les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 28 janvier 2019

quand un maire de droite n'aime pas l'école publique


Quand un maire de droite n’aime pas l’école publique…

Rappel des épisodes précédents

La situation est tendue dans les collèges du département, en particulier sur la périphérie de Perpignan et sur la ville où plus particulièrement, au vu des données officielles, la tendance à la ghettoïsation prend de l’ampleur. Cela est en rapport très étroit avec la paupérisation profonde de la société très sensible ici, avec la situation sociale de la ville, avec les stratégies municipales de non  prise en compte du problème, avec la tartufferie de l’enseignement privé qui en fait ses choux gras, avec les atermoiements des  services départementaux de l’éducation nationale, et aussi du conseil départemental responsable de la politique scolaire en direction des collèges.

Il a fallu une campagne de la FSU pour alerter sur la question, pour demander un plan global de lutte contre ces formes de ségrégation scolaire qui rendent le travail en collège très difficile. Le plan s’est réduit à une décision ponctuelle (c’est bien dommage) liée aussi à la saturation plus rapide que prévue du collège de Toulouges. Il s’agit de demander aux familles de Pollestres de ne plus envoyer les collégiens du village à Toulouges, mais au Collège Sévigné de Perpignan.

Des procédures normales

La décision a soulevé un certain émoi dans la commune, les parents d’élèves ont protesté pour rester dans le secteur de Toulouges, le Maire de Pollestres les a soutenus. Le Conseil Départemental de L’Education Nationale s’est prononcé pour le transfert sur Sévigné. La mesure est opérationnelle, la décision prise. Il faut maintenant l’appliquer. Jusque-là rien à redire. On est dans des procédures connues, rodées et, on va dire, normales.

Le génie de Mach va opérer

C’est le moment que choisit Daniel Mach, Maire de Pollestres, vice –président de l’agglo, ancien député de droite, ancien responsable départemental de l’UMP… pour donner la pleine mesure de son génie. Daniel Mach est un combattant, il a perdu une bataille, mais il n’a pas perdu la guerre. Il avait promis de trouver une solution. Eureka !  Il l’a trouvée. Par un courrier du 19 décembre, il la communique aux parents d‘élèves. Il y rappelle ses faits d’armes.  Il indique qu’il était inquiet pour l’avenir de l’école du village qu’il voit  désertée par certains parents d’élèves qui ont inscrit préventivement leurs enfants dans le privé. Il ne pouvait pas rester sans réaction devant les menaces de désertification. Il était sensible au désespoir qu’il lisait dans les yeux des parents…

Et qu’est-ce qu’il fait Daniel Mach ?

Il fait en sorte que tous les élèves de Pollestres, selon le souhait des parents,  puissent quitter l’enseignement public pour aller s’inscrire dans l’enseignement privé au collège de Maintenon. Il a négocié directement avec le directeur de Maintenon, dont il cite le  nom et l’engagement à prendre tout le monde. C’est écrit sans sourciller…

Par contre, il ne dit rien sur l’obligation de faire la prière ! Il ne dit pas s’il a eu l’appui du pape François. Il ne semble nullement préoccupé, en dehors de l’école de Pollestres, par la question de la laïcité, par l’avenir du service public d’éducation sur lequel il s’assied avec allégresse. Il mouille les autorités diocésaines de l’enseignement catholique : sont-elles au courant ? Complices ? Elles se targuent pourtant de mixité sociale : un vœu pieux ? Dans ce milieu, ça se comprend. Quant à la direction départementale de l’Education nationale : est-elle informée ? D’accord ? Fournira-t-elle les postes nécessaires à Maintenon payés par des deniers publics ?

Le génie de Mach est au-dessus de ces contingences. Ou bien il n’a pas bien compris que dans la fonction d’ « élu de la république » qui est la sienne,  il y a le mot  « république » et que normalement il serait normal qu’il la respecte, qu’il respecte ses services publics. Ce que visiblement il ne sait plus faire.

Jean-Marie Philibert.



