les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 29 août 2017

le 12 septembre


Le 12 septembre, pour une loi qui défende le travail, AGISSONS !

Que prévoit la loi travail 2 ?

Code du travail. La nouvelle loi Macron détruit 150 ans d’acquis sociaux au prétexte fallacieux que faciliter les licenciements crée de l’emploi.

Révélateur l’aveu de Hollande à Macron !  « Il ne faudrait pas flexibiliser le marché du travail au-delà de ce que nous avons déjà fait ». Macron dans la continuité de Hollande mais en pire. C’est pourtant bien une flexibilité et une précarisation accrues que  la loi travail 2 veut mettre en place. Pour ne parler que des mesures phares. En matière de temps de travail, l’accord d’entreprise continue à prévaloir sur l’accord de branche, mais même si cet accord est moins favorable aux salariés. L’accord d’entreprise pourra déroger aux maxima prévus dans le Code du travail. Si le salarié refuse, il pourra être licencié. Si l’accord est validé par 50% des suffrages exprimés, les syndicats ne pourront s’y opposer. Les heures supplémentaires pourront être majorées de seulement 10% (et non plus 25 voire 50) même si un accord de branche s’y oppose. Le licenciement économique sera encadré : tant de trimestres de baisse du chiffre d’affaires selon la taille de l’entreprise pourront le justifier. Ces critères définis, il sera difficile à un salarié de contester et aux tribunaux d’interpréter la situation. A l’heure actuelle ce sont les prud’hommes qui fixent les indemnités de licenciement. Désormais la loi fixe un barème avec des plafonds d’indemnité.

Une réforme est censée aller dans le sens du progrès social. Cette loi est au contraire une régression massive des droits des salariés qui sont les seuls à pouvoir l’empêcher s’ils en prennent conscience.

Une méthode contestable et contestée

Quant à la méthode choisie par le nouveau gouvernement, elle se résume à un mot « ordonnance » qui permet de contourner la loi : il a suffi au parlement nouvellement élu de dire qu’il était d’accord avec cette procédure pour qu’il soit totalement dessaisi du contenu des modifications que le nouveau pouvoir veut imposer. Première grosse turpitude, mais il va y en avoir d’autres tout au long de la période de « concertation » avec les partenaires sociaux des mois de juillet et août.
D’abord la période estivale, période de difficile mobilisation, ensuite le flou des intentions du gouvernement qui jusqu’à la dernière séance de vendredi dernier a laissé en blanc des pans entiers de son projet, prétextant ses hésitations. La ministre Muriel Pénicaud refusera de communiquer un texte complet et  précis ; elle s’opposera à ce que les négociateurs gardent par devers eux les documents transmis lors des discussions. Enfin en recevant chaque organisation de façon séparée, on s’évite un débat global et une confrontation générale des positions de chacun, et il devient possible de rouler dans la farine les uns après les autres, de préparer de petits arrangements qui peuvent séduire ceux qui ont l’échine souple ou qui pensent pouvoir tirer quelques marrons du feu pour leur boutique. Le patronat, officiellement dans la procédure de concertation, semble manipuler le tout et ne se plaint que pour la forme que le projet n‘aille pas assez loin dans la dérèglementation.

Résistance

En dehors du satisfecit de Gattaz qui voit ses rêves se réaliser : des salariés soumis pieds et poings liés à la très sainte puissance patronale, les organisations de salariés, certes, ont du mal à parler d’une seule voix, et on peut mesurer là le déficit que constitue l’éclatement du syndicalisme dans notre pays. La CGT a un discours ferme et clair depuis le début en parlant de la casse du code du travail, ce qui est malheureusement une réalité, dans la lignée de la bataille récente contre la loi El Khomry. Chez les autres organisations les vieux travers persistent qui laissent croire à des arrangements possibles, et à des possibilités d’éviter le pire, ne parlons pas de la CFDT qui a fait de ces pratiques son fond de commerce, mais même FO semble avoir pris ses distances par rapport à une ligne dure. Reste que l’opinion publique est hostile à une « réforme » à laquelle visiblement elle ne croit pas, que le climat social s’alourdit, que la côte de Macron a pris un coup sur la casaque, que des décisions d’actions sont déjà dans le paysage : le 12 septembre, des manifestations, des grèves seront organisées, leur contour se définit progressivement, le syndicalisme de résistance, tel qu’il se dessine dans notre pays (CGT- Sud, FSU) devrait en être l’épine dorsale. Il va sans dire, mais c’est encore mieux en le disant, qu’au TC nous sommes de ce côté-là.

AM.D et JM.P




samedi 26 août 2017

Maquillons ! Réformons !


Maquillons ! Réformons !



