les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 3 décembre 2011

GARDAREM LOU LARZAC


LARZAC FOR EVER
(Comme on dit en occitan)
L’activité syndicale, ça vous façonne son homme, ça vous dote d’une expérience riche et variée de toutes les formes d’actions possibles, ça vous conduit à courir sans cesse après l’action décisive, magique,  celle qui va vous faire gagner, … et à ne jamais la trouver. Vous aurez cependant acquis une grande patience et une grande plasticité, au cours des interminables débats qui préparent l’action, en compagnie des  Docteurs YAQUA et FAUCON, ceux qui savent et qui connaissent la martingale qui fait mouche à tous les coups. Cette réflexion sur l’action sociale, sur son efficacité, sur ses modalités, sur sa durée,  sur sa détermination, sur ses échecs et ses réussites, est au cœur du film TOUS AU LARZAC, et elle m’a passionné, elle m’a rajeuni aussi et je suis persuadé qu’elle peut nous armer et nous aider à affronter les enjeux d’aujourd’hui. Parce que TOUS AU LARZAC c’est l’histoire d’un mouvement  multiforme et inédit qui a gagné.  L’arrivée de la gauche au pouvoir en  1981 a été  aussi décisive dans cette victoire. Eh ! Oui ! Ça arrive ! Peu de nostalgie dans ce documentaire, pas de complaisance, de belles images vraies et beaucoup de témoignages lucides… et sans doute utiles dans les temps difficiles que nous vivons où la simple évocation d’une victoire sociale peut sembler incongrue.
Une graine à replanter.
Que nous disent aujourd’hui  ces paysans du Larzac ? Que 10 ans de luttes les ont façonnés, transformés, enrichis (au sens figuré), que l’éleveur catholique replié sur son plateau au milieu de ses brebis et ne comprenant rien aux événements de 1968 est devenu un citoyen du monde jaloux de sa liberté et toujours prêt à la défendre. Et malgré les ans ils paraissent plus jeunes que jamais, le curé du coin, acteur de la lutte, n’est pas le moins sympathique. Même les disparus, en particulier Guy Tarlier, ne semblent  plus tout à fait morts. Quand on vous dit que la lutte ça fait du bien, que la lutte, c’est la vie! Et quand en plus elle fait reculer l’état et une de ses institutions fondatrices, l’armée, dans ses projets d’accaparement des terres de paysans, on peut se dire qu’il y a peut-être là de la graine à prendre pour la replanter dans nos sillons devenus bien arides : avec le Larzac il ne faut pas reculer devant la métaphore agricole.
Le fil rouge.
Mais aujourd’hui c’est d’un Larzac planétaire dont nous avons besoin pour nous réapproprier une terre que la finance internationale considère comme sa chose. Pour cela plus nos luttes seront ancrées dans les territoires, dans la vie des cités, des régions, plus elles seront porteuses d’espérances, à condition de ne jamais oublier le fil rouge (bien sûr) qui les relie les unes aux autres et qui est celui de la solidarité, du rassemblement, de la diversité assumée. Le Larzac, le rassemblement le plus hétéroclite du mouvement social : les paysans anciens, les paysans néo-convertis, les locaux, les « estrangers » multiples et variés, politiques ou pas, gauchistes ou pas, les zipis, les familles, les tracteurs, les moutons. Le documentaire ne cache aucune des tensions, mais fait la démonstration qu’elles ont toujours été dépassées.
De l’audace.
 N’ayons pas peur de l’hétéroclite ! Du symbolique ! De l’invention ! De l’humour ! De l’audace !  Il leur en a fallu pour faire à pied, en tracteur, plusieurs fois Le Larzac-Paris, pour camper sous la Tour Effel et défier un pouvoir qui les méprisait. Ah ! La tête de Giscard quand il répond avec toute la morgue (j’allais écrire la morve, mais je me suis repris, ce n’était pas de bon goût) de sa caste à la question d’un journaliste sur la lutte de paysans du Larzac. David peut gagner face à Goliath, la preuve !  Il y faut le courage, une détermination sans faille, une solidarité à toutes épreuves, persuadés que nous sommes que notre destin n’est pas dans d’autres mains que les nôtres. Dans ces temps pré-électoraux où les sauveurs sont légions, merci aux paysans du Larzac de nous aider à le rappeler.
Jean-Marie PHILIBERT.

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