Les patrons, le pognon … et nous et nous et nous…
Il y a un peu plus d’un an dans la presse bien pensante (le
Nouvel Obs.)un certain nombre de grands patrons français avaient lancé un appel
sur le thème « de très hauts revenus affichent leur solidarité », appel
titré « Taxez-nous » Ils revendiquaient à la fois le niveau élevé de
leurs revenus, mais dans le même temps
le nécessité d’être justement taxés à la hauteur de ces revenus si justement
gagnés compte tenu de l’excellence de
leur activité professionnelle ( je me moque un peu !) . C’était sous le
gouvernement précédent : je pense qu’ils n’avaient pas de crainte à avoir de la volonté de
Sarkozy de trop les brimer et je crois qu’ils voulaient donner une valeur
d’exemple pour le contribuable moyen à accepter une pression fiscale de plus en
plus forte. Ils montraient ainsi la
magnanimité, la générosité d’un patronat si injustement décrié.
Catastrophe.
Mais catastrophe ! Aux présidentielles et aux
législatives la majorité a changé et François Hollande qui, dans la campagne
électorale, avait proposé de taxer les hauts revenus essaie maintenant de
mettre en œuvre son engagement : prendre au dessus de un million de revenu
par an 75 % de ces revenus.
Il semble me souvenir que dans un débat télévisé Mélenchon,
lui, avait avancé la possibilité de tout prendre à ce niveau-là : je crois
qu’il avait amplement raison, dans la mesure où il leur en resterait bien assez
pour vivre et pour s’engraisser.
Les réactions de patrons qui avaient signé cet appel sont
actuellement amusantes à observer : elles sont du genre : « Oui !
Oui ! Taxez-nous, mais pas comme ça, pas autant, ça va nous démoraliser,
nous ne serons plus compétitifs… » Bernard Arnault, le patron de LVMH, lui,
n’avait pas signé, il était plus prudent que ses petits copains, il savait qu’il ne faut jamais rien lâcher, ni faire
semblant. Et c’est dans cette même logique qu’il annonce aujourd’hui son
intention de partir en exil… en Belgique.
Vite en Belgique.
Ce pays pour les riches patrons présente de nombreux avantages :
il n’y a pas d’impôt sur la fortune, ni d’impôt sur les plus values, les droits de succession sont
égaux à zéro. Il pourra ainsi faire passer l’intégralité de sa fortune à ses
cinq enfants sans rien verser à l’état belge. Ils sont nombreux les fortunés à
avoir fait le choix de la Belgique pour échapper aux affres de l’impôt. Je n’en
citerai que quelques uns :, les membres des familles Mulliez (Auchan, Decathlon…), et beaucoup
d’autres (Lefèvre, Pellisson, Darty.. .). Ces gens là ont senti que c’est
là bas qu’ils pourraient le mieux préserver leur trésor, mais revers de la médaille : la valeur
d’exemple de leur démarche se retourne contre eux. Il y a un tel tollé à la
suite des déclarations de Bernard Arnault qu’il doit s’empresser de déclarer dès
le lendemain : « Je resterai fiscalement domicilié en France. A
ce titre je remplirai comme tous les Français l’ensemble de mes obligations
fiscales… » Certes il restera fiscalement en France, mais il aura caché
les cassettes bien remplies en dehors des
frontières de la France. C’est un patriotisme à géométrie très variable.
Toujours plus…
La patrie de ces gens là c’est le pognon, avec la devise
« le pognon… toujours plus ! » Il y a une grande solidarité chez
eux .Ecoutons la déclaration de Mme Parisot, la présidente du MEDEF ;
elle est admirative devant une telle démarche altruiste et elle déplore :
« Je regrette que personne ne soit capable de rendre hommage à Bernard
Arnault, ce qu’il a fait pour notre pays est extraordinaire. C’est un chef
d’entreprise exceptionnel. Au Japon on est capable de dire de certains chefs d’entreprise
qu’ils font partie du patrimoine national : ce sont des trésors nationaux
qu’il convient de protéger… » Ici le trésor national se barre et il
faudrait dire merci patron.
Devant une telle hagiographie, il ne nous resterait plus
qu’à nous prosterner et à admirer, vénérer, adorer nos saints patrons. Ils ont
tout, ils sont tout puisqu’ils ont le
pognon.
Et nous, que sommes-nous face à de telles puissances ?
Et nous, rien, rien de rien ou bien peu de choses…
Et nous, que pouvons-nous face à cette arrogance ?
Et nous, comment en finir avec ce monde injuste ?
Vous ne pensez pas qu’un bon coup de lutte des classes, bien
appliqué, au bon endroit, avec toute l’unité et la détermination nécessaires,
leur rabattrait le caquet.
Jean-Marie PHILIBERT.
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