce que dit une population
dont le conseil régional que tu diriges a la charge ! D’autant qu’il y a
parmi les gens qui te reprochent de leur imposer un nom
« l’Occitanie » qui est pour eux à la fois une aberration
géographique et historique des sympathisants dont je fais partie, qui ont voté
pour toi et ton équipe et qui étaient prêts à te faire confiance. Mais
non ! Tu as l’air de t’en moquer ! Tu « gouvernes » comme
Valls et tu n’aimes pas que ça rouscaille. Tu es vexée peut-être ?
Ni
imbécile, ni couillons
Tu croyais avoir tout bien fait, une large discussion, une
consultation internet, un débat sérieux. Et patatrac ! De l’extrême sud de
la province monte un vent de révolte des plus légitimes qui te rappelle
vigoureusement que les catalans ne sont pas occitans, qu’il y a même eu une
frontière qui les a longtemps séparés, qu’ils n’ont pas envie de devenir ce
qu’ils n’ont jamais été. Tu sembles ne pas prendre la chose avec suffisamment
de sérieux : les réponses dilatoires que tu fais le prouvent. Tu es hors
sujet. Comme tu n’es pas une imbécile, tu le fais exprès.
Mais ici aussi, même s’il nous arrive d’être rugueux et mal
dégrossis, nous avons le comprenoir qui fonctionne bien, et quand on nous prend
pour des couillons cela ne nous fait pas plaisir.
Légitime ?
Venons-en à l’essentiel et posons quelques questions embarrassantes.
Sur la gestion d’une région, d’abord, est-il légitime de ne pas prendre en
compte une des composantes essentielles que constitue un département qui a son
histoire, ses particularités, sa langue, sa culture et de l’intégrer dans une
entité nouvelle qui est le fruit d’un découpage quelque peu
artificiel ? Est-il légitime de
mettre ainsi en œuvre des réformes institutionnelles qui éloignent les lieux de
décision et de s’asseoir sans autre forme de procès sur les protestations
larges d’une population qui entend défendre un autre point de vue ? Est-ce
cela la vie démocratique d’un pays ? Sans doute à l’ère de la loi El
Khomri, le modèle vient d’en haut. Sans doute dans une république qui est plus
monarchique que républicaine, les petits monarques locaux vont proliférer et
rejeter tout partage du pouvoir. Tes débuts à la tête de la région augurent mal
de ton attachement à une vie démocratique intense dans laquelle les populations
ont quelques chances de se reconnaître.
Une fart de
riure … jaune
Tes réponses après la manifestation perpignanaise provoquent
dans mon mauvais esprit bien sûr, une « fart de riure »… jaune. Tu
nous proposes un contrat d’avenir qui couvrirait tous les champs économiques,
mais tu n’es pas prête à faire la moindre concession sur le nom dont tu veux
nous affubler et qui nie ce que nous sommes. Tu reconnais la légitimité de la
culture catalane, tu veux lui donner un nouveau souffle et dans le même temps
tu t’enferres dans une décision qui la fait passer à la trappe. Là où nous voulons
défendre une identité, tu t’en tires en proposant une signalétique, comme la
droite qui s’empresse de peinturlurer du catalanisme un peu partout pour
dévoyer une aspiration à exister pour ce que nous sommes.
Le tout, excuse-moi de te le rappeler sur un fond de crise
grave et profonde. La situation de l’emploi dans le département est dramatique,
la précarité est la norme, les divisions sociales y atteignent des sommets,
quant à l’économie, l’agriculture, cela végète. Le tissu industriel est dans
les oubliettes. Et si l’on s’attache tant à se dire catalan, c’est peut-être
parce que c’est la chose qui reste quand on a perdu beaucoup.
Etre
reconnu
IL faudra plus que tes déclarations généreuses pour en
sortir, quant à ton sourire un peu figé
et contraint, à ton ton pète-sec ils n’y changeront rien. Il faut qu’il y ait
« catalan » quelque part.. dans le nom de la région.
Débrouille-toi ! Ce dont témoignent les milliers de manifestants de
Perpignan, même s’il est possible d’y voir des ambiguïtés, de la manipulation, un peu de folklore, c’est
une soif d’être reconnu pour ce que l’on est et pour ce que l’on
représente : des citoyens…catalans dans leur diversité qui veulent, comme
on disait fa tems, pouvoir vivre et travailler ici.
Jean-Marie Philibert.
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