les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 27 mars 2023

La tête dans le guidon mais les neurones en éveil

« La tête dans le guidon, mais les neurones en éveil… » L’adage qui me sert de titre a meublé mes jours et mes nuits et m’a servi très souvent de repère, surtout en période agitée, dans ma double carrière d’enseignant et de syndicaliste. Je crois qu’elle reste d’actualité. Quand vous enseignez comme quand vous vous adonnez aux joies du syndicalisme, vous savez d’expérience que, comme sur un vélo, le surplace tient d’une acrobatie très éphémère : il faut avancer, sinon vos élèves s’ennuient et ne vous écoutent plus, vos camarades syndiqués vous engueulent, presque pour les mêmes raisons. Vous êtes donc dans le mouvement perpétuel, mais il est essentiel qu’il ait un (des) sens qui soi(en)t à la fois personnel(s) et collectif(s) dans le(s)quel(s) ils se reconnaîtront ? D’où un usage immodéré des neurones, de la discussion, des échanges, des débats. Et jamais, « j’ai raison tout seul ! ». Macron, lui, n’a jamais enseigné, ni fait du syndicalisme, ça se voit, mais ce n’est là qu’une parenthèse. Pour le droit social, c’est reparti Je veux avant tout parler de tous ceux qui sont à la manœuvre dans le mouvement social, inédit que nous sommes en train de vivre. Pour défendre un droit social constitutif de notre histoire, (du pas grand-chose, à un peu pour tous jusqu’à l’exigence de vivre heureux après une vie de travail), le mouvement syndical est reparti à la bataille, une nouvelle étape après 1995, 2003, 2010... et après l’échouage pour cause de covid de la retraite à point. Voilà les 64 ans de boulot obligatoires ! Une unité qui est la marque heureuse du temps Comme s’il s’agissait là d’un moment décisif, les organisations syndicales qui se regardaient peu ou mal, qui cultivaient leurs lopins de terre respectifs,( certains préférant les terres dures, d’autres les terres tendres) se sont mises à se parler , à se retrouver, à construire ensemble un mouvement dont l’ampleur ne cesse de surprendre pour dire que le monde du travail, du salariat, que la classe ouvrière relèvent la tête, que l’arrogance des nantis qui veut rajouter deux années supplémentaires à des vies souvent difficiles est une insulte pour le peuple. D’où une démarche qui devient sociale, populaire, politique et qui embrase le pays, semaine après semaine, dans une unité qui est la marque du temps. Le neurone syndical Je suis très profondément persuadé que le processus unitaire en cours, riche de potentialités inattendues, marque et marquera durablement les esprits. Bien sûr il nourrit les craintes des réacs qui ont le progrès social en aversion ; il suscite la duplicité de ceux (le RN) qui mentent en voulant donner l’illusion qu’ils défendent nos droits (comme Pétain). Ce processus a été pensé syndicalement, construit syndicalement, nourri syndicalement. Le neurone syndical a de la ressource et va devoir en garder, pour préserver ce qui a été construit, pour éviter les pièges d’un pouvoir aux abois, pour (re)construire le droit social avec tous ceux qui ont la justice en bandoulière. Ce sera compliqué. Certes la situation politique progressiste est ouverte, les appétits sont multiples et protéiformes, la prise de conscience d’une volonté populaire est forte pour nous sortir d’un marasme qui est social, démocratique, et aussi sans doute culturel. Les partis politiques « transformateurs » ont leur rôle important à jouer. Il faudra cogiter, inventer, bouger, travailler ensemble. Les hasards des calendriers font que des partis dont le PCF, des syndicats dont la CGT vont tenir leur congrès dans les périodes qui viennent, ils vont le faire compte tenu du contexte avec le nez dans le guidon pour ne rien manquer de ce qui avance, mais aussi avec les neurones en éveil. Jean-Marie Philibert

lundi 20 mars 2023

LA DEMOCRATIE EN DANGER

LA DÉMOCRATIE EN DANGER Il y faut énormément de culot, mais dans la bande à Macron on n’en manque pas, pour faire du 49-3 un passage obligé pour une décision politique démocratique. La première ministre qui n’avait pas caché son aversion pour cette procédure s’y est ralliée sans vergogne. Ainsi donc un texte sans majorité est considéré comme adopté si la motion de censure est rejetée. Comme si l’usage du 49-3 était la seule possibilité offerte à Macron quand il a compris que son texte sur les retraites ne passerait pas. Il aurait pu tout simplement le retirer et il aurait fait un plaisir immense à la majorité du peuple. Il aurait pu attendre le résultat d’un vote négatif, le constater et reprendre l’élaboration d’un nouveau projet social et progressiste (ça aurait changé). Il préfère le passage en force qui est en même temps un déni de démocratie. Au moment où ces lignes seront lues, les motions de censure auront donné leur verdict sans rien changer au fond, c’est à dire à une attaque frontale contre nos règles politiques, contre le parlementarisme, contre le droit. Mais aussi contre une donnée essentielle dans un pays riche et développé comme le nôtre : la démocratie sociale. Que signifient l’avalanche de journées d’action, de grèves, les millions de manifestants, les 90 % de la population hostile au projet, l’unité indéfectible de toutes les organisations syndicales et leur opposition, l’inscription de ce mouvement dans la durée ? Que la démocratie sociale, comme la parlementaire, dit non aux reculs sociaux. Ne pas l’entendre c’est se comporter en autocrate, c’est chercher tous les subterfuges pour tromper son monde, c’est tenter d’user de tous les pouvoirs et soutiens médiatiques, financiers et autres pour tordre un peu plus le cou à la démocratie. C’est de façon délibérée, ou pas, faire de lit de forces politiques à l’affût qui rêvent de la réduire, la détruire et qui semblent attendre que soit faite une partie du sale boulot. Après les motions de censure, un énorme travail nous attend : la construction d’une démocratie progressiste, sociale, juste, en prise directe avec les aspirations d’un peuple qui se bat pour cela. Jean-Marie Philibert

BRIBRI FACE A SON DESTIN

BRIBRI face à son destin Lors du dernier épisode de la série « L’Elysée en folie » (voir humeur du dernier TC), nous avions laissé Bribri aux prises avec un Manu qui faisait une fixette arithmétique. Il répétait de façon compulsive et irraisonnée « 64 ! 64 ! 64 ! » et refusait de recevoir les organisations syndicales… Depuis la catastrophe a eu lieu, 49-3, motions de censure et tout le toutim. Le feu aux poudres ! Bribri est atterrée. Elle prend conscience de la bêtise de son apprenti autocrate, de tout ce qu’elle risque de perdre, les Vuitton, la grande vie, les courtisans, les caméras. Elle entend même la colère populaire qui parvient à ses oreilles. Ouvre-t-elle les yeux ? Elle se confie à son journal intime… L’extravagance « J’ai besoin de toi, mon journal, pour te dire mon inquiétude, ma tristesse, mon désarroi. Tu sais je sais aussi, que je suis un peu responsable : j’ai laissé la bride abattue à mon jeune cheval fou, j’ai bien aimé toutes les acrobaties qu’il m’a fait faire, à gauche, à droite, à la fois et en même temps à droite et à gauche ; c’était génial. Le public restait estomaqué devant tant de prouesses, les palefreniers en oubliaient leurs modestes destins pour croire au miracle d’un jeune prodige prétentieux. L’électeur était éberlué devant tant de pouvoirs Les fastes nationaux, internationaux, la fréquentation des grands de ce monde ont suivi. La planète en avion. Une vie d’extravagances… Le pognon Mon journal je ne te cacherai pas que certains soirs des moments d’inquiétudes me traversaient l’esprit. Tout cela est-il vrai ? A quoi sers-je ? Mais une petite couche de flatteries apaisait mes craintes. Et puis l’argent sans retenue. Un quoi qu’il en coûte magique rien que pour nous. Les états d’âme disparaissent donc vite. Quant à ma conscience du vrai monde, elle s’est très vite amenuisée. Le vrai monde Le Manu, lui, ce fut très rapide, il n’a rien vu, le vrai monde pour lui ça n’existe pas, (ou plutôt il se résume à l’argent-roi). L’hypertrophie de son moi lui a fait beaucoup de mal. Le monde il s’en moque, le peuple c’est pareil. Il peut dire une chose et son contraire sans s’en rendre compte. Par exemple se dire engagé par le vote des électeurs de gauche pour lui à la présidentielle et les trahir quelques semaines plus tard en leur imposant de travailler deux ans de plus. Sait-il que des syndicats existent ? Martinez et Berger ; ne sont pour lui que des représentants d’une espèce moribonde ! La démocratie est une formule creuse à laquelle on peut faire dire ce qu’on veut. Je m’interroge sur notre aveuglement. Il nous entraîne dans une aventure qui a perdu tout sens. Je suis malheureuse, parce que j’ai été inconsciente. En sortir, reconnaître ses et nos erreurs, leurs conséquences, n’est-ce pas au-delà de nos forces, je ne dors plus, je souffre, lui il fait le matamore, n’écoute plus rien, plus personne. Je ne sais pas de quoi demain sera fait… » Bribri, tu te fais du mal. Tu sais à qui tu le dois. Jean-Marie Philibert.

mardi 14 mars 2023

ECOUTE TA BRIBRI

Ecoute ta Bribri Je me plais à imaginer dans ces temps difficiles un dialogue entre un président inquiet et l’élue de son cœur fatiguée par l’ « hubris » démesuré (l’orgueil gigantesque) de son compagnon -Ma Bribri d’amour, je ne sais pas quoi faire avec ces ouvriers mal éduqués qui veulent venir à la maison… Ils ne savent sans doute pas que ce n’est pas poli de dire et répéter : « recevez-nous, recevez-nous, recevez-nous on veut venir », sans y avoir été invités. Ils ne partagent pas nos valeurs, nos manières. Ils n’ont pas l’air de savoir parler normalement. Ils crient beaucoup. Tu ne sais jamais combien ils seront et, pour un repas, ça complique la tâche de la maîtresse de maison. J’ai essayé de les refiler à Borne, mais elle n’en peut plus, elle ne dit que des bêtises, Dussopt, lui, il a pété les plombs depuis longtemps. Et puis ils insistent ils veulent nous voir à nous, qu’à nous. Sans doute pour au moins une fois dans leur vie, voir la haute société de près, nos bonnes manières, tes toilettes Vuitton, les dorures du palais et la grandeur de mon pouvoir. Conseille-moi, ma Bribri… Le peuple à distance -Tu sais dans mon école privée d’Amiens, je n’ai jamais vu d’ostrogoths de cette espèce, ils allaient dans le public et ils n’y restaient pas longtemps, et quand je t’accompagne dans tes voyages la sécurité fait ce qu’il faut pour maintenir le peuple à distance respectable. Ces gens-là me font un peu peur (assez même) et je ne vois pas ce que je peux leur faire comme plat. En plus de quoi pourrait-on parler à table avec eux. Ne te lance pas dans cette aventure… Repartons en voyage… Après l’Afrique, l’Australie peut-être. -Ma Bribri, je t’ai connue plus courageuse… Ne sois pas immature -Là tu me cherches Manu, tu te mets tout seul dans le pétrin des retraites pour rien et après, tu appelles à l’aide. Deviens enfin adulte. Je ne suis plus la prof de théâtre d’un ado plein de fougue, mais immature. Prends tes responsabilités… Si tu as fait une bêtise dis-le leur à ces gens, retire ton projet, tu leur feras plaisir. Ecoute tout le mal qu’ils en disent avec un humour même parfois qui peut surprendre dans le peuple. Moi ça m’évitera une corvée. Ridicule -Mais je vais être ridicule Bribri, j’ai dit qu’il fallait travailler plus longtemps pour sauver les retraites… pour investir dans le social … pour jouer au grand réformateur. J’ai dit que mes électeurs m’avaient donné mandat pour le faire, je sais que c’est pas vrai. Je voulais d’abord la retraite à points, puis j’ai changé, ce fut 65 ans, puis 64, puis toute la vaseline pour faire accepter le projet, et donc le bilan financier qui sera plus nul que nul, alors que les gens compétents n’ont pas cessé de me dire que le système est quasi à l’équilibre. Ridicule et stupide, moi le président djeun, plein de diplômes et d’ambition ! Et maintenant le pire recevoir à l’Elysée les syndicats unis, moi qui rêvais de les désunir à tout jamais, sous le regard moqueur d’une opinion publique qui rejette mon projet et moi aussi un peu… assez… Snif… Snif… Que faire ma Bribri ? Bribri très colère -Courage Manu, profite de ce petit moment de lucidité qui ne t’est pas coutumier pour prendre une décision qui ne te ressemble pas, mais qui te permettra de t’en sortir. Elle m’évitera un repas avec ces gens qui ne sont pas de mon monde. Tu achètes une bouteille de Ricard, quelques cacahouètes, tu leur dis de venir demain à l’apéro, que tu leur feras une grande surprise et sans doute un grand plaisir en leur annonçant que tu renonces à ta bêtise. Et tu convoques la presse au moment du journal télévisé pour immortaliser une grande première, sur le perron de l’Elysée l’apéro politique de réconciliation des forces vives du pays avec le président. Du jamais vu ! Et peut-être même que tu sauverais ton quinquennat …Manu écoute-la ta Bribri. Jean-Marie Philibert

