les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 11 juillet 2013

laïcité



Le ciel… et la terre
Avez-vous croisé dans les rues de Perpignan un aimable passant transportant sur ses épaules une croix plus grande que lui ? Jésus, le retour !  Il y a quelques mois on pouvait le rencontrer  pratiquement tous les jours. Puis il a disparu. Ces derniers temps il reprend du service, envoyé par le ciel sans doute, pour réveiller nos consciences.
D’autres, des femmes, jeunes et moins jeunes, envoyées par le ciel (le même ? un autre ? je ne sais pas) arborent sur leur chevelure un voile, ou un foulard qui signent leur identité et un attachement solide à leur religion : nous les retrouvons relativement nombreuses dans l’espace public.
J’ai le souvenir récent d’un camarade qui participait à toutes les manifestations en arborant une pancarte « Parti des Athées ».
La laïcité à la française.
C’est le propre d’une société ouverte et intégrant des cultures diverses que de permettre la multiplicité de ces expressions dans la mesure où elles ne portent pas atteinte à la liberté de tous et de chacun. C’est un acquis démocratique indéniable.  Imaginez que l’on puisse continuer à vivre dans une société comme la nôtre selon un modèle culturel unique renvoie dans tous les sens des termes à un vœu pieux.
Pour y parvenir, il a fallu s’en donner les moyens ; il a fallu les guerres de religion, et leurs séquelles ; il a fallu les révolutions  et leur remise en cause des monarchies de droit divin ; il a fallu mettre un terme à l’osmose « régnant » entre structures étatiques et religieuses, il a fallu briser les liens entre les pouvoirs politiques, financiers et religieux, il a fallu s’appuyer sur la volonté des femmes et des hommes à vivre libres. Ça n’a pas été fait partout, c’est une spécificité de notre histoire que de mettre en œuvre une laïcité  qui permet au pouvoir politique de se fonder sur lui-même sans la moindre soumission à une quelconque transcendance surnaturelle. C’est la laïcité à la française : la puissance publique laïque n’est d’aucune religion et elle met tout en œuvre pour que ce principe soit respecté, elle renvoie à la sphère privée l’expression d’une foi ou d’une absence de foi. La loi de séparation de l’église et de l’état en 1905 en a construit les bases juridiques et sociales. Cela n’a pas fait que des heureux et ça continue à susciter des remous de toutes sortes. Rappelez-vous les propos de Nicolas Sarkozy préférant le curé à l’instituteur. Les batailles autour du mariage pour tous ont réveillé toutes les nostalgies, y compris les plus rétrogrades.
La laïcité n’est pas neutralité.
La mise en œuvre d’un tel principe n’a rien de spontané et naturel : elle repose sur une distinction rigoureuse de la sphère politique, de la sphère publique et de la sphère privée. Elle impose de distinguer laïcité et neutralité dans la mesure où la laïcité est porteuse de valeurs essentielles, solidarité, égalité, justice sociale, fraternité qu’il est plus que jamais urgent de renforcer dans une société qui sous les effets de la crise se délite et dont les capacités d’intégration sont affaiblies.
D’où l’importance de l’éducation, de l’instruction des citoyens pour fonder  dans toutes les consciences cette valeur. Elle doit être fondée rationnellement, elle doit s’appuyer sur des savoirs reconnus et incontestables pour servir de base à la formation de notre liberté et de la morale qui va avec. Le service public d’éducation est un outil de cette éducation à la laïcité, parce que son projet est l’émancipation de tous. Un projet qui semble aujourd’hui bien difficile dans un monde où les divisions sociales, culturelles, économiques, religieuses  donnent le sentiment de prendre toute la place, où l’affirmation de son identité semble nécessiter le rejet de l’autre. Un projet d’avenir pourtant qui touche à toute notre activité de citoyen.
Mais la difficulté à la défendre et à la promouvoir tient à sa nature même : elle n’est pas une foi à afficher, sur ses épaules, sur sa tête, ou sur une pancarte, fût-ce de façon symbolique, elle est vécue de façon différente par chacun en fonction de son histoire et de ses choix, elle est au cœur de nos relations aux autres, elle prend chez les autres ce qui nous les rapproche en allant au-delà de ce qui les distingue, mais elle cherche dans le creuset de chacun toutes les marques de l’humaine condition qui rassemblent les êtres de chair que nous sommes, elle peut pas cesser d’agir, et tous ceux qui se reconnaissent en elle aussi.                                                                                 Jean-Marie PHILIBERT

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