les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 17 septembre 2016

oh carole


Oh Carole !

C’est pas bien de s’entêter ! C’est pas bien de faire celle qui n’a pas compris et qui ne veut pas entendre ce que dit une population dont le conseil régional que tu diriges a la charge ! D’autant qu’il y a parmi les gens qui te reprochent de leur imposer un nom « l’Occitanie » qui est pour eux à la fois une aberration géographique et historique des sympathisants dont je fais partie, qui ont voté pour toi et ton équipe et qui étaient prêts à te faire confiance. Mais non ! Tu as l’air de t’en moquer ! Tu « gouvernes » comme Valls et tu n’aimes pas que ça rouscaille. Tu es vexée peut-être ?

Ni imbécile, ni couillons

Tu croyais avoir tout bien fait, une large discussion, une consultation internet, un débat sérieux. Et patatrac ! De l’extrême sud de la province monte un vent de révolte des plus légitimes qui te rappelle vigoureusement que les catalans ne sont pas occitans, qu’il y a même eu une frontière qui les a longtemps séparés, qu’ils n’ont pas envie de devenir ce qu’ils n’ont jamais été. Tu sembles ne pas prendre la chose avec suffisamment de sérieux : les réponses dilatoires que tu fais le prouvent. Tu es hors sujet. Comme tu n’es pas une imbécile, tu le fais exprès.

Mais ici aussi, même s’il nous arrive d’être rugueux et mal dégrossis, nous avons le comprenoir qui fonctionne bien, et quand on nous prend pour des couillons cela ne nous fait pas plaisir.

Légitime ?

Venons-en à l’essentiel et posons quelques questions embarrassantes. Sur la gestion d’une région, d’abord, est-il légitime de ne pas prendre en compte une des composantes essentielles que constitue un département qui a son histoire, ses particularités, sa langue, sa culture et de l’intégrer dans une entité nouvelle qui est le fruit d’un découpage quelque peu artificiel ?  Est-il légitime de mettre ainsi en œuvre des réformes institutionnelles qui éloignent les lieux de décision et de s’asseoir sans autre forme de procès sur les protestations larges d’une population qui entend défendre un autre point de vue ? Est-ce cela la vie démocratique d’un pays ? Sans doute à l’ère de la loi El Khomri, le modèle vient d’en haut. Sans doute dans une république qui est plus monarchique que républicaine, les petits monarques locaux vont proliférer et rejeter tout partage du pouvoir. Tes débuts à la tête de la région augurent mal de ton attachement à une vie démocratique intense dans laquelle les populations ont quelques chances de se reconnaître.

Une fart de riure … jaune

Tes réponses après la manifestation perpignanaise provoquent dans mon mauvais esprit bien sûr, une « fart de riure »… jaune. Tu nous proposes un contrat d’avenir qui couvrirait tous les champs économiques, mais tu n’es pas prête à faire la moindre concession sur le nom dont tu veux nous affubler et qui nie ce que nous sommes. Tu reconnais la légitimité de la culture catalane, tu veux lui donner un nouveau souffle et dans le même temps tu t’enferres dans une décision qui la fait passer à la trappe. Là où nous voulons défendre une identité, tu t’en tires en proposant une signalétique, comme la droite qui s’empresse de peinturlurer du catalanisme un peu partout pour dévoyer une aspiration à exister pour ce que nous sommes.

Le tout, excuse-moi de te le rappeler sur un fond de crise grave et profonde. La situation de l’emploi dans le département est dramatique, la précarité est la norme, les divisions sociales y atteignent des sommets, quant à l’économie, l’agriculture, cela végète. Le tissu industriel est dans les oubliettes. Et si l’on s’attache tant à se dire catalan, c’est peut-être parce que c’est la chose qui reste quand on a perdu beaucoup.

Etre reconnu

IL faudra plus que tes déclarations généreuses pour en sortir, quant à  ton sourire un peu figé et contraint, à ton ton pète-sec ils n’y changeront rien. Il faut qu’il y ait « catalan » quelque part.. dans le nom de la région. Débrouille-toi ! Ce dont témoignent les milliers de manifestants de Perpignan, même s’il est possible d’y voir des ambiguïtés, de  la manipulation, un peu de folklore, c’est une soif d’être reconnu pour ce que l’on est et pour ce que l’on représente : des citoyens…catalans dans leur diversité qui veulent, comme on disait fa tems, pouvoir vivre et travailler ici.

Jean-Marie Philibert.


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