les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 15 janvier 2019

pan pan cucu


Pan pan cucu

Vous pensiez que manifester était un droit élémentaire dans une démocratie digne de ce nom. Comme vous n’êtes pas totalement inculte et idiot, vous savez qu’il n’en a pas toujours été ainsi, qu’il s’agit là d’un droit conquis de haute lutte qui est sous surveillance. Tous les régimes autoritaires ont fait et font le nécessaire pour le limiter, le réduire à ce qui est admissible, et s’il le faut l’interdire.

Manifester jette le trouble

Et même dans les systèmes dits démocratiques nous sommes dans un domaine ultra-sensible où manifester jette le trouble, où il est hors de question de laisser sans surveillance des citoyen(ne)s majeur(e)s, vacciné(e)s, responsables, instruit(e)s et honnêtes défiler avec pancartes, calicots et slogans dans une ville ou ailleurs, quel que soit le motif du défilé. De la vente du vin, au droit à l’avortement, de l’accueil des sans papiers à l’augmentation de salaires, de la défense de l’emploi à  tout ce que vous pouvez revendiquer. Manifester tient à la liberté de chacun et à son droit de penser ce qu’il veut et d’agir pour faire partager ses choix...

Bien sûr, dans le respect de la loi. Et c’est là aujourd’hui que jouent  les manœuvres multiples et variées pour faire que ce qui était simple devienne compliqué, voire impossible.

Manifester était simple

J’ai connu un temps où même si les textes stipulaient qu’une manifestation devait être déclarée aux pouvoirs publics pour être autorisée, ces textes-là n’étaient pas appliqués, à Perpignan, du moins, mais aussi bien souvent ailleurs.

Il suffisait de descendre dans la rue à l’heure que vous aviez choisie, avec tous ceux qui vous suivaient, avec toutes les pancartes que vous souhaitiez, pour suivre l’itinéraire qui vous convenait dont par politesse vous informiez le policier de service qui venait poliment vous demander où vous vouliez aller. Et il faisait le nécessaire pour que ça se passe bien. Certes il y avait un service de police qui s’appelait les renseignements généraux qui savait exactement de quoi il retournait, qui épluchait le journal local, qui vous questionnait auparavant sur le succès potentiel de la manifestation, sur ses raisons, sur la température ambiante. Mais son rôle, tel que je j’ai connu,  en plusieurs décennies d’activité manifestatoires intenses et non des moindres, 1995 Plan Juppé, 2000-Allègre, 2003-retraites n’a jamais outrepassé ce que j’ai décrit, c’est-à-dire l’accompagnement pacifique de la manif, y compris avec des Préfets qui n’étaient pas des tendres et qui ne voyaient pas toujours d’un bon œil les libertés que nous prenions. Un air de liberté soufflait en ces temps heureux sur les manifs, qui n’étaient pas nécessairement molles, mais qui ne subissaient pas d’entraves.

Taper sur tout ce qui bouge
Avec le plan d’urgence, avec des ministres de l’intérieur comme Valls, avec des préfets qui en rajoutent  dans le légalisme et dans la peur de tout ce qui bouge, avec un climat social dégradé, la tentation de rogner le droit de manifester s’est progressivement imposée pour le vider de son sens contestataire au nom de l’ordre public bien sûr.

Ainsi le Préfet des P.O. qui fait une fixette sur les gilets jaunes qui occupent les ronds-points au point de leur interdire de s‘y rassembler.

Parallèlement à cette évolution le recours systématique à des forces de police style robocop qui visiblement ont reçu des ordres et des armes pour taper sans ménagement sur des fauteurs de troubles patentés, dont les vidéos montrent qu’ils peuvent être d’un âge avancé, retraités, voire handicapés … Ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment, ils avaient sans doute aussi mauvais esprit. Ils étaient sans doute un brin provocateurs. Ils étaient admirablement placés pour prendre une dérouillée qui devrait leur apprendre ce que sont la force et la violence de la loi et de l’ordre. Cette violence policière n’est qu’un aspect du recul imposé aux droits et aux libertés dans la douce France. Arrestations, garde à vue, procès expéditifs. Cerise sur le gâteau : un fichier est en préparation pour repérer les manifestants méchants et les obliger à rester à la maison.

La stratégie de la tension est trop manifeste pour être improvisée et sans sens. Elle repose sur un mépris de classe évident et vise à perpétuer le désordre inégalitaire dominant.

Pour vous défouler, manantes et manants vétu(e)s de jaunes, vous avez maintenant le grand débat. Vous ne prendrez pas de coups.

Foin des manifs…

Sinon pan pan cucu !

Jean-Marie Philibert

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