les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 11 septembre 2012

QUESTION DE MORALE



Luc Châtel, vous vous souvenez sans doute de Luc Châtel ! Luc Châtel, c’est le dernier ministre de l’Education Nationale qui rêvait de mettre à bas le service public. Avec Sarkozy et Fillon, ils lui ont porté des coups, en particulier avec les suppressions massives de postes, qui auraient pu être fatals. Mais avec les personnels l’école a résisté et cette résistance n’est pas pour rien dans les changements politiques que les Français ont souhaités lors de l’élection présidentielle.
Luc Châtel connait sans doute son Pétain par cœur puisque dès que Peillon, le nouveau ministre, celui qui a la charge de réparer la casse, dans ses propositions pour l’école, a prononcé les mots de « morale laïque », lui Châtel, qui n’imagine sans doute la jeunesse qu’enrégimentée, a tout de suite pensé au « célèbre » (je me moque) maréchal qui rêvait de mettre les Français petits et grands au pas en leur servant une morale adéquate faite de bon sens  … et surtout d’esprit de soumission. « Maréchal ! Nous voilà… » Les commentateurs se sont jetés comme des rapaces sur ce début de polémique qui avait l’énorme avantage de leur permettre de ne pas parler de l’essentiel : c’est-à dire des urgences auxquelles le service public avait à faire face, avec des moyens réduits, avec des orientations mortifères pour la démocratisation, avec une mise en cause permanente des personnels…  Pourquoi les discours sur l’école sont-ils aussi régulièrement réducteurs. On focalise sur le thème du jour dont on fait la panacée pendant un temps limité, avant de passer au thème suivant qui servira aussi de cache misère et qui occupera les esprits.
L’essentiel
Je ne voudrais pas que la référence à la morale laïque passe à la trappe, parce qu’elle permet de toucher à l’essentiel, la fonction de l’école, les savoirs qu’elle dispense, le rôle des enseignants et de l’ensemble des personnels, les visées sociales et politiques  qui sont, ou devraient être, les siennes. L’école n’est pas coupable de tout, comme on voudrait nous le faire croire, mais elle n’est pas non plus capable de tout. Elle est une institution importante, fondamentale, mais sa sphère d’intervention reste (heureusement) nécessairement limitée. Il n’en reste pas moins qu’elle ne peut être qu’en relation très étroite avec les valeurs qui fondent notre société, qui lui donnent son originalité, sa personnalité, qui construisent son histoire et qui donc vont modeler les femmes, les hommes qui la composent.
Et c’est peu dire que, dans les temps actuels, ces valeurs sont passablement tourneboulées. La crise est économique, sociale et morale. Le besoin de construire des repères efficients s’impose dans les modèles véhiculés par une société, les inégalités prolifèrent,  les artifices de toutes sortes se parent de toutes les séductions. Ll’évocation de la morale conduit le plus souvent à esquisser un petit sourire condescendant, quand ce n’est pas dans certains milieux une « franche » hilarité.
Un pléonasme ?
Le Ministre a selon moi raison de parler de morale, mais je ne perçois pas très bien le besoin de la qualifier de laïque. Je vois dans l’expression « morale laïque » quelque chose qui ressemblerait à un pléonasme.  Non ! Non ! N’ayez crainte je ne suis pas devenu un adversaire de la laïcité, mais dans une école qui se définit comme séparée de toutes les religions, de tous les groupes de pression, la morale de référence peut-elle être autre que laïque, c’est-à-dire fondée sur la raison, sur la  (les) vérité(s) que cette raison permet de construire,  sur la conscience et la liberté de ceux qui  tentent  de se construire, sur l’esprit critique de celui qui la professe, comme de celui qui la reçoit. La laïcité véritable, vécue, efficace, est dans cet échange entre des êtres qui se respectent d’autant plus qu’ils se veulent libres, mais aussi responsables d’un destin commun dans lequel ils ont besoin de se reconnaître.
Mais là les perspectives sont complexes (pour utiliser un euphémisme) et débordent de la seule question de l’école, de sa morale, de sa laïcité. Je suis sûr que les prochains billets d’humeur me donneront l’occasion d’en parler.
Jean-Marie PHILIBERT.

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