Le Pire…
Certaines semaines l’énormité proférée par un puissant (ou
prétendu tel) de ce monde est telle qu’elle met en branle votre humeur et vous
êtes sur la bonne piste pour faire rire ou pleurer sur la sottise humaine qui
est en général très équitablement répandue. C’est sans doute un des rares
domaines où règne sinon une justice parfaite au moins un sentiment diffus que
tout le monde y a droit, les nantis et les moins nantis. Ainsi la semaine
dernière les exploits « historiques » de Nicolas Sarkozy qui ne
pouvait concevoir la France que gauloise. Ce sont là des perles précieuses pour
les billettistes et nous fûmes nombreux à gloser.
Une semaine
tristounette
Côté « perles » la semaine passée fut plus
tristounette : certes le débat sur l’identité se poursuit avec véhémence,
mais les propos sont un peu moins caricaturaux… Et sur la question, Juppé se
démarque de son rival à la primaire de la droite pour donner une leçon de sérénité
et d’ouverture, un peu inhabituelle (il faut soigner sans doute son image de
présidentiable). Et écrivant cela, j’ai sous les yeux la une d’un quotidien du
week-end qui confirme des propos entendus dans un repas d’amis électeurs de
gauche et désolés devant une campagne où la gauche avait beaucoup de mal à
sortir de la panade. « Ecoutez, je ne veux pas voir Sarko revenir au
pouvoir, je ne veux pas que la Marine
nous entraîne à la catastrophe, j’irai voter à la primaire de la droite
pour Juppé… » Et le quotidien en question fait mention de centaines de
témoignages sur son site qui pour ne pas avoir à choisir au second tour entre
un candidat d’extrême droite et un candidat de droite extrême vont se
précipiter à la primaire de la droite, pour choisir le candidat de droite
présentaple, même s’ils sont à peu près sûrs que les orientations politiques
mises en œuvre seront celles d’une droite pure et dure qui a fait du libéralisme le plus échevelé
son système de valeurs.
Le nouveau slogan : éliminez les plus pires choisissez
les moins pires.
La
désolation ?
Quant aux valeurs de justice, de démocratie, de progrès
social, d’émancipation, à quoi bon se décarcasser pour remettre dans le paysage
ce que le quinquennat de François Hollande a fait disparaître, a combattu, matraque
à la main, souvenez-vous de la lutte contre la loi Khomry. C’est à un spectacle
de désolation que nous sommes confrontés pour tout ce qui concerne les
perspectives de changement social. Les tentatives pour faire taire le
syndicalisme de contestation, de transformation sociale sont systématiques… et
pourtant la bête bouge encore, illustrant une volonté de ne rien céder et une
aspiration à inscrire la justice dans le réel. El pueblo unido.
La tâche de l’heure est dans cette démarche, pas dans
l’intrusion dans les bisbilles d’une droite dont on sait par avance ce qu’elle
signifiera comme nouveaux reculs sociaux, pas dans les tentatives de survie ou
de ré oxygénation de candidats socialistes qui ont trahi les engagements pris,
pas dans les illusions qui peuvent naître de toute intrusion d’un homme
providentiel, d’où qu’il vienne.
L’urgentissime…
La tâche urgentissime, c’est l’appel citoyen à sortir de la
panade par le haut, par le rassemblement, par le débat, par la prise de parole
pour dire que le temps de la résignation n’a que trop duré, que celui de la
souffrance sociale est fini, qu’il est grand temps d’en finir avec
l’exploitation du plus grand nombre, avec l’exclusion des plus fragiles, avec
la discrimination de tous les différents… De la prise de parole à la prise du
pouvoir le chemin ne sera pas facile, mais si nous ne le prenons pas, il ne se
passera rien. Non ! Je viens d’écrire une bêtise : il se passera
pire.
Jean-Marie Philibert.
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