Des champs … au peuple.
Pour les avoir quelque peu
fréquentés et subis lors d’entrevues syndicales multiples et variées pendant de
longues années, je me dis que la nouvelle préfète a trouvé la parade absolue
contre l’austérité, l’obscurité, la sévérité des hauts murs de la préfecture du
quai Sadi Carnot dans lesquels sa fonction lui impose de vivre. Tous les jours,
elle va se balader et elle semble partir avec la plus grande allégresse à la
découverte d’un département qui n’est pas vilain du tout (nous le
savons) ; elle semble être tombée sous son charme et elle est prête à nous
rejouer, tous les jours, un nouvel épisode du conte de Daudet « le
sous-préfet aux champs».
Mes chers administrés…Mes chers administrés…
Oui, souvenez-vous, le sous-préfet
de Daudet est en mal d’inspiration pour son discours ; il fait arrêter sa
calèche dans les champs, se couche dans l’herbe pour chercher les premières
phrases de son intervention « Mes chers administrés… » Ne voilà-t-il
pas qu’il se sent si bien dans les champs, qu’il en oublie son discours, sa
fonction, la cérémonie où il est attendu et qu’il se met à écrire des vers.
C’est dans cette posture bien peu règlementaire et officielle qu’il est retrouvé
par ses administrés, partis à sa recherche parce qu’inquiets de ne pas le voir
arriver. Ils n’en croient pas leurs yeux. C’était sans doute un temps où la
haute administration pouvait avoir de la fantaisie, et peut-être même, de
l’humanité.
Quelque chose de sympathique.
Gageons que le comportement de la
représentante de l’état a quelque chose de sympathique, qu’il dénote, si ce
n’est comme le sous-préfet de Daudet un goût immodéré de la poésie, au
moins un besoin de concret et une curiosité
inaccoutumée à ce poste. Les rencontres avec les gens qui ont fait et qui font
ce pays ne peuvent qu’être profitables à des terres où la crise laisse des
marques fortes. Même si l’on sait très bien que les décisions les plus lourdes
seront prises ailleurs.
Encore faut-il ne pas se laisser
aveugler par le pittoresque et le folklore et regarder la vraie
vie. « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ! » disait
Victor Hugo.
Tout un périple.
Et l’on se plait à imaginer Josiane
Chevalier, rencontrant à Cerbère, lors de son excursion sur la Côte Vermeille,
les salariés du Centre Bouffard-Vercelli pour leur promettre de tout faire pour
que le projet de délocalisation de leur établissement soit abandonné, pour que
les emplois sur place soient préservés, pour qu’une structure efficace et
reconnue soit pérennisée.
On peut aussi lui conseiller la
ligne du train jaune qui offre au néophyte dans le département l’occasion d’en
découvrir l’épine dorsale et une plongée vertigineuse dans sa richesse ;
les cheminots sont prêts à l’y accueillir et à lui expliquer ce qu’il y a lieu
de faire pour la développer, la moderniser, aux antipodes des projets de la
direction de la Sncf qui n’a pas d’autres ambitions que de se débarrasser d’un
… bijou. Elle peut ne pas partager le masochisme et l’inconscience de Pepy, le
patron des trains qui n’aime pas les bijoux.
Enfin cette semaine, elle peut
aller roder du côté de Thuir, de ses caves réputées, de ses vignes vallonnées,
elle y verra surtout une ville qui fait front, le 20 Novembre, contre la fermeture de son centre de tri, et qui demande à ce que
les services publics ne soient pas systématiquement sacrifiés sur l’autel de la
rentabilité, le nouveau dieu que la poste, comme la sncf, s’est donné.
Si elle aime son pays, qui est
aussi le nôtre, elle aura d’autres ambitions que les profits financiers
d’entreprises qui n’ont pas plus d’âme que de terre. Elle imaginera facilement
pour ses habitants un autre salut que la soumission des hommes et des femmes
aux souffrances que provoque la course effrénée à la rentabilité. Nous sommes,
certes, un peu loin de la poésie du sous-préfet de Daudet, comme des
enseignements de l’ENA, mais le monde
est ainsi fait que la réalité nous rattrape toujours.
Nous sommes disponibles.
La rédaction du Travailleur catalan
est tout à fait disponible pour accompagner notre préfète dans la découverte de
tous les horizons d’un département qui a tous les atouts pour rendre heureux
ceux qui y vivent, mais qui n’échappe à aucune des conséquences déplorables
d’une politique qui a délibérément tourné le dos aux aspirations des jeunes,
des moins jeunes, des plus âgés, des pas tout à fait vieux, aux besoins du
peuple tout simplement.
Jean-Marie Philibert
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