les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 26 octobre 2020

EN FINIR AVEC LES FANTOMES

 

En finir avec les fantômes

 

Parmi les paradoxes de notre temps, je crains qu’il y en ait un qui ait malheureusement encore de beaux jours devant lui. Nous vivons les temps de la communication « touzazimut », en live, avec la terre entière, sans barrière, sans retenue, sans surveillance ( j’ai envie d’ajouter, sans conscience). On ne peut pas dire que cette luxuriante communication nous ait conduit à des avancées morales, intellectuelles, politiques, idéologiques, culturelles à la hauteur de nos attentes et de besoins sociaux accrus. Ce serait même le contraire : les tragiques événements de ces derniers jours illustrent de façon violente et barbare le déphasage absolu qu’il peut y avoir entre nos smartphones, nos ordis, tous les réseaux sociaux et la/les lumières  qui ne devraient pas cesser d’être allumées au fond de nos cervelles.

Hégémonie et terreur

Mais malheureusement au quotidien il n’y en a que pour la com mondialisée, que pour les écrans qui captivent nos regards et notre attention, qui règnent sur nos vies au point d’y voler une part de notre humanité et de permettre à des fous furieux de nous entraîner vers des temps obscurantistes où il deviendrait illusoire de croire à notre capacité à maîtriser notre destin. Les fanatiques en tous genres en ont bien compris les pouvoirs. Ils tentent d’en utiliser toutes les capacités pour mettre en œuvre une hégémonie qui ne recule pas devant la pire terreur ; Ainsi l’assassinat d’un professeur d’histoire qui croyait et voulait faire croire à la liberté de pensée et d’expression… et bien évidemment sa diffusion sur les réseaux sociaux.

Fatalisme ?

D’où notre sidération, d’où le trouble profond qui traverse la société au point que, dans toutes les communes, un hommage a été rendu à Samuel Paty. Mais aussi et malheureusement, comme un fatalisme devant les intolérances, les discriminations, les divisions de la société, les bouleversements culturels, la montée des intégrismes, les repliements communautaires.

En dehors des déclarations martiales, des hommages officiels, des coups d’épées dans la fourmilière terroriste, serions-nous impuissants devant cette dérive mortifère ? En particulier face à l’utilisation des réseaux sociaux comme arme imparable pour pénétrer dans les profondeurs du tissu social et lui faire perdre ses valeurs fondamentales ?

Sus à l’anonymat

Je ne le crois pas ! Mais dans le même temps je perçois chez les responsables de ces réseaux, et tous ceux qui politiquement, médiatiquement sont en lien avec eux, une très grande réticence à rogner les ailes de ces puissances nouvelles qui seraient comme des parangons de la liberté de pensée et d’expression.

Pensez-donc, pouvoir tout dire, tout montrer, avec un simple clic, avoir des followers pour les pires sottises et bien sûr en toute impunité, grâce à un anonymat bien commode. On peut ainsi surmultiplier son ego en proférant des énormités et en trouvant des imbéciles pour vous croire. Tout ce qui est dans la société est illicite, la diffamation, les menaces, la propagation de fausses nouvelles et j’en passe, est bien venu sur les réseaux sociaux. La société serait donc condamnée à ne plus se protéger : on en mesure les conséquences.

Je pense très profondément qu’il est plus que  temps d’en finir et que la première parade immédiate réside dans la fin d’un anonymat suicidaire pour tous : ce n’est pas une question de spécialistes de la toile, qui vont trouver toutes les raisons de continuer à faire comme avant. C’est une question politique, morale, philosophique, très liée à ce que Samuel Paty tentait d’apprendre à ses élèves : la liberté d’expression et de pensée impose sur la toile, comme dans la vie sociale, des citoyens responsables d’eux-mêmes, pas des fantômes.

Jean-Marie Philibert.

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