les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 4 mai 2021

Les généraux ... et Colette

 

Les généraux… et Colette

 

Mon amour immodéré des militaires, et parmi eux des généraux, m’a incité à choisir de vous parler de l’initiative collective que certains d’entre eux, à la retraite, ont prise en lançant un appel au gouvernement pour qu’il se ressaisisse contre les dangers qui menacent la patrie. S’il ne ressaisit pas l’armée d’active, la vraie, pourrait passer à l’attaque et déclencher la guerre civile contre une république qu’ils ne semblent pas beaucoup aimer.

Je vais vous dire ce qu’ils m’inspirent, ce qu’ils nous cachent aussi, ce que leur appel révèle pour les citoyens que nous sommes. Mais je veux l’accompagner du remède indispensable dans une vie politique qui semble perdre la boule : une évocation d’une autre teneur, celle de Colette, résistante de 93 ans, qui est au centre du documentaire réalisé par Anthony Giacchino, produit par Alice Doyard,  et qui vient d’obtenir un oscar au States. Quand on a une purge à avaler, il faut l’accompagner d’une douceur et d’une espérance.

Commençons par le pire.

Des décennies après la tentative de coup d’état des généraux Salan, Challes, Zeller et Jouhaud, c’était un 21 avril (1961) à Alger, quelques étoilés d’aujourd’hui,  en retraite, se sont pris à rêver : la nostalgie sans doute. Après une vie tristounette, de garnison en garnison, où les exploits guerriers ne les ont que modérément occupés et où ils ont eu tous les loisirs possibles pour baver sur la république, cette gueuse, ne voilà-t-il pas qu’ils perçoivent comme une menace qui, depuis les banlieues, sape les fondements de notre civilisation que sont, depuis toujours et pour longtemps, les valeurs de l’occident, j’ajoute, blanc, chrétien et de droite (toute).

Droite est, là, un euphémisme pour dire un peu plus, de droite pure et dure, celle qui lève le menton, qui aime la force, le pétainisme, et les inégalités congénitales qui font une civilisation supérieure. Ils lorgnent vers la famille Le Pen, et les sbires qui les accompagnent. Ils se réjouissent qu’une force politique partie dans les poubelles de l’histoire puisse, à l’occasion d’une crise de société qu’ils espèrent sans issue, revenir occuper le devant de la scène.

Je crois comprendre qu’ils ne sont pas insensibles aux efforts de la Marine (pas les bateaux, la fifille) pour occuper le devant de la scène aux prochaines présidentielles. Leur intervention, dans un climat trouble, ne vise qu’à jeter un peu plus de trouble en imaginant le pire : la guerre civile. Après le corona, on ne pouvait pas rêver mieux pour eux et nous.

La négation de l’histoire

Je plaisante, mais j’ai tort. Ces gens sont dangereux, inutiles et tournent délibérément le dos aux aspirations d’un pays à vivre moins mal, à profiter des fruits de son travail, à construire de la solidarité, de la justice, à mettre en œuvre une politique progressiste qui le permette. Ils nous refont le coup des milices fascistes de 34, des inquiétudes qui les ont accompagnées, de l’incurie des gouvernements successifs à répondre aux besoins du peuple pour nous entraîner dans une histoire qui est la négation de l’histoire.

Comme si nous avions perdu la mémoire (je crains que nous l’ayons un peu  perdue). La bête immonde du fascisme l’avons-nous oubliée ? La déportation, les massacres, les génocides, les horreurs, les tortures, l’arbitraire généralisé en sont les produits.

Colette

Colette, la résistante de 93 ans, oscarisée, n’a rien oublié, même si elle a beaucoup fait pour panser ses plaies à la suite de l’arrestation de son frère pour des actes de résistances qu’elle dit avec modestie avoir partagés. Elle va sur les traces de la mort de ce frère au camp de Dora-Mittal où nous l’accompagnons avec une jeune étudiante Lucie, qui travaille sur la déportation. Elle a attendu ses 93 ans pour faire ce pèlerinage de la mémoire  et se trouver confrontée aux travaux forcés des déportés. Sa douleur violente est faite de retenue et de révolte rentrée devant l’inhumanité qui peut s’emparer d’un pays fasciste. Elle témoigne pour que l’on n’oublie pas, pour qu’on n’oublie pas ce four crématoire, emblématique du nazisme.
La bague, faite par son frère, seul bien qui lui reste de lui, elle l’offre, à la fin du documentaire, à l’étudiante qui l’accompagne, comme pour lui passer le relais  dans ce combat jamais achevé contre une hydre qui en veut à notre humanité. Dans nos temps difficiles, ce documentaire est aussi un relais qui nous est passé. A voir absolument et gratuitement (sur You Tube).

Jean-Marie Philibert.

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