les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 18 mai 2021

MIMI

 

MIMI

 

Les quarante ans du 10 mai 1981 ont été l’occasion d’’une béatification de François Mimi qui a occupé les écrans et les antennes pendant de longs jours. Et nous avons vu ressurgir les acteurs/ fantômes d’un passé pas si lointain que ça. Mais, à les écouter, on ne peut pas dire que les années écoulées aient clairement allumé leur lucidité quant au sens des événements qu’ils ont vécus.

Il n’est pas toujours facile d’être l’historien de son passé. La mémoire vous joue des tours. Et il est toujours délicat, voire douloureux, de rappeler quelques erreurs et quelques turpitudes. Quant aux auteurs, réalisateurs des films/documentaires présentés, ils avaient tous choisi de rester dans la vérité officielle d’une histoire, définitivement terminée, et qui n’avait rien à voir avec les temps que nous vivons, où la gauche, son union, la transformation sociale, la justice, la solidarité sont des gros mots que la macronie croit avoir définitivement entreposés dans les archives poussiéreuses d’une vie politique d’un autre temps.

Le 10 Mai 81 : des survivances qui ne servent plus à rien, si ce n’est à faire des souvenirs émouvants pour nostalgiques dépassés.

 

UNE VÉRITÉ PARTIELLE ET PARTIALE

C’est là mon sentiment après avoir vu plusieurs de ces émissions, bien faites au demeurant, mais dans lesquelles, le témoins de ces événements que je fus, ne retrouvait qu’une vérité très partielle, et aussi très partiale, où l’un des éléments clefs de la vie politique d’une nation, le rapport au peuple et aux forces qui le constituent passait régulièrement par pertes et profit au bénéfice d’un pittoresque sans intérêt, d’une sentimentalité mémorielle.

D’abord la plus grande des injustices de ces hagiographies, repose sur le rôle marginal dévolu aux forces  qui ont fait 81, qui ont construit les transformations sociales à l’œuvre, qui depuis des années se sont battues pour qu’existe un programme commun de gouvernement qui s’engageait à les réaliser.

Le PCF a été à la manœuvre pendant des années pour le construire, lui donner sens, le rendre crédible comme éléments clé de la satisfaction des besoins d’un peuple, d’une classe laborieuse que le giscardisme ambiant vouait aux gémonies. Il ne s’agissait de rien moins que de s’attaquer aux forces de l’argent, de prendre par les urnes un pouvoir dont  la bourgeoisie au pouvoir ne croyait détentrice au libidum, de travailler à une équitable répartition des richesses.

Le mouvement social de ce temps, avec des sensibilités diverses a voulu y croire. Les forces syndicales, certes à des degrés divers, y ont vu des possibilités sérieuses, Les cocos ont été au cœur de ce processus. Mais silence radio, ou presque, sur leur rôle, sur le programme commun. 

 

POUR UN CHAMBOULEMENT GENTIL

Les seules évocations de la nouveauté qu’il représentait en ce temps portaient sur sa dimension chamboulisatrice, (« attention ils vont tout péter ) et sur la sagesse prudente de François Mitterand de ne pas se laisser enfermer dans un engagement contraignant avec le peuple. Pour cela il lui a fallu en rabattre sur ses ambitions en édulcorant les propositions tout en les laissant dans le paysage. Faire croire à un changement, mais soft. Le programme commun ne l’est plus. Les couillonnés sont nombreux...

Je regrette que la commémoration de cet anniversaire n’ait pas cherché à provoquer ce débat sur les changements tangibles qui sont et restent au cœur de la démarche de gauche aujourd’hui.

 

LA QUESTION DE FOND

La prise populaire du pouvoir peut-elle se limiter à quelques accommodements périphériques ou doit-elle s’attaquer à tenter de construire une société où le bien être de tous passe avant le profit de quelques uns ? Le libéralisme échevelé dans lequel le monde dit « libre » s’est enlisé alors a justifié tous les renoncements. Quelques années plus tard, l’effondrement du bloc de l’Est illustrera les résistances du réel à nourrir les illusions. Les contraintes de la construction européenne contribueront aussi à assagir les ambitions les moins réalistes.

François Mitterand a vite sombre dans le périphérique avec le souci majeur de conserver un pouvoir pour un Parti socialiste qui revenait de loin et qu’il voulait ancrer dans le jeu  politique comme seule alternative possible en reléguant le PCF au mieux dans un rôle d’appoint, au pire dans une situation d’ornement désuet. Sans se rendre compte que cette opération fragilisait la gauche dans son ensemble. Avec les retombées culturelles, idéologiques, que cela a entraîné dans un bouleversement des consciences.La mienne bien sûr, mais pas que...

Jean Marie Philibert.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire