les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 26 mai 2021

Mimi...suite

 

 « Une main tremblante »…mais des esprits libres.

 

Ma dernière humeur sur « Mimi » a suscité chez mon très cher camarade et inaltérable compagnon de lutte syndicale et politique, Jean-Pierre Kaminker une réponse qui présente l’intérêt de préciser ce moment de l’histoire, que j’avais évoqué, sans en préciser avec exactitude toutes les données. Je vous propose de lire ci-dessous  l’essentiel de son texte qui illustre le trouble suscité chez tous et chacun, en particulier chez les membres du PCF. On y voit à l’œuvre ce que j’appelais dans la conclusion de mon humeur les prémices du … « bouleversement des consciences. »

 

« Mon très cher Jean-Marie

            … Je t’accorde tout ce que tu dis sur le traitement de l’événement  par certains médias, et je te crois d’autant plus volontiers que je n’ai pas la télé. Mais je butte sur le sort que tu fais au Programme commun de gouvernement. A juste titre tu fais honneur au Parti communiste d'avoir bataillé, avec succès, jusqu’à ce qu’à ce qu’il soit signé. Mais tu exposes le lecteur distrait à croire, en te lisant, que ce Programme est celui sur lequel Mitterrand s’est fait élire ce jour-là. Or nous savons bien ce qu’il en fut, toi et moi qui avons vécu cette histoire : scellé en juillet 1972 entre le PCF, le Parti Socialiste, qui venait de tomber dans les mains de Mitterrand, et le MRG (radicaux de gauche), l’accord sur ce programme vola en éclat cinq ans après sa signature (septembre 1977), en sorte que Mitterrand mena sa campagne contre Giscard en avançant un texte de sa façon intitulé Cent-dix propositions. C’est là-dessus qu’il rallia au premier tour un quart des suffrages, contre 18% à Giscard, et c’est sur cette base qu’il eut au second tour le soutien du PCF, avant d’accorder à celui-ci quatre fauteuils ministériels, d’ailleurs assez vite abandonnés.

 

            Quant à Georges Marchais, d’avoir été le plus ardent promoteur de feu le Programme commun, cela ne lui valait que 15,4 % des voix, un score à comparer, pour nous, aux deux plus proches comparables : Jacques Duclos rétrospectivement (21,3 en 1969) et prospectivement Lajoinie (6,8 en 1988). Les raisons ne manquaient pas ce 10 mai 81 de se méfier de ce qui allait s’ensuivre, et je ne me cache plus aujourd’hui d’avoir été de ceux qui ont voté Giscard au 2° tour. D'une main tremblante, certes, mais sentant bien que l’union de la Gauche se trouverait mieux d’un combat contre un Giscard réélu de justesse, que d’un soutien à  ce Mitterrand, que l’Histoire avait déjà jugé.

 

            Une connaissance fine et scrupuleuse de leur histoire est nécessaire aux communistes, s’ils veulent réfléchir collectivement à l’Union de la Gauche sous ses deux aspects contradictoires : un leurre et une nécessité.

 

            Je t’écris ces lignes pour le plaisir de communiquer et de moi à toi. Mais si tu veux les proposer au comité de rédaction, de ta part et de la mienne, pour publication en tout ou en partie, libre à toi.                                      Bon courage et amical salut, J.P.K.

 

Mon très cher Jean Pierre,

Au-delà du plaisir de te lire, ton propos me conduit  à me poser des questions essentielles, moi qui ai voté Mimi, celle de la fragilité de nos opinions, celle de notre participation, sans doute modeste,  à l’histoire par des voies divergentes, tout en partageant les mêmes valeurs, et enfin et surtout celle de notre indéfectible liberté de pensée. En effet par-delà les péripéties politiques et les choix à faire dans le secret d’un isoloir nous avons l’un et l’autre secoué nos certitudes et nos engagements  dans des consciences qui n’étaient sûres de rien, mais qui savaient les responsabilités qu’elles prenaient. Quarante ans après je ne suis pas certain que tu aies eu tort, je ne suis pas du tout certain d’avoir eu raison. L’histoire n’a pas tranché : elle nous laisse confrontés à nos doutes fondateurs de notre humanité et à notre lutte quotidienne pour que le monde change.

 

Jean-Marie Philibert

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire