les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 20 juillet 2013

tout dire



TOUT DIRE
Vous lisez  actuellement la dernière page de votre hebdomadaire préféré qui pendant plusieurs semaines va vous manquer cruellement. A la rédaction du TC nous sommes conscients du vide que cela va occasionner dans votre vie ; nous aussi nous avons besoin de vacances d’autant que les temps sont rudes. Mais je me suis promis de ne pas vous en remettre une couche sur la dureté de ce monde, on vous a déjà tout dit ou presque  sur la finance dévoreuse d’hommes, de femmes, sur les dérives intégristes qui parcourent le monde, sur la difficulté des patrons à distinguer humanisme et portefeuille, sur le droite qui n’arrête pas de lorgner vers son extrême, sur le parti socialiste qui n’a plus de dictionnaire pour réapprendre ce que signifie le mot socialisme…
Stop !  Respirons un grand coup et tentons de recharger les accus : notre société a besoin de notre combat, nous devons non seulement  être en forme, mais en plus nous devons être capables de rassembler tous ceux qui peuvent se reconnaître dans ces combats. Ce n’est pas la tâche la plus aisée, tant les tendances au repliement sur soi  peuvent être prégnantes dans un monde hostile où les petites chapelles en tous genres prolifèrent pour promouvoir un ersatz d’avenir.
Pour recharger les accus, j’ai une thérapie qui m’a servi pendant mes années d’enseignement et qui a fait ses preuves : elle n’a pas à être remboursée par la sécurité sociale, par ce qu’elle est gratuite, ou presque. Elle est à la portée de tous. Elle nous met en relation avec quelques esprits puissants et quelques cœurs chauds (et cela fait un bien considérable). Elle met en branle notre imaginaire, elle comble notre soif d’utopie. Elle parle à notre intimité et, dans le même mouvement, nous relie à toute l’humanité. Elle sait dire les choses parce qu’elle a un art du verbe inégalable. Même que parfois-souvent-presque toujours, elle parle en faisant des vers, avec des rimes, avec des métaphores, avec des symboles et tout le toutim. Vous avez deviné, mon  remède c’est la poésie. Et je ne veux pas que vous partiez en vacances seul : je vous propose de partir avec le poème « Tout dire » de Paul Eluard. Tout dire, c’est notre ambition au TC, mais soyons modestes, on ne le dit pas aussi bien que lui.
La parole est au poète :

Tout dire
Le tout est de tout dire et je manque de mots
Et je manque de temps et je manque d’audace
Je rêve et je dévide au hasard mes images
J’ai mal vécu et mal appris à parler clair

Tout dire les rochers la route et les pavés
Les rues et leurs passants les champs et les bergers
Le duvet du printemps la rouille de l’hiver
Le froid et la chaleur composant un seul fruit

Je veux montrer la foule et chaque homme en détail
Avec ce qui l’anime et qui le désespère
Et sous ses saisons d’homme tout ce qu’il éclaire
Son espoir et son sang son histoire et sa peine

Je veux montrer la foule immense divisée
La foule cloisonnée comme en un cimetière
Et la foule plus forte que son ombre impure
Ayant rompu ses murs ayant vaincu ses maîtres

La famille des mains la famille des feuilles
Et l’animal errant sans personnalité
Le fleuve et la rosée fécondants et fertiles
La justice debout le bonheur bien planté.
Paul Eluard (1951)
Après Eluard, j’ose à peine signer…. Jmp… en tout petit

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