Quand les
clowns ne nous font plus rire
Avec la bande de margoulins que nous avons au pouvoir, il n’y
a pas trop à chercher des sujets
d’humeur : ils les cumulent avec un sérieux imperturbable et une assurance
toute théâtrale. Observez les coups de menton de notre premier ministre qui
n’ont rien à envier aux plus grands matadors affrontant leur adversaire au cœur
d’une arène survoltée. Mais ce qui retient plus particulièrement mon attention
cette semaine renvoie davantage aux contradictions qui sont au cœur de leur
démarche politique.
Ils nous
cajolent.
Ils veulent apparaître comme au service de tous, prenant les
décisions les plus judicieuses au moment le plus opportun, faisant tout leur
possible pour qu’on soit bien sage, cajolant tous les pouvoirs dans le sens du
poil, donnant à ceux qui n’ont ni pouvoir, ni argent, de quoi survivre (peu et
mal), en misant sur leur passivité, nous offrant de temps à autres quelques
histoires croustillantes, comme celle de cette ex-première dame répudiée, ou
celle de ce ministre qui tombe malade à
l’idée de payer des impôts. Le tout accompagné de bons mots qui peuvent faire
rire la galerie et amuser le bon peuple. Dernière analogie à relever : le chef
de la bande est le plus souvent poudré et enfariné comme le sont tous les
clowns blancs qui se respectent. Paraît-il que c’est un moyen de mieux
symboliser le bien, la pureté, l’innocence.
Le bon
peuple se barricade.
Eh bien vous avez trouvé ! Vous suivez ! Nous avons
affaire à une bande de clowns, mais les clowns
dans ces temps d’automne se parent aussi
de couleurs diaboliques. Halloween est passée par là et des bandes de
clowns agressifs sont signalées dans les rues de nos villes et villages, qui attaquent,
qui font peur, qui font fuir. Une psychose s’est emparée de la presse. Le
gentil devient méchant, le rire s’étrangle, les menaces grondent. Les gendarmes
sont en alerte. Le bon peuple se barricade.
Le syndrome du clown agressif, qui couvait au sein du
gouvernement depuis des mois déjà, peut enfin donner libre cours à ses
penchants malfaisants : il n’est plus besoin de faire semblant, de faire
des risettes, d’être gentil. Seul un petit sourire de convention pour se donner
une image angélique, et quand votre victime est suffisamment proche et endormie
pour ne se douter de rien, un entartage généralisé sur la gueule, un grand coup
de pied aux fesses et le tout accompagné d’un grand éclat de rire sadique.
« Ah, ces cons ! On les a bien eus ! »
Entartés !
Les assurés sociaux, entartés, les mères et pères de
familles, entartés, les salariés, entartés, les chômeurs, entartés, les
retraités, entartés, les fonctionnaires, entartés, les usagers des services
publics, entartés, les contribuables, entartés … Pour les plus récalcitrants,
par exemple les manifestants qui s’opposent à la construction d’un barrage dans
le Tarn, l’entartage ne suffira pas, il y faudra quelques pétards et la mort
d’un jeune homme.
Parce que nos ministres, en clowns agressifs, ne font pas que
dans le simulacre : c’est de la souffrance sociale réelle qui gangrène un
peuple qui s’interroge. Ils ne veulent pas nous faire rire, ils veulent nous
faire peur et nous mettre au pas pour imposer une politique qui tourne le dos
aux aspirations profondes d’une société qui pense qu’une répartition équitable
des richesses est possible et que la démocratie est plus qu’un slogan.
Les masques doivent tomber, la comédie n’a que trop duré et
elle ne fait plus rire personne, si ce n’est la bande à Gattaz. L’oxymore
absolu que constitue l’expression « clown agressif » où se côtoient
deux mots aux sens totalement opposés est certainement emblématique d’un
gouvernement qui veut nous perdre avec lui dans les plus sombres dérives d’une
absence totale d’avenir… alors qu’il devrait faire le contraire.
A nous, de lui faire comprendre que l’avenir, ce n’est pas sa
chose, mais la nôtre !
Jean-Marie Philibert.
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