Une leçon parmi d’autres
Covid… confinement… masque…. Contagion… inégalités sociales criantes… vie difficile, voire impossible, pour tous les exclus… petites lâchetés quotidiennes… ennui… subterfuges … inquiétudes pour les lendemains … protection et un peu de trouille quand même … éloignement de ceux qu’on aime … admiration pour ceux qui côtoient le virus et les malades … attente du 11 mai, enfin … les nouvelles bof-bof … le TC qui fait son possible … la clique à Macron qui pédale sans discontinuer dans la choucroute … internet heureusement pour rendre la solitude un peu moins insupportable … les vingt ans de ma petite fille par vidéo-conférence, mon dieu est-ce possible… les enfants à la maison… la vie sociale, syndicale qui tente de ne pas se scléroser… les mensonges d’état … les morts isolés, expédiés vite vite… et les vieux, les personnes âgées, « nos aînés », plus menacés que d’autres par le virus, ceux des ehpad en particulier, privés de tout, des leurs, de libertés, d’espoirs. Ce n’est plus la double peine, c’est la triple, la quadruple …
La question
Après les interrogations qui nous
assaillent dans ces temps de dé-confinement : faudra-t-il porter un
masque ? La distanciation sociale sera-t-elle respectée ? N’y-a-t-il
pas de risques à se retrouver tous trop nombreux partout ? L’économie
va-t-elle redémarrer ? … il faudra
revenir sur une question qui se fait de plus en plus prégnante pour moi et qui
me paraît au centre de notre citoyenneté et plus largement de notre devoir
d’hommes et de femmes dignes de l’être en toute lucidité : la place que
nous avons faite aux plus âgés d’entre nous, aux plus fragiles, aux plus
dépendants, dans ces circonstances exceptionnelles est-elle à la hauteur de
notre humanité ? Pour les temps d’après n’y-a-t-il pas quelques leçons à
tirer des événements ?
La fin
Commençons par la fin : je
l’ai déjà dit, mais j’éprouve le besoin de me répéter, signe que je me
rapproche de ces temps où l’on répète plus qu’on ne le voudrait. Je répète
donc. Je suis révolté par le sort réservé à ceux qui y ont laissé la vie, les
proches interdits, les derniers instants dans l’anonymat, si ce n’est la
sollicitude des soignants souvent catastrophés, la mise en bière immédiate, les
obsèques en catimini, l’immensité de la douleur. De plus ceux et celles qui perdaient, perdent un être
cher ont, aujourd’hui encore, à assumer leur peine solitaires ou presque dans
leur coin, sans la solidarité, l’empathie
aux abonnés absents, « est-ce
ainsi que les hommes meurent… »
Et puis comble de l’élégance, les statistiques officielles dans un premier
temps ne vont pas compter les victimes du corona dans les ehpad, et les ehpad
pour s’éviter une vilaine publicité les tairont le plus longtemps possible.
Plus jamais ça. Honte à ceux qui l’ont imposé !
Notre responsabilité
Tous nos aînés n’ont pas connu la même fin
tragique, mais tous ont eu à affronter une solitude imposée, un enfermement
souvent contraint, une incompréhension profonde, le sentiment d’un abandon qui
était tout sauf mérité, une fragilité contre laquelle il pouvait leur manquer
la force de se battre. Les intervenants des ehpad témoignent de cette perte
d’appétit de manger et de vivre qu’ils ont pu ressentir, qu’ils ressentent, chez leurs pensionnaires. Les circonstances
certes sont exceptionnelles, mais l’impréparation, le manque de protection, le
manque de personnels ont conduit pour éviter le pire à adopter des mesures qui
n’ont plus rien d’humain et à faire reposer sur les épaules des soignants des
responsabilités qui étaient collectives, sociales, politiques.
La réponse
Avec une question fondamentale qui
nous concerne, nous concernera tous, nous, nos proches, ceux que l’on aime, et
même ceux que l’on déteste : que fait-on du GRAND AGE ? Cette
question le corona nous la jette à la gueule ! Nous voulons vivre vieux,
nous voulons des retraites décentes, nous voulons des vies dignes d’être vécues
jusqu’à leur terme et nous avons raison. Il y faut des droits, des budgets, des
choix économiques et politiques, des comportements sociaux et familiaux
solidaires et fraternels, un juste partage des richesses qui n’oublie pas ceux
qui pendant des lustres les ont produites et sans aucun doute … une volonté
progressiste et transformatrice qui secouera enfin le cocotier des égoïsmes de
tous ceux qui ne voient le salut que dans l’entassement de leur pognon.
Et là, ça concerne les âgés comme
TOUS les moins âgés. Le corona nous a posé la question et mis aussi sur la voie
de la réponse.
Jean-Marie Philibert
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