100 jours
Je suis partagé : lors de notre premier comité de
rédaction après les vacances, je me suis engagé à parler des 100 premiers jours
de Macron et puis, quelques heures plus tard, l’horreur de Barcelone, l’horreur
recommencée, où le tragique et le pathétique rejoignent l’absurde et le
sanguinaire. Mais à dire vrai je ne me sens pas de taille à évoquer pour y
apporter un éclairage, même très modeste, des événements où les pulsions de
morts prennent un tel poids. Je me limiterai à évoquer le rassemblement de
vendredi à Barcelone où ont fusé les seules paroles fortes nécessaires en pareil cas « No tenim
por! »
Je m’en tiendrai donc aux engagements pris !
Macron est à l’Elysée depuis 100 jours : c’est un point
de repère pour mesurer le chemin parcouru, pour observer ce qu’il peut advenir
des promesses de campagne, pour s’interroger sur un piège politique (ni
droite…ni gauche…) qui arrange ceux qui ont intérêt à y croire … pour leur
fonds de commerce. Regardez les conversions politiques nombreuses du personnel
politique local pour la République en marche : le ratelier était si
attirant !
Dégringolade
Commençons par le « ressenti », comme on dit
aujourd’hui dans une langue pauvrette : plus de six français sur dix sont
insatisfaits (sondage Harris Interactive). Macron plus fort que Sarkozy et que
Hollande dans la dégringolade rapide dans les sondages. Même sur la réforme du
code du travail, projet emblématique s’il en est, une majorité se dit hostile,
et plus particulièrement à la procédure des ordonnances choisie par le pouvoir.
De ces mauvais chiffres découle la tactique du pouvoir qui
nous la joue sobre, modeste, voire populo. « Je ne prends que de toutes
petites vacances, je squatte la villa du préfet de région à Marseille, je vais
saluer, à l’entrainement, l’OM, dont j’arbore le maillot. J’habille Bribri de
tricolore dans le dernier numéro de Elle et pour couper court à la polémique
sur le statut envisagé de première dame, je lui fais dire que toute qu’elle
fait ne peut être que bénévole. Devant la cacophonie interne de mes
« marcheurs » et leurs bévues multiples, je mets de l’ordre. Je
suis le chef quand même!»
L’enfarinage
Nous sommes déjà loin du sacre de Jupiter, marchant d’un pas
altier en direction de la pyramide du Louvre. Nous nous éloignons un peu aussi
des résultats des législatives qui
avaient fait de son parti le plus riche et le plus nombreux. Les premiers pas
internationaux n’ont laissé que des traces passagères, ou des paroles verbales,
qui n’engagent pas à grand-chose, son tweet « Make our Planet great
Again » en est l’exemple.
Et puis très vite les affaires : plusieurs de ses
partisans n’étaient pas que des renégats, ou des traitres pour leur ancien
parti, ils adoraient aussi la confiture et n’hésitaient pas à tremper les mains
là où le pognon pouvait couler-coller, sans être regardant sur le règles
régissant les deniers publics. Le mélange des genres privés-publics et les
emplois fictifs ont coûté leurs postes de ministres à Richard Ferrand, à
François Bayrou, à Marielle de Sarnez et à Sylvie Goulard. Jusqu’à la ministre
du travail Murielle Pénicaud qui a une menace judiciaire sur le dos. Ce sont
ces gugus-là qui prétendent moraliser la vie publique. L’opinion publique a
sans doute perçu l’enfarinage.
Déguisement ?
Après les affaires, les incohérences : le général de
Villiers, chef d’état-major de l’armée proteste contre la baisse des crédits
militaires : il est poussé à la démission et quelques jours plus tard le
ministre des armées annonce un dégel (le puni avait-il donc raison ?) que
Macron soi-mêmel vient confirmer déguisé en aviateur sur la base aérienne
d’Istres.
Cerise sur le gâteau, pour « 3francs-6-sous »,
on rogne sur les APL, mesure qui frappera tous les allocataires. Là, l’Elysée
se défend en disant que c’est la faute au budget précédent, qu’il s’agit d’une
« connerie sans nom » (voir le canard Enchaîné), mais maintient la
connerie.
Quant aux emplois aidés, on doit estimer que cela en est
une : on les supprime.
Je crains que le pire soit à venir : le goût d’un
pouvoir jupitérien donne le sentiment que la démocratie n’est qu’un déguisement
de la vie politique et sociale avec lequel il est toujours possible de
s’arranger.
Si, lors de cette rentrée sociale, la démocratie se
rebiffait !
Jean-Marie Philibert.
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