lundi 6 mars 2023

De l'utilité des faits divers

De l’utilité des faits divers Au TC nous sommes attachés à couvrir l’information locale dans ce qu’elle a de politique, de social, d’économique, mais aussi de culturel, d’artistique, de géographique, mais aussi de sportif. Nous aimons bien aussi présenter, donner la parole aux personnalités qui font cette actualité, et même souvent aux acteurs moins connus, mais tout aussi nécessaires, qui l’animent au quotidien. Nous voulons être l’écho d’un département, d’une culture, d’une langue qui sans vivre repliés sur eux-mêmes tentent de dire, les yeux grands ouverts, le monde et notre pays dans sa richesse, sa complexité, ses contradictions. Nous avons 16 pages pour cela, nous faisons notre possible dans un moment où la presse écrite (et encore plus quand elle veut être politique) n’a pas la vie facile. Mais nous avons la faiblesse de croire un peu dans ce que nous faisons, nous avons établi avec un lectorat fidèle des relations riches. Normal nous existons depuis plus de quatre-vingts ans. Un terme flou Mais contrairement aux tendances d’une presse régionale, y compris, celle qui ici, nous raconte avec tous les détails qu’il faut notre quotidien, nous sommes restés allergiques à ce que dans le langage journalistique on appelle d’un terme si flou que l’on peut y caser tout et son contraire, le, les faits divers, qui souvent font au jour le jour le cœur des conversations qui vont nous animer. « -Tu as vu cet accident ? … Putain au Boulou, ils ont trouvé trois tonnes de H dans une twingo … Un cambriolage à Finestret, c’est impensable, non ! … Le GIGN à Canohes … Des disparitions inexpliquées …A Saint Jacques des maisons s’effondrent… » Le fait divers peut traîner son lot de tragédies, de souffrances, d’inquiétudes ou de « chiens écrasés ». Il est rare qu’il ne soit pas en relation avec du social. Mais sa nature de fait divers l’ostracise pour le reléguer dans un fourre-tout qui pourrait sembler sans conséquences. Sans conséquences peut-être, mais pas sans intérêt pour un lectorat qui peut en faire ses choux gras. En parler Cela m’incite à faire une entorse à nos habitudes et à en parler. Il est le plus souvent en lien direct avec un événement qui bouscule notre quotidien, sa norme, son train-train. De l’accidentel dans tous les sens du terme. Cet événement nous touchera d’autant plus qu’il s’est passé à quelques encablures de chez nous, qu’il concerne des connaissances ou des connaissances de connaissances, qui ne méritaient pas ça, qu’il semble inexpliqué, donc inexplicable, il est l‘expression d’un fatum qui nous inquiète. Notre histoire Si le sang coule, l’émotion ne sera pas la même si c’est du sang d’ici : l’importance accordée à l’événement sera inversement proportionnelle à la distance qui nous en sépare. Il y aura de la compassion, des commentaires personnalisés et des mises en relations avec des pans de l’histoire locale, c’est-à-dire avec notre histoire. Elle n’est ni grande, ni petite, mais construite au quotidien, elle nous façonne. La presse régionale en général l’a bien compris qui y consacre une part importante de son activité parce qu’elle sait que son lecteur s’y retrouve. Les faits divers contribuent à tisser tous les fils de notre vie, la vie de notre commune, de notre département, avec ses acteurs souvent involontaires qui sont nos voisins, avec nos concitoyens avec lesquels nous partageons ici le quotidien et nous construisons nos destins communs. Le fait divers nous y aide. Le fait divers nous rapproche les uns des autres… Dans ces périodes de repliements égoïstes ils me semblent utiles. Jean-Marie Philibert.