les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 12 septembre 2016

tu quoque mi fli


Tu quoque mi fili

« Tu quoque mi fili », ce sont les paroles de César apercevant Brutus, qu’il considérait comme son fils, parmi les conjurés qui se préparent à l’assassiner. Toi aussi mon fils ; tu me trahis, moi qui t’ai fait ce que tu es devenu.

Des situations qui ne sont pas sans similitudes

Toute proportion gardée  lors de l’entrevue au cours de laquelle Macron est venu annoncer à Hollande qu’il quittait l’équipe gouvernementale où il était le chouchou du président, c’est la pensée que j’ai envie de prêter à Indécis Premier. Non pas que le parallélisme entre l’impérator romain et la mollusque française soit très parlant. Mais les situations ne sont pas sans similitudes : Hollande a sorti Macron des milieux d’affaires où certes il faisait copieusement son beurre et celui de son patron Rothschild pour le propulser dans l’antichambre du pouvoir, à l’Elysée dans le tout premier cercle de ses conseillers, il en a fait ensuite son ministre, qui faisait de l’ombre à tous les autres, qui avait des idées et des projets sur tout et qui avait les dents qui raclaient le sol jusqu’à envisager d’être calife à la place du calife. Le meurtre symbolique du père putatif (ce n’est pas un gros mot) est le passage obligé. Nous y sommes.

Ce qui peut surprendre dans cette situation, c’est le  décalage que l’on peut percevoir entre la lucidité et la colère de César devant une trahison qu’il a du mal à admettre et la plasticité du père François qui fait mine de ne rien voir du crime de lèse-majesté qui se trame contre lui au pire moment. Bizarre ! Bizarre ! Nos démocraties n’utilisent plus les coups de poignards dans le dos, mais ici c’est tout comme.

Y aurait-il anguille sous roche ?

La lutte, dans l’arène, pour les prochaines présidentielles, est bien lancée. Les couteaux sont sortis. La droite fourmille de candidats qui, de peur d’être débordés sur leur droite,  font dans la surenchère sécuritaire, dans le libéralisme le plus sauvage, dans l’ostracisme et le racisme ambiants (merci le burkini !). L’extrême droite n’a rien à faire : elle laisse monter les peurs et tente de faire oublier ce qu’elle est vraiment, du facisme pur jus. Elle cache, pour le moment, ses couteaux. Autour du PS, ça s’agite ferme, les armes s’aiguisent et les vocations sont multiples. Mélenchon ne fait que du Mélenchon. La nécessité d’une démarche unitaire et convergente ne semble préoccuper que Pierre Laurent, il est un peu seul, mais il a avec lui les milliers de participants de la Fête de l’Huma. Les médias ont un faible pour Macron qui vire volte dans tous les sens  pour mieux brouiller les pistes et n’être jamais à sa vraie place : celle du traitre. Mais l’est-il vraiment et qui trahit-il ?

Le monologue de François

François, lui,  hésite, « j’y vas, j’y vas pas, mais je n’ai pas fait de grosses bêtises, juste quelques petites turpitudes, quelques oublis. J’ai bien tenu mon rang. Certes depuis le Bourget, j’ai bien trahi un peu moi aussi. Mais c’est ça la politique. On nous l’apprend bien à l’ENA. L’électeur, lui, il  a pas fait l’ENA : il ne sait pas que la trahison est à la politique ce qu’est l’aïoli est à la cargolade. Il peut pas comprendre Macron qui lui connaît bien son histoire de la traitrise. Moi, je le comprends. Moi, je vois tout ce qu’il peut apporter à un monde troublé comme le nôtre. Je garde de la sollicitude paternelle pour sa naïve candeur. Et je me dis que, grillé comme je suis, il peut peut-être faire un candidat presque présentable pour quelque chose qui ne serait pas la gauche, ni le PS (que j’ai copieusement contribuer à dézinguer), mais qui pourrait poursuivre dans la voie que j’ai si bien tracée,  des risettes et des cadeaux à Gattaz, des larmes pour le monde des travailleurs et des chômeurs réunis, un avenir plombé pour une jeunesse qui n’en peut plus… Non non ! Macron n’est pas Brutus, il ne tue pas le père, il le continue. Tu quoque mi fili ! Toi aussi mon fils !  Tu tromperas ton monde ! »

Jean-Marie Philibert.

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