Passe ton
bac d’abord !
Passe ton bac d’abord ! Expression emblématique dans
les familles françaises devant les projets personnels, parfois loufoques, ou au
moins irréalistes, de quelques adolescents qui imaginent pouvoir le rester
toute leur vie. C’est aussi le titre d’un livre écrit par deux enseignantes,
Françoise Estrade et Chantal Guillaud, qui ont choisi de nous faire revivre de
l’intérieur ce moment important de l’expérience du lycéen, vulgairement appelé
« le bac de français » et que les candidats passent en fin de classe
de première. Plus précisément l’examen oral. C’est, pour tous, leur premier oral, le face à face avec
un examinateur sérieux, sévère et impavide (le contraire de ce qu’ils sont) qui
va les écouter, les questionner et les noter à partir de ce qu’ils diront d’un
des textes étudiés en cours d’années. Ils ne se doutent pas qu’ils ont en face
d’eux un être de chair, de sang, de cœur qui va passer loin de la maison une
semaine à écouter avec attention et sollicitude ce qu’ils ont retenu de la
culture littéraire apprise.
Avec nos deux auteurs nous entrons dans les coulisses,
depuis la convocation rectorale jusqu’à l’enregistrement des notes attribuées.
Le récit est fait à la fois d’humour et de vérité, de lucidité et de modestie.
Avec ce paradoxe constitutif de cet examen, on parle de jury certes, mais le
jury est un être solitaire. Un chapitre
est significativement intitulé « La solitude du coureur de fond ».
La machine « bac » est défendue dans son
rôle de rite de passage pour de jeunes adultes en devenir dont nos deux auteurs
prennent visiblement un savoureux plaisir à évoquer les formes diverses
d’humanité avec un regard plein de sympathie, même si elles n’ont rien oublié
de la pénibilité de la tâche. Ayant eu à
assumer un sort identique d’examinateur, je peux ajouter que tout y est plus
vrai que vrai.
JMP
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