Vive la poésie
petit cadeau pour les vacances
Encore une fois je suis partagé avant de
prendre quelques semaines de repos. Ou je mets une nouvelle couche sur le
parvenu, le blanc bec qui se prend pour Jupiter. Ou je nous envoie dans l’autre
monde souvent plus vrai que le « vrai », celui que j’aime bien parce
qu’il fait du bien : je veux dire le monde de la poésie. Je vais même vous
donner une clef pour y accéder, pendant ces temps de liberté, en vous faisant
poète.
Comment que tu
fais ?
Demanda-t-on un jour à un poète de mes amis,
qui m’est aussi précieux que cher. Voilà la réponse :
« Comment
que je fais ? La recette ! Quoi ! Enfin
!
Il n’y en a
pas une, mais de multiples qui reposent toutes sur le même principe, le
relâchement musculaire, la position avachie, les sofas profonds, l’extension
des jambes inertes, le corps le plus pesant possible…J’oubliais … La solitude,
le silence, le désert…
Bannissez tout
mouvement dans une très large sphère autour du point de méditation !
Le point de méditation
Postez vos
neurones en embuscades autour du point en question et dites-leur de faire
semblant de dormir, rêver, divaguer, et
d’observer, noter tout ce qu’ils verront entendront, sentiront.
Si le point de
méditation récalcitrant, pris par l’atmosphère générale donne des signes de
fatigue ou cherche à s’échapper vers des espaces d’une triviale quotidienneté,
qu’ils interviennent, qu’ils se moquent d’une telle désinvolture devant la
chose poétique, qu’ils piquent la bête au cœur, jusqu’au sang, s’il le faut,
romantisme oblige !
Il faut une
saine émulation entre des neurones indisciplinés et foncièrement méchants et un
point de méditation qui a l’habitude de
faire ce qu’il veut.
Ô surprise :
l’émulation peut provoquer l’inattendu, le branle de la plume !
Ça démarre
Quand cela
démarre et ça démarre forcément pour qui sait attendre, mettez dans le point
susdit tout : souvenirs, sensations, colères, plaisirs, hantises, conscient et
inconscient, gratouillis, libido… Tout, vous dis-je. Et que tout ce beau monde
parte errer dans les couloirs dans une
sarabande bruyante, comme des somnambules ivres et besogneux, heureux de
trouver dans leur gesticulation des raisons de vivre, enfin.
La plume les
traque, aux bruits, à la voix, à l’odeur. Elle enregistre. Elle les écoute.
Elle rigole. Elle danse. Elle se contorsionne, sans se montrer, pour sûr, en
gardant ses distances, toujours la distance dans cet espace libre entre
méditation et traque discrète.
Les mots
prennent forme, se dessinent, se colorient, se chantent. Ils dansent. Leur
rythme est syncopé, heurté, même si parfois des vestiges d’académisme venus de
leur papa et maman ressurgissent. Ce sont des enfants, ils auront le temps de
s’indiscipliner. La pagaille est un bon signe. Le trouble n’en sera que plus
grand, l’invention plus intéressante. Tout saute, crie, grouille.
Une carnavalade échevelée…
Laissez faire
! Éloignez- vous sur la pointe de votre plume. Laisse- les entre eux. Profitez
du spectacle. Notez tous les mots qui parviennent jusqu’à vous. Ne cherchez pas
à faire durer un instant aussi précieux. Il n’est pas de notre monde.
Partez !
Partez sans vous retourner ! En répétant sans cesse le refrain des mots
entendus. Apprenez-le par cœur. Gravez-le avec votre plume dans vos neurones.
Soulagés,
fatigués, le forfait accompli, ces mots si précieux se blottiront dans votre
tête, dans votre cœur. »
Si vous avez lu jusqu’au bout, vous avez été
courageux. Vous avez le droit d’essayer et de mettre un peu de poésie dans un
monde qui en manque cruellement. Vous avez la recette : celle qui peut
rapporter gros. Enfin… on peut toujours rêver !
Jean-Marie Philibert … qui a vraiment besoin de
vacances !!