VOIR LA
POESIE
Question de pédagogie : comment faire pour sortir la
création la plus contemporaine de ses terres réservées à ceux qui savent, qui
croient savoir, qui disent comprendre et apprécier ? Un constat est
nécessaire : il se trouve souvent que ce public-là est limité, souvent
socialement déterminé, et j’ajouterais qu’il a sans doute envie de le rester.
Au TC dans le domaine culturel, local, mais pas seulement,
nous faisons notre possible pour faire notre bonheur de tout ce que nous
voyons, de ne pas nous laisser enfermer dans les habitudes et les traditions,
de nous ouvrir à la création vivante et de travailler à sa reconnaissance. D’où
déjà dans une précédente édition, une évocation du travail mené à Ille sur Têt
par André Rober, et aujourd’hui une approche de la poésie visuelle dans le
cadre de la Cinquième biennale internationale de poésie visuelle qui se teint,
parallèlement, à Ille à El taller Treize et à Saleilles à l’atelier C.
Des expositions à voir, des initiatives à soutenir. Une occasion pour nous
aider à relever le défi lancé au début de cet article : ouvrir l’art à
tous !
Je reste persuadé que les enjeux ne sont pas que culturels,
qu’il y a dans les formes d’art les plus modernes des acquis à faire partager
au plus grand nombre qui peuvent y trouver matière à émancipation. Beaucoup de
créateurs s’insèrent sans hésiter dans cette lignée et n’hésitent pas à
répandre partout où ils le peuvent un peu de leurs innovations pour ouvrir sur
des perspectives nouvelles et perturber des lignes que d’aucuns, un peu réacs,
souhaiteraient intangibles.
La poésie visuelle est une voie d’accès à une démarche
d’ouvertures sur des domaines qui sont tout sauf univoques. D’abord à cause des
supports, d’un côté, la poésie des mots, des textes, de leur mise en page, d’un
autre côté aussi le graphisme, les formes, les couleurs, les images, leurs
contenus et leurs provocations qui résonnent avec ces textes. Pas exactement
comme des illustrations qui viendraient accompagner, enjoliver, la poésie. Mais
plutôt comme des signes qui la tirent à hue et à dia. Qui s’inspirent d’une
esthétique libertaire. Au point souvent de nous laisser pantois et de nous
confronter à notre propre interprétation où les mots et les images se
superposent, avec tous les embrouillaminis possibles et impossibles. A nous de
construire le sens, notre sens. Un conseil fraternel : ne vous découragez
pas, ne vous imposez rien, mais laissez-vous porter par ce qui vous parle, par
ce qui séduit vos yeux. Et cela peut vous parler dans toutes les langues, la
poésie visuelle est internationale, comme toutes les images, et comme les biennales organisées à Ille depuis 2013.
Le catalogue édité dans la revue Nuire ( N °8) qui reproduit
un certain nombre d’œuvres en montre la richesse, et peut constituer une entrée
intéressante dans ce que la poésie peut donner à voir.
Alors, quelques illustrations de ce mystère de la création.
Ouvrez grands les yeux pour y voir le mystère de la poésie et rendez-vous à
Ille et Saleilles.
Jean-Marie Philibert
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