Les réseaux sociaux bruissent très intensément des 28000 euro que le Jupiter qui nous gouverne aurait dépensé en maquillage (je ne le voyais ni fripé, ni ridé) : il est vrai que sur l’Olympe les dieux doivent être sans tache. Et ce même jour en déplacement dans l’Europe de l’est, lors d’une rencontre avec les français du coin, il nous sort une perfidie vieille comme son monde selon laquelle les français seraient allergiques à la réforme, incapables de changer quoi que ce soit à leur vie, à  leurs habitudes, à l’organisation de leur pays, empêtrés qu’ils seraient dans des pratiques moyenâgeuses qui leur auraient fait perdre le sens du temps qui passe et de la nécessité de s’adapter. Son ambition est de nous sortir de cette ornière, de nous permettre de renouer avec l’éternelle jeunesse qui règne dans les champs élyséens où dieux, déesses et tout le toutim se pavanent couverts de toutes les poudres miraculeuses. Elles les feront briller de mille feux pour mieux en imposer au « vulgus pecus » qui n’aura plus qu’à les singer.



Un impérieux besoin de réforme

La propension à user et même abuser du maquillage rejoint l’ambition forcenée de nous convaincre de l’impérieux besoin de réforme auquel comme de gros imbéciles nous résistons. Maquillons ! Réformons ! Même combat !

Toutes les politiques rétrogrades mises en place depuis des lustres ont usé et abusé du mot réforme, qui serait paré de toutes les vertus. Il suffirait de parler de la réforme de quelque chose pour que le quelque chose en question devienne une pure merveille. En fait il s’agit là d’un cache misère qui permet de laisser croire que l’on va traiter un problème bien réel et y apporter une réponse novatrice dans l’intérêt de tous, de l’économie, de la nation, du plus grand nombre, mais concrètement le plus souvent c’est avant tout l’occasion d’un tour de vis supplémentaire sur le peuple, ses droits, ses sous, son avenir. La preuve par la loi El Khomry.

Toujours un tour de vis de plus

Le drame de ces réformes qui n’en finissent jamais, il faut toujours un tour de vis de plus : pour que le peuple sente bien qu’il est là pour en baver et que cela ne s’arrêtera pas,  tant que le monde sera le monde, tant que la droite, la ni-ni, et la gauche momolle seront au pouvoir. Ils ont ainsi réformé les collèges, les retraites, les régions, les communes… Ils ont organisé la régression en nous faisant prendre les reculades pour des pas en avant. Et à écouter le Macron en Roumanie le 24 août, soyons convaincu de notre atavisme : « La France n’est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n’y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes. »

Les Français détestent surtout être pris pour des imbéciles, et même doublement  quand c’est par un jeune blanc bec qu’ils n’ont porté au pouvoir que pour éviter le pire.

D’où une impérieuse nécessité pour le blanc bec en question : donner le change, jouer au grand homme international qui part à la conquête de l’Europe centrale, occuper les media, faire parler de sa bribri adorée, revoir sa com et raconter des sornettes sur les réformes



La poudre

Pour cela, pas d‘autres solutions que le maquillage qui peut parfois des miracles, si on y met le prix. C’est ce qu’il fait, 28000 euro pour cent jours. Hollande, lui, avait un coiffeur personnel hors de prix (10 000 euro par mois). Là  c’est le ravalement de façade qui va nous coûter un « bras », mais bien sûr tout cela dans l’intérêt supérieur de la nation.

Savez-vous par quel mot les italiens, experts en travestissements, désignent le maquillage ? Trucco, et maquiller ? Truccare, littéralement falsifier, tromper, abuser. Les catalans adeptes du truc savent aussi  qu’on y ment beaucoup.

Le réformisme macronien apparaît pour ce qu’il est : de la poudre de perlimpinpin… qui fait notre malheur.

Jean-Marie Philibert.

mardi 22 août 2017

passe ton bac d'abord


Passe ton bac d’abord !

Passe ton bac d’abord ! Expression emblématique dans les familles françaises devant les projets personnels, parfois loufoques, ou au moins irréalistes, de quelques adolescents qui imaginent pouvoir le rester toute leur vie. C’est aussi le titre d’un livre écrit par deux enseignantes, Françoise Estrade et Chantal Guillaud, qui ont choisi de nous faire revivre de l’intérieur ce moment important de l’expérience du lycéen, vulgairement appelé « le bac de français » et que les candidats passent en fin de classe de première. Plus précisément l’examen oral. C’est, pour  tous, leur premier oral, le face à face avec un examinateur sérieux, sévère et impavide (le contraire de ce qu’ils sont) qui va les écouter, les questionner et les noter à partir de ce qu’ils diront d’un des textes étudiés en cours d’années. Ils ne se doutent pas qu’ils ont en face d’eux un être de chair, de sang, de cœur qui va passer loin de la maison une semaine à écouter avec attention et sollicitude ce qu’ils ont retenu de la culture littéraire apprise.

Avec nos deux auteurs nous entrons dans les coulisses, depuis la convocation rectorale jusqu’à l’enregistrement des notes attribuées. Le récit est fait à la fois d’humour et de vérité, de lucidité et de modestie. Avec ce paradoxe constitutif de cet examen, on parle de jury certes, mais le jury est un être solitaire. Un  chapitre est significativement intitulé « La solitude du coureur de fond ».

La machine « bac »  est défendue dans son rôle de rite de passage pour de jeunes adultes en devenir dont nos deux auteurs prennent visiblement un savoureux plaisir à évoquer les formes diverses d’humanité avec un regard plein de sympathie, même si elles n’ont rien oublié de  la pénibilité de la tâche. Ayant eu à assumer un sort identique d’examinateur, je peux ajouter que tout y est plus vrai que vrai.

JMP

lundi 21 août 2017

100 jours


100 jours

Je suis partagé : lors de notre premier comité de rédaction après les vacances, je me suis engagé à parler des 100 premiers jours de Macron et puis, quelques heures plus tard, l’horreur de Barcelone, l’horreur recommencée, où le tragique et le pathétique rejoignent l’absurde et le sanguinaire. Mais à dire vrai je ne me sens pas de taille à évoquer pour y apporter un éclairage, même très modeste, des événements où les pulsions de morts prennent un tel poids. Je me limiterai à évoquer le rassemblement de vendredi à Barcelone où ont fusé les seules paroles fortes  nécessaires en pareil cas « No tenim por! »

Je m’en tiendrai donc aux engagements pris !

Macron est à l’Elysée depuis 100 jours : c’est un point de repère pour mesurer le chemin parcouru, pour observer ce qu’il peut advenir des promesses de campagne, pour s’interroger sur un piège politique (ni droite…ni gauche…) qui arrange ceux qui ont intérêt à y croire … pour leur fonds de commerce. Regardez les conversions politiques nombreuses du personnel politique local pour la République en marche : le ratelier était si attirant !

Dégringolade

Commençons par le « ressenti », comme on dit aujourd’hui dans une langue pauvrette : plus de six français sur dix sont insatisfaits (sondage Harris Interactive). Macron plus fort que Sarkozy et que Hollande dans la dégringolade rapide dans les sondages. Même sur la réforme du code du travail, projet emblématique s’il en est, une majorité se dit hostile, et plus particulièrement à la procédure des ordonnances choisie par le pouvoir.

De ces mauvais chiffres découle la tactique du pouvoir qui nous la joue sobre, modeste, voire populo. « Je ne prends que de toutes petites vacances, je squatte la villa du préfet de région à Marseille, je vais saluer, à l’entrainement, l’OM, dont j’arbore le maillot. J’habille Bribri de tricolore dans le dernier numéro de Elle et pour couper court à la polémique sur le statut envisagé de première dame, je lui fais dire que toute qu’elle fait ne peut être que bénévole. Devant la cacophonie interne de mes « marcheurs » et leurs bévues multiples, je mets de l’ordre. Je suis le chef quand même!»

L’enfarinage

Nous sommes déjà loin du sacre de Jupiter, marchant d’un pas altier en direction de la pyramide du Louvre. Nous nous éloignons un peu aussi des résultats des législatives  qui avaient fait de son parti le plus riche et le plus nombreux. Les premiers pas internationaux n’ont laissé que des traces passagères, ou des paroles verbales, qui n’engagent pas à grand-chose, son tweet « Make our Planet great Again » en est l’exemple.

Et puis très vite les affaires : plusieurs de ses partisans n’étaient pas que des renégats, ou des traitres pour leur ancien parti, ils adoraient aussi la confiture et n’hésitaient pas à tremper les mains là où le pognon pouvait couler-coller, sans être regardant sur le règles régissant les deniers publics. Le mélange des genres privés-publics et les emplois fictifs ont coûté leurs postes de ministres à Richard Ferrand, à François Bayrou, à Marielle de Sarnez et à Sylvie Goulard. Jusqu’à la ministre du travail Murielle Pénicaud qui a une menace judiciaire sur le dos. Ce sont ces gugus-là qui prétendent moraliser la vie publique. L’opinion publique a sans doute perçu l’enfarinage.

Déguisement ?

Après les affaires, les incohérences : le général de Villiers, chef d’état-major de l’armée proteste contre la baisse des crédits militaires : il est poussé à la démission et quelques jours plus tard le ministre des armées annonce un dégel (le puni avait-il donc raison ?) que Macron soi-mêmel vient confirmer déguisé en aviateur sur la base aérienne d’Istres.

Cerise sur le gâteau, pour « 3francs-6-sous », on rogne sur les APL, mesure qui frappera tous les allocataires. Là, l’Elysée se défend en disant que c’est la faute au budget précédent, qu’il s’agit d’une « connerie sans nom » (voir le canard Enchaîné), mais maintient la connerie.

Quant aux emplois aidés, on doit estimer que cela en est une : on les supprime.

Je crains que le pire soit à venir : le goût d’un pouvoir jupitérien donne le sentiment que la démocratie n’est qu’un déguisement de la vie politique et sociale avec lequel il est toujours possible de s’arranger.

Si, lors de cette rentrée sociale, la démocratie se rebiffait !

Jean-Marie Philibert.