Lettre de Daniel Mach aux parents d’élèves de Pollestres (extraits)

« …je vous avais promis de ne pas baisser les bras….je ne pouvais rester insensible au désespoir que je lisais dans vos yeux…

J’ai pris la seule initiative possible, celle de me rapprocher des enseignements privés et en l‘occurrence du collège Maintenon. Lors de mes entrevues avec son directeur …, deux garanties m’ont été apportées et je l’en remercie très sincèrement… tous les enfants de CM2 de Pollestres seront acceptés au collège Maintenon…

Je suis déjà rassuré de vous permettre d’avoir le choix et de ne pas subir les décisions arbitraires et injustifiées du Conseil départemental… »


lundi 21 janvier 2019

ça vient


Ça vient

 (Il peut arriver que ce billet d’humeur naisse d’un grand débat intérieur entre jmp et jmp)

-Il est toujours fort agréable d’être pris pour un C !

-Mais pourquoi tu dis ça ? Tu ne fais pas que le dire, tu veux l’écrire dans le TC, un organe qui défend ceux qui ont souvent le sentiment qu’on les prend ainsi… et qui n’aiment pas particulièrement.

-Pourquoi dis-je cela ? Le sais-je ? Je ne sais… Ce matin je me lève avec cette phrase dans la tête et je ne peux pas m’en débarrasser. Alors je la couche sur le papier. Advienne que pourra…

-Tu délires. Sois raisonnable, Jean-Marie, va te reposer, lire ton journal, faire la grasse matinée ;  ne reste pas devant ton ordinateur, il te fait débourouner grave…

Débourouner ou pas ?

-D’abord je ne suis pas sûr de débourouner comme tu le dis, je suis un être humain qui pense et j’ai le droit d’avoir des pensées paradoxales, fussent-elles iconoclastes.

-Si en plus, tu m’énerves avec tes grands mots pour noyer le poisson, je crains le pire…Tu ne penses pas qu’il serait plus urgent de faire simple et clair pour éveiller les consciences.

-Ecoute, mon gentil camarade, on fait dans la clarté, dans la simplicité, depuis des lustres pour éveiller les consciences, et je te cache pas que j’ai comme l’impression qu’elles restent un  peu endormies, alors je fais dans la provoc. Malgré moi d’ailleurs. Cette phrase je ne sais pas d’où elle m’est venue. D’un inconscient sans doute tellement inconscient que même le docteur Freud n’y aurait pas pensé. C’est sans doute mon inconscient politique qui parle. Et puis en y réfléchissant bien, j’y trouve un petit goût de vérité. N’éclaire-t-elle pas le comportement de ceux qui nous gouvernent ? N’ont-ils pas au fond de la cervelle cette croyance incrustée, enkystée et inguérissable, qu’ils s’adressent à des imbéciles et que ces imbéciles souvent sont fiers de l’être. Ils nous voient comme des imbéciles heureux. Macron, le premier, mais il a eu des modèles. Et pas qu’à droite d’ailleurs. Ce qui nous complique la vie.



Rien n’est simple

-Certes, rien n’est simple et encore moins dans ces temps de gilets jaunes, où le jaune n’est plus la couleur des traîtres, mais de ceux qui luttent sans discontinuer en ne faisant pas exactement comme on faisait avant. Moi j’y perds mes références. J’ai du mal à suivre et pourtant je me dis qu’il faut suivre. Même si je ne comprends pas tout. Comme dans ce que tu dis.

-Mais oui, on va y arriver : regarde le Macron, écoute-le quand il te parle,  il te dit qu’il veut que tu t’exprimes dans un grand débat où tu ne peux que répéter ce que tu lui dis depuis déjà deux mois, et qu’il sait déjà par cœur. Il te prend au moins pour un imbécile. Immédiatement, autour de lui, ils sont des centaines, voire des milliers, à faire semblant de se mettre à débattre avec un empressement servile comme si l’illusion d’être écoutés pouvait conduire à une satisfaction quelconque. Ne le sont-ils pas, un peu C ? Ils ont l’air contents .Pour que tu t’y mettes toi aussi, il a besoin que tu y croies, ne serait-ce qu’un tout petit peu.  Il te flatte, il t’endort. Il  veut te convaincre que…une purge est un plaisir. Il espère que tu seras assez C pour le croire. Certes, il y faut des heures de téloche et de bourrage de crâne, mais ça marche. Tu vas t’exprimer ? Tu t’exprimes ? Serais-tu content et C à la fois ?

-Et sans doute ça durera jusqu’à ce que les C n’aient plus envie de l’être.

-ça vient !

Jean-Marie Philibert.

mardi 15 janvier 2019

pan pan cucu


Pan pan cucu

Vous pensiez que manifester était un droit élémentaire dans une démocratie digne de ce nom. Comme vous n’êtes pas totalement inculte et idiot, vous savez qu’il n’en a pas toujours été ainsi, qu’il s’agit là d’un droit conquis de haute lutte qui est sous surveillance. Tous les régimes autoritaires ont fait et font le nécessaire pour le limiter, le réduire à ce qui est admissible, et s’il le faut l’interdire.

Manifester jette le trouble

Et même dans les systèmes dits démocratiques nous sommes dans un domaine ultra-sensible où manifester jette le trouble, où il est hors de question de laisser sans surveillance des citoyen(ne)s majeur(e)s, vacciné(e)s, responsables, instruit(e)s et honnêtes défiler avec pancartes, calicots et slogans dans une ville ou ailleurs, quel que soit le motif du défilé. De la vente du vin, au droit à l’avortement, de l’accueil des sans papiers à l’augmentation de salaires, de la défense de l’emploi à  tout ce que vous pouvez revendiquer. Manifester tient à la liberté de chacun et à son droit de penser ce qu’il veut et d’agir pour faire partager ses choix...

Bien sûr, dans le respect de la loi. Et c’est là aujourd’hui que jouent  les manœuvres multiples et variées pour faire que ce qui était simple devienne compliqué, voire impossible.

Manifester était simple

J’ai connu un temps où même si les textes stipulaient qu’une manifestation devait être déclarée aux pouvoirs publics pour être autorisée, ces textes-là n’étaient pas appliqués, à Perpignan, du moins, mais aussi bien souvent ailleurs.

Il suffisait de descendre dans la rue à l’heure que vous aviez choisie, avec tous ceux qui vous suivaient, avec toutes les pancartes que vous souhaitiez, pour suivre l’itinéraire qui vous convenait dont par politesse vous informiez le policier de service qui venait poliment vous demander où vous vouliez aller. Et il faisait le nécessaire pour que ça se passe bien. Certes il y avait un service de police qui s’appelait les renseignements généraux qui savait exactement de quoi il retournait, qui épluchait le journal local, qui vous questionnait auparavant sur le succès potentiel de la manifestation, sur ses raisons, sur la température ambiante. Mais son rôle, tel que je j’ai connu,  en plusieurs décennies d’activité manifestatoires intenses et non des moindres, 1995 Plan Juppé, 2000-Allègre, 2003-retraites n’a jamais outrepassé ce que j’ai décrit, c’est-à-dire l’accompagnement pacifique de la manif, y compris avec des Préfets qui n’étaient pas des tendres et qui ne voyaient pas toujours d’un bon œil les libertés que nous prenions. Un air de liberté soufflait en ces temps heureux sur les manifs, qui n’étaient pas nécessairement molles, mais qui ne subissaient pas d’entraves.

Taper sur tout ce qui bouge
Avec le plan d’urgence, avec des ministres de l’intérieur comme Valls, avec des préfets qui en rajoutent  dans le légalisme et dans la peur de tout ce qui bouge, avec un climat social dégradé, la tentation de rogner le droit de manifester s’est progressivement imposée pour le vider de son sens contestataire au nom de l’ordre public bien sûr.

Ainsi le Préfet des P.O. qui fait une fixette sur les gilets jaunes qui occupent les ronds-points au point de leur interdire de s‘y rassembler.

Parallèlement à cette évolution le recours systématique à des forces de police style robocop qui visiblement ont reçu des ordres et des armes pour taper sans ménagement sur des fauteurs de troubles patentés, dont les vidéos montrent qu’ils peuvent être d’un âge avancé, retraités, voire handicapés … Ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment, ils avaient sans doute aussi mauvais esprit. Ils étaient sans doute un brin provocateurs. Ils étaient admirablement placés pour prendre une dérouillée qui devrait leur apprendre ce que sont la force et la violence de la loi et de l’ordre. Cette violence policière n’est qu’un aspect du recul imposé aux droits et aux libertés dans la douce France. Arrestations, garde à vue, procès expéditifs. Cerise sur le gâteau : un fichier est en préparation pour repérer les manifestants méchants et les obliger à rester à la maison.

La stratégie de la tension est trop manifeste pour être improvisée et sans sens. Elle repose sur un mépris de classe évident et vise à perpétuer le désordre inégalitaire dominant.

Pour vous défouler, manantes et manants vétu(e)s de jaunes, vous avez maintenant le grand débat. Vous ne prendrez pas de coups.

Foin des manifs…

Sinon pan pan cucu !

Jean-Marie Philibert

lundi 7 janvier 2019

monsieurleprésidentjevousfaisunelettre...


Monsieur le Président,

je vous fais une lettre que vous lirez peut-être…

Vous avez annoncé votre intention de nous écrire tantôt pour nous dire que vous voulez qu’on débatte, vous nous écrivez pour qu’on parle dans un grand débat national où on ne pourra que répéter ce que vous savez déjà. Vous dévoilez ainsi une stratégie qui, venant de votre part, ne nous étonne pas : des mots… toujours des mots… pour nous enfumer… pour gagner du temps… pour attendre que la colère tombe … que les impatiences s’assagissent.

Inutile

Il n’y a rien de plus inutile que votre missive, d’autant qu’elle va nous coûter bonbon en timbres que vous avez si gentiment augmentés au  moment où vous vous plaignez des dépenses excessives de l’état. Vous pouvez faire là des millions d’euro d’économie et en même temps vous éviterez de nous énerver une nouvelle fois avec votre entêtement à nous convaincre que nous sommes de pauvres  couillons qui ne comprennent rien à rien. Parce que vous nous énervez au point que certains n’arrêtent pas de vous inciter à démissionner après moins de deux ans d’exercice du pouvoir. Vous avez été meilleur que Sarko et Hollande réunis. On a les records qu’on mérite et on peut dire que vous y avez mis du vôtre en bavant avec toutes les condescendances qu’il faut sur des gens dont certains, quoique modestes, avaient voté pour vous et que vous assommez de mesures antisociales.

La légitimité de votre pouvoir tient à un concours de circonstances où l’assentiment populaire est proportionnel à l’aversion qu’inspirait votre sinistre concurrente : votre intelligence supérieure aurait dû vous conduire à le comprendre dès le début de votre mandat. Mais non ! Vous avez fait le flambard, vous vous êtes pris pour Jupiter soi-même.

Contre le peuple

Au lieu de gouverner avec le peuple, vous avez gouverné contre lui, contre son droit du travail, contre ses retraités, contre ses services publics et ses fonctionnaires, contre l’hôpital, contre l’école. Et comme pour nous convaincre que décidément vous n’avez rien compris du tout : ces derniers jours, contre les chômeurs que vous pénalisez encore plus durement. Vous avez choisi la période idoine pour le faire, la Noël ! Serait-ce un cadeau ?

Et tout cela en pure perte : l’embellie économique promise, prévisible, attendue, souhaitée tient du mirage. Les pauvres le sont toujours autant et même un peu plus.  L’accumulation du pognon dans les poches des riches est, elle, une réalité tangible.  Merci qui ?

Quand vous dénoncez « le capitalisme ultralibéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns », de qui vous moquez-vous, vous, le produit de ce monde, avec la morgue qui va avec ?

Les psychologues ont à cœur de souligner que l’équilibre d’une personnalité repose sur ce qu’ils appellent « un amour de soi » lucide et résolu. J’ai l’impression  à relire votre déclaration du 31 décembre que chez vous, l’amour de soi s’est transformé en amour «  de moi, de moi, de moi, et rien que de moi », que vous n‘avez rien compris aux dernières semaines vécues par le pays, votre « détermination » est à la mesure de votre aveuglement.

Je vous souhaite pour 2019… quelques étincelles de lucidité…parce que vous savez … El pueblo unido…

Jean Marie Philibert.