Mais
qu’est-ce qu’on attend ?
Cette question lancinante hante mon esprit et suscite chez
moi, et je pense chez beaucoup d’autres aussi, une incompréhension très
profonde. Comme si embarqués dans une reculade totalement incontrôlée, nous
étions dans une incapacité chronique de réagir. Comme si tout ce qu’il y a de
plus réactionnaire dans la société avait pris le pas sur une volonté de
changement et de progrès que l’on pouvait croire assez largement partagée.
La droite
jubile.
La droite, toute la droite, avec tous ses visages, des plus
extrêmes au plus policés, jubile. Elle occupe la rue, avec des visages divers,
parfois bon enfant, quand il s’agit de ne pas faire trop peur, parfois plus
sinistre quand elle ne peut plus cacher la xénophobie, l’antisémitisme qui la
traverse, quand elle révèle que la démocratie
ne fait pas l’unanimité chez elle. Tout lui sert (le mariage pour tous,
la loi sur la famille, la théorie du genre, l’insécurité…) à réveiller des
fantasmes d’un autre âge. Et puis derrière les marmites de cette cuisine
réactionnaire les nostalgiques de tous poils touillent.
Le patronat, lui, est
aux anges : il n’a même pas à froncer les sourcils pour obtenir ce dont il
rêvait depuis longtemps comme la suppression des cotisations patronales pour
les allocations familiales. Et quand le gouvernement lui demande en
contrepartie des engagements chiffrés en matière de création d’emplois, il
rigole … poliment.
Ne parlons pas des salaires, des retraites, du pouvoir
d’achat en berne, des services publics sur lesquels il va falloir encore et
toujours économiser au détriment des besoins sociaux. Ne parlons pas de la
misère, de la précarité. C’est tout simplement le progrès qu’on assassine. Et
l’on serait sans voix.
Sans voix ?
Sans voix ? Pas exactement, ça
bouge dans les entreprises, les plans sociaux sont combattus, discutés; les
responsabilités de la finance, du patronat sont clairement établies. L’attitude
du gouvernement socialiste est jugée pour ce qu’elle est : un renoncement,
une trahison des promesses faites, un alignement total sur les thèses du
libéralisme. Des secteurs se battent dans le privé, comme dans le public, et
tentent de contrecarrer la déferlante régressive qui nous menace. Mais c’est le
plus souvent en réaction à de nouvelles attaques, avec l’espoir de bloquer ou
retarder un processus que les media complaisants ne cessent de présenter comme
inéluctable, au nom de la modernisation, de la compétitivité, de l’adaptation à
un monde qui change et changera, toujours dans le même sens. Toujours plus
d’injustices, toujours plus d’inégalités, toujours plus de souffrances pour le
plus grand nombre. Toujours moins d’espoir pour le peuple ! Jusqu’à
quand ? Jusqu’à l’épuisement ? Jusqu’à la résignation ?
Mais qu’est-ce qu’attend le peuple ? L’impatience est
palpable, le ras-le bol est général, la spirale de l’échec est devenue
insupportable. Les échéances électorales donnent le sentiment qu’il faudrait laisser parler les urnes,
qu’il sera temps de voir après ce qu’il y a lieu de faire. Les difficultés à
mettre en œuvre des démarches unitaires poussent à un attentisme
compréhensible ; regardez la situation sur la bonne ville de Perpignan et
cette prolifération de candidats potentiels qui sont convaincus d’être
l’incarnation de la seule vraie gauche alors qu’ils ont souvent confondu leur
droite et leur gauche.
Vite, vite
vite.
Le terrain social n’est pas plus uni, même si des
perspectives se dessinent. Le chacun pour soi fait rage, alors que nous savons
tous d’expérience que les seules démarches prometteuses sont celles qui
rassemblent, celles qui font converger les revendications, celles où se
retrouve la diversité du peuple. Mes camarades, je ne vous parle pas d’un temps
trop lointain, je vous parle de batailles où nous avons fait reculer des
gouvernements aussi réactionnaires que celui qui nous bouche l’horizon,
rappelez-vous le plan Juppé, rappelez-vous le CPE. C’était le temps du Tous
ensemble ! Tous ensemble ! Tous ensemble ! Wouais ! C’était
le temps où l’on n’acceptait pas l’inacceptable. Il faut rebondir, vite, vite,
vite et unis, très nombreux, super
déterminés, camarades, si nous ne
voulons pas finir phagocytés par tous ceux qui n’aiment le peuple qu’à genoux.
Jean-Marie Philibert.
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