Un amour
névrotique
La dernière exigence de Gattaz envers le gouvernement :
le pouvoir pour n’importe quel patron de licencier sans motif qui il veut,
quand il veut, sans avoir de compte à rendre à personne me fait penser à ces
exigences névrotiques et irrationnelles que l’on peut voir dans un couple,
légèrement perturbé, dont un membre a pris un tel ascendant sur l’autre qu’il
se sent en position de pouvoir demander… la lune et avoir quelques prétentions
à l’obtenir… L’amour est aveugle et le sadomasochisme de ce type de relation
est tel que le demandeur n’hésitera à
mettre en œuvre toutes les turpitudes pour obtenir ce qu’il désire et que la
victime de tant de sollicitude intéressée ne saura pas s’opposer à une
demande qui pourra satisfaire celui dont
elle a décidé de partager, à ses risques et périls, le destin.
Chimène et
Gattaz, c’est pareil
Le type de relations
entre le gouvernement et le patronat est ainsi et l’on peut légitimement
se demander où vont s’arrêter les exigences d’un Gattaz envers un duo
Hollande-Valls qui tremble à la moindre semonce patronale, qui cherche à
anticiper tous les désirs de ces héros des temps modernes que sont les patrons
de droit divin, qui n’envisage pas d’autres vies que dans les bras du Medef,
pour qui Chimène et Gattaz, c’est pareil. Comme aurait dit ma mémé, ils ont le
béguin et ils sont complètement toqués. La vie perdrait-elle tout son sens pour
les socialistes si leur lune de miel avec les patrons tournait court ? Il
faut le croire, quand on voit comment
ils sont prêts à renier ce qu’ils sont pour préserver ce lien privilégié avec
un pouvoir économique et financier qui les fait rêver. L’amour est aveugle,
c’est bien ça ! Et nous, nous dégustons.
Une soif
jamais rassasiée
Parce qu’il s’agit d’une passion absolue à laquelle tout est
sacrifié : les salariés sont devenus des pions qui n’ont plus d’existence
réelle, ils ne servent qu’à assouvir une soif de pouvoir et d’argent jamais
rassasiée, les services publics sont soumis à une loi du marché qui les
asphyxie pour faire plaisir aux portefeuilles
du patronat, les chômeurs sont condamnés à le rester, de plus en plus
nombreux, de plus en plus pauvres et bien sûr de plus en plus soumis pour ne pas
faire courir le risque de troubles sociaux. Les jeunes, comme les vieux
d’ailleurs, n’auront comme destin que celui d’un sacrifice ininterrompu. Les
désirs de Gattaz sont des ordres : ils ne peuvent qu’être