les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 27 juin 2022

Perpignan capitale mondiale

 

Se tromper et tromper son monde

 

 

Dans ces temps où Perpignan semble faire marche arrière et où la municipalité d’Aliot a les chevilles qui enflent en proclamant la ville capitale de quelque chose, il est tout à fait logique d’interroger un événement (le congrès du Cercle algérianiste) qui se nourrit sciemment de toutes confusions. Elles justifient  des initiatives politiques qui n’ont pas d’autres buts que de nous rouler dans la farine : on ne pourrait rien attendre d’autre d’un Rassemblement National qui se sent des ailes et prétend devenir un parti républicain comme les autres. Mais pour cela il n’hésite pas à s’asseoir sur les fondements de la république, en particulier sur l’histoire.

Compréhension critique

Allons-y progressivement. Cherchons à comprendre ce qui se joue, ici et maintenant, à propos d’événements qui ont plus de soixante ans, ce qui sur l’échelle de l’histoire est peu. Mais la distance peut aider à leur  compréhension critique. Il y a l’écume des choses, les souvenirs qui se bousculent, le sentiment de terres perdues, la conscience pour de nombreux rapatriés d’ Algérie d’un destin qui est passé, passé trop vite alors qu’ils l’avaient cru sans doute éternel, qu’ils avaient voulu le croire tel, qu’ils avaient fait confiance à ceux qui leur avaient menti. En 1962, d’Alger, d’Oran à Port-Vendres et Perpignan, notre bord de la Méditerranée fut le lieu de cet exode, douloureux, violent. Un afflux considérable de population à l’accent pied noir a marqué le visage et l’histoire de notre ville, jusqu’à la faire croître et proliférer. Nous étions dans les trente glorieuses et les choses étaient plus faciles.

Les complaisances municipales

La récupération politique de la municipalité d’Aliot a commencé bien avant lui et l’ancrage à droite de la ville semblait en être une résultante naturelle. Alduy, Pujol ont aidé la nostalgie à vivre. Le Front national y a vu une aubaine. De la droite à son extrême ici la distance est courte et il a suffi à Aliot de surfer sur une vague algérianiste pourvue des généreux concours des municipalités jusqu’à présenter aujourd’hui la ville comme capitale mondiale des Français d’Algérie. Et bien sûr faire oublier ses racines catalanes que visiblement il déteste. Ce faisant, il se dévoile  un peu plus pour ce qu’il est, alors que d’habitude il semble avoir un meilleur souci de sa présentabilité.

Là, il revient et nous entraîne sur ses fondamentaux : la colonisation de l’Algérie fut une grande œuvre, l’exploitation des hommes-femmes et terres de ce pays fut un moment fort de la puissance de notre impérialisme, d’autant qu’on a sorti ce pays du moyen âge pour l’ouvrir à la culture frrrrançaise. Les esprits ne sont pas totalement décolonisés, au RN plus qu’ailleurs.

Les résistances tenaces du TC

Ce qui conduit inexorablement à se tromper et à tromper son monde faute de voir le réel tel qu’il est. Ces affabulations historiques et politiques débordent largement de la seule sphère de l’extrême droite : elles sont à l’œuvre aussi dans une idéologie réactionnaire qui aime les simplifications, qui est allergique à toute approche dialectique. Cette idéologie sert de fondement au rejet d’une démarche politique progressiste. De la confusion à la démission la frontière est étroite : voir les taux d’abstention qui battent des records. Et beaucoup d’événements sont ainsi exploités, schématisés, réduits pour qu’on n’y comprenne pas grand-chose.

Pour que notre conscience politique s’y perde !

Mais la force des esprits tient à leurs capacités de résistance qui peuvent nous surprendre, il est de la responsabilité d’une presse progressiste dont nous sommes de les aider à relever ces défis. La tâche est certes ardue, mais au TC nous avons les résistances tenaces et le souci de les faire partager.

Jean-Marie Philibert.

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