les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 31 mars 2014

accident



Accident
Elle a pris une sacrée pigne, elle est là au bord de la route, allongée dans l’herbe. Les secours ne sont pas encore arrivés. Ils ne devraient pas tarder. Une petite foule compacte l’entoure, les plus avertis lui procurent les premiers soins. Ils ont été les témoins directs de l’accident. Elle était sur sa mobylette et roulait tranquillement : elle allait porter la bonne parole, elle faisait la tournée des popotes. Elle avait senti que l’on doutait d’elle, alors elle s’était dit :  il faut que j’y aille.
Ils craignent le pire.
Et puis patatrac, une grosse BMW a déboulé en trombe avec une pétasse au volant du style de la Marine, elle était suivie de très près par une Mercedes, immatriculée UMP qui voulait la doubler. Ils ont coupé la route à tout le monde, un camping-car de Hollandais s’est retrouvé contre un mur. Le conducteur a l’air un peu éberlué « Euh ! Euh ! Qu’est-ce qu’il m’arrive ? ». Elle a fait un vol plané dans les champs qui bordent la route ; les gens qui s’arrêtent semblent bien la reconnaître et craignent le pire, mesurant ce que pourrait être la disparition d’un être cher.
« -Mon dieu, tu as vu ? la pauvre, elle qui est toujours soucieuse des autres et surtout des plus faibles, être victime de tels sauvages…
-Il y a longtemps que je la connais, ces derniers temps elle avait des soucis, elle avait le sentiment que l’on se moquait beaucoup d’elle, et que ce qu’on disait à son propos était profondément injuste et erroné…
-Elle suivait le camping-car des hollandais qui zigzaguait, à la recherche de sa route…  Elle les suivait de trop près…
Il faut qu’elle s’en tire !
-Il faut qu’elle s’en tire, elle avait eu un premier accident il y a huit jours. Elle avait voulu continuer sa mission… C’est pas juste… »
Elle semble un peu retrouver ses esprits et regarde tous ces gens autour d’elle qui compatissent à son malheur. Elle leur sourit, d’un sourire lointain, mais plein de ferveur. Elle veut parler.
« Merci mes amis de votre soutien ! L’accident d’aujourd’hui n’est pas une surprise pour moi. Je suis consciente que depuis des mois et des mois la vie qu’ils me font mener ne peut conduire qu’à des catastrophes comme celle-là. Comme s’ils voulaient se débarrasser de moi ! Comme si je gênais dans un paysage où je n’aurais plus ma place et peut-être vous non plus….
Bien sûr ils font semblant d’être de mon côté, mais dès qu’ils le peuvent ils m’oublient et parfois même ils m’humilient en se servant de moi pour faire croire que les turpitudes qu’ils proposent sont des progrès. Je sais que j’ai tort de ne rien dire, regardez ce qu’il m’arrive maintenant. Là je commençais à me révolter… je crois qu’il va falloir que je continue… »
Pimpom, pimpom, pimpom… Les secours arrivent, on s’écarte pour les laisser travailler, inquiets.
« -Mademoiselle qu’est-ce qu’il vous arrive ? Ne bougez pas ! Ou avez-vous mal ?
Je fais du bien à ceux qui ne doutent pas de moi.
-Je suis groggye, j’ai un peu mal partout, mais j’ai surtout mal au cœur de voir ce qu’on fait subir à celle qui a, du soir ou matin et du matin au soir, le souci de la justice, de la solidarité, à celle qui est blessée de voir ce qu’on fait subir à son peuple, à celle qui n’accepte pas que le progrès social devienne une chimère d’un autre âge…
-Mademoiselle, calmez-vous ! Vous vous faites du mal !
-Oh que non, en disant cela je ne me fais que du bien et je fais du bien à tous ceux qui ne doutent pas de moi. Et vous n’imaginez pas qu’ils sont sans doute plus nombreux qu’on ne le croit…
-Mademoiselle qui vous êtes pour parler ainsi ?
-Vous ne m’avez pas reconnue, ça ne m’étonne pas !  ils ont tout fait pour me faire oublier… Je suis la gauche… la vraie… la seule. Et ils ne sont pas près de m’enterrer. »
Jean-Marie Philibert

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