les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 4 septembre 2016

Terre ! Terre !


Terre ! Terre !

Parmi les manifestations qui titillent mon esprit critique, il en est une qui se répand de plus en plus, qui se met à toutes les sauces, qui encombre les medias à toutes les occasions : c’est l’omni présence des cieux, des préceptes divins, des livres sacrés et de ceux qui sont chargés de nous les faire comprendre, admettre, croire (avaler ?). Les circonstances s’y prêtent peut-être, mais est-ce la bonne réponse ? Les clergés en tous genres se voient ouvrir toutes grandes les portes de notre conscience pour nous laisser croire que la voie du religieux est incontournable, inévitable, que tout être normalement constitué y a sa part. Certes tout n’est pas équivalent, chacun a sa vérité, il ne faut pas sombrer dans le fanatisme et les intégrismes, mais notre identité passe par là. La transcendance se rappelle à notre souvenir.

Et le divin ?

Regardez nos villages construits autour de nos églises. Observez l’attachement de toutes les communautés à leurs petits jésus à elles. Voyez comme toutes ces croyances apportent une lumière salutaire à toutes nos inquiétudes, celles du moment, mais aussi plus profondément à celles de la quête des sens de la vie. Faut-il n’y voir que de l’atavisme ? La laïcité, c’est bien beau, mais elle a ses limites et tous les laïques se disputent entre eux pour savoir si elle doit être ouverte, fermée, traduisez gentille ou méchante. On ne peut que lui faire une confiance très limitée. L’agnosticisme, quant à lui, n’est d’aucune aide, puisqu’il nous jette sans protection dans l’inconnu et l’inconnaissable. Quant aux zathées, il faut tous les courages du monde pour nier tous les dieux en bloc et, en faisant cela, jeter aux gémonies des pans entiers de ce qui a fait et fait, pour beaucoup, encore notre humanité, le divin. Alors, alors, alors ?

Il semblerait que nous n’ayons d’autres ressources que de nous laisser embarquer par la déferlante de religiosité qui risque de nous submerger. Quitte à raviver quelques guerres de religion. Voire…

Le ciel à sa place

Notre histoire, ses péripéties, ses luttes nous ont donné des outils pour laisser à leur place les religions : il faut dire que du Catharisme à la Saint-Barthélemy en passant  par l’Inquisition, de la monarchie de droit divin, des sacres dans la cathédrale de Reims des rois de France, à leur enterrement dans la basilique de Saint-Denis, la place prise était telle qu’il a fallu deux siècles depuis les philosophes des Lumières pour remettre le ciel à sa place ( au ciel !) et nous donner l’occasion de mener la vie que nous souhaitions, librement, ici, sur terre, avec le ciel, ou sans lui. Comme nous le choisissons ! Nous y sommes (ou nous y étions ?).

Ce fut un combat politique, ce fut aussi, en partie, un combat de classe. Cela reste un combat pour la liberté dont les violentes circonstances présentes nous disent qu’il n’est jamais fini, qu’il n’est jamais facile, et dont il faut constamment craindre des effets réducteurs.

Partout

Parmi eux la schématisation du religieux est à l’œuvre souvent dans les embrigadements contemporains, d’autant plus efficaces qu’ils s’adressent à des générations sans connaissance véritable dans ce domaine.   L’aspiration des femmes et hommes à affronter les mystères de leur vie,  à comprendre le destin d’un univers que l’on habite, à tenter de s’approcher au plus près d’une révélation possible si elle existe est absolument légitime ; même si nous sommes conscients que pour toute certitude nous n’aurons que notre intime conviction. Je crains que ce ne soit pas exactement l’ambition des campagnes actuelles qui me donnent le sentiment de tenter de remettre le ciel partout, à l’occasion des évènements troubles que nous vivons et où il sert bien. Pour mieux cacher le racisme ordinaire, l’exclusion, la ségrégation, la barbarie de l’argent, la haine … qui ne nous concernent pas. Non ! Non ! Non ! Chut ! Le ciel !

La société prend l’eau de toute part, le combat quotidien a besoin de toute notre attention, de tout notre engagement et nous ne finirons jamais d’en finir avec le ciel.

Une urgence absolue : le retour sur terre ! Terre ! Terre !

Jean-Marie Philibert


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