les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 6 février 2014

valérie....



Les mots et l’être
« Je fais savoir que j’ai mis fin à la vie commune que je partage avec Valérie Trierweiller »
Non ! N’ayez crainte le TC ne sombre pas dans les bas-fonds de la presse pipeul. Nous voulons simplement nous saisir d’un incident concernant les grands (?) de notre monde pour analyser le pouvoir des mots, leurs rapports aux choses et aux êtres, et les révélations qu’ils peuvent faire derrière ce qu’ils  disent ou cachent.
Le propos  d’Hollande a le mérite de la clarté et de la brièveté, mais le laconisme même qu’il manifeste est porteur de sens. Il révèle son homme qui veut en dire assez pour qu’on comprenne bien (je fais ….j’ai mis fin …je partage) que c’est lui qui rompt. La rupture est aussitôt affirmée et consommée. Il veut déjà apparaître comme ailleurs, dans un nouvel épisode, dans une autre vie. Qu’on ne vienne plus l’embêter avec une affaire qui ne le concerne plus.
Une éducation affective à refaire.
Qu’il y ait de la maladresse (euphémisme), un manque élémentaire de tact (re-euphémisme), de la goujaterie (vision malheureusement réaliste) et une preuve que le personnage en question a son éducation affective à refaire (jugement personnel) est indéniable.
Que l’affaire soit privée ou publique importe peu, il y a en la matière quelque chose d’indigne de la part d’un élu de son niveau qui devrait faire du respect de l’autre  une règle absolue. Je déplore qu’ici normalité et médiocrité se confondent.
On aurait pu certes connaître pire, du genre « casse-toi poupée ! » Les mots dans leur cruauté et leur vulgarité auraient peut-être mieux correspondu au personnage et à la situation. Mais avec « Casse-toi pauvre con !» son prédécesseur, lui  avait déjà fourni des éléments de vocabulaire qu’il n’a pas osé reprendre : Hollande est énarque, et Sarkozy un malotru. On a de l’éducation !
Des subterfuges plus subtils.
Il aurait cependant pu trouver des subterfuges plus subtils qui lui auraient permis une transition plus soft.
En utilisant les arguments juridiques par exemple, du genre, « Madame Trierweiller, vous ne bénéficiez d’aucun contrat en bonne et due forme qui vous permette de continuer à occuper les appartements du Palais de l’Elysée où vous avez élu domicile, vous devez donc impérativement et rapidement libérer ces locaux. ».
Il aurait pu se faire poète : « Il n’y a pas d’amour heureux …Tu te rappelles Aragon, Eh bien figure-toi que ce n’est pas que de la poésie, Cela peut être la réalité, ta réalité. Si tu dois te plaindre, écris à Aragon… C’est lui le responsable. »
Il aurait pu se cacher derrière les petits copains du gouvernement qui auraient pondu un décret du genre « A compter de ce jour il est mis fin   par décision du gouvernement aux fonctions de première dame de Valérie Trierweiller pour des raisons strictement budgétaires»
Il aurait pu user et abuser d’un humour mal placé dont on dit qu’il est coutumier : « Je suis le président du mariage pour tous… sauf pour toi, pas de chance, Valérie ! Mais c’est pas grave. »
Nous avons du mal à imaginer qu’il puisse pousser la sincérité jusqu’à un cynisme politique peut-être déplacé, mais dont nous faisons souvent l’expérience : « Je te l’avais bien dit qu’on ne peut jamais faire confiance à un socialo ».
Et l’humain ?
Bien sûr, il ne fallait pas s’attendre à très grande une humanité politique, peu habituelle chez le personnage, du genre : « Des millions de chômeurs ne m’émeuvent pas beaucoup… alors une femme plaquée, ça me laisse de glace »
Quant à attendre une expression affective vraie, n’y pensons même pas. La politique et l’humain seraient-ils fâchés au point de négliger ce qui fait le sel de la vie, ce qui nous constitue dans notre histoire et dans notre destin, dans notre relation au monde et aux autres, ce qui est l’expression la plus forte de notre liberté, ce qui construit nos désirs les plus fous et sans doute les plus beaux : les relations amoureuses, au sens le plus large et le plus riche du terme.  
Mais la phrase laconique d’Hollande nous confirme que l’humanité, vraie, riche, sensible, vivante, comme nous l’entendons, ce n’est pas exactement son truc à lui. Et peut-être pas seulement en matière… amoureuse.
Jean-Marie Philibert.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire