Tu quoque
mi fili
« Tu quoque mi fili », ce sont les paroles de
César apercevant Brutus, qu’il considérait comme son fils, parmi les conjurés
qui se préparent à l’assassiner. Toi aussi mon fils ; tu me trahis, moi
qui t’ai fait ce que tu es devenu.
Des situations qui ne
sont pas sans similitudes
Toute proportion gardée lors de l’entrevue au cours de
laquelle Macron est venu annoncer à Hollande qu’il quittait l’équipe
gouvernementale où il était le chouchou du président, c’est la pensée que j’ai
envie de prêter à Indécis Premier. Non pas que le parallélisme entre
l’impérator romain et la mollusque française soit très parlant. Mais les
situations ne sont pas sans similitudes : Hollande a sorti Macron des
milieux d’affaires où certes il faisait copieusement son beurre et celui de son
patron Rothschild pour le propulser dans l’antichambre du pouvoir, à l’Elysée
dans le tout premier cercle de ses conseillers, il en a fait ensuite son ministre,
qui faisait de l’ombre à tous les autres, qui avait des idées et des projets
sur tout et qui avait les dents qui raclaient le sol jusqu’à envisager d’être
calife à la place du calife. Le meurtre symbolique du père putatif (ce n’est
pas un gros mot) est le passage obligé. Nous y sommes.
Ce qui peut surprendre dans cette situation, c’est le décalage que l’on peut percevoir entre la
lucidité et la colère de César devant une trahison qu’il a du mal à admettre et
la plasticité du père François qui fait mine de ne rien voir du crime de
lèse-majesté qui se trame contre lui au pire moment. Bizarre !
Bizarre ! Nos démocraties n’utilisent plus les coups de poignards dans le
dos, mais ici c’est tout comme.
Y aurait-il anguille
sous roche ?
La lutte, dans l’arène, pour les prochaines présidentielles,
est bien lancée. Les couteaux sont sortis. La droite fourmille de candidats
qui, de peur d’être débordés sur leur droite,
font dans la surenchère sécuritaire, dans le libéralisme le plus
sauvage, dans l’ostracisme et le racisme ambiants (merci le burkini !).
L’extrême droite n’a rien à faire : elle laisse monter les peurs et tente
de faire oublier ce qu’elle est vraiment, du facisme pur jus. Elle cache, pour
le moment, ses couteaux. Autour du PS, ça s’agite ferme, les armes s’aiguisent
et les vocations sont multiples. Mélenchon ne fait que du Mélenchon. La
nécessité d’une démarche unitaire et convergente ne semble préoccuper que
Pierre Laurent, il est un peu seul, mais il a avec lui les milliers de
participants de la Fête de l’Huma. Les médias ont un faible pour Macron qui
vire volte dans tous les sens pour mieux
brouiller les pistes et n’être jamais à sa vraie place : celle du traitre.
Mais l’est-il vraiment et qui trahit-il ?
Le monologue de
François
François, lui, hésite,
« j’y vas, j’y vas pas, mais je
n’ai pas fait de grosses bêtises, juste quelques petites turpitudes, quelques
oublis. J’ai bien tenu mon rang. Certes depuis le Bourget, j’ai bien trahi un
peu moi aussi. Mais c’est ça la politique. On nous l’apprend bien à l’ENA.
L’électeur, lui, il a pas fait
l’ENA : il ne sait pas que la trahison est à la politique ce qu’est
l’aïoli est à la cargolade. Il peut pas comprendre Macron qui lui connaît bien
son histoire de la traitrise. Moi, je le comprends. Moi, je vois tout ce qu’il
peut apporter à un monde troublé comme le nôtre. Je garde de la sollicitude
paternelle pour sa naïve candeur. Et je me dis que, grillé comme je suis, il
peut peut-être faire un candidat presque présentable pour quelque chose qui ne
serait pas la gauche, ni le PS (que j’ai copieusement contribuer à dézinguer),
mais qui pourrait poursuivre dans la voie que j’ai si bien tracée, des risettes et des cadeaux à Gattaz, des
larmes pour le monde des travailleurs et des chômeurs réunis, un avenir plombé
pour une jeunesse qui n’en peut plus… Non non ! Macron n’est pas Brutus,
il ne tue pas le père, il le continue. Tu quoque mi fili ! Toi aussi mon
fils ! Tu tromperas ton
monde ! »
Jean-Marie Philibert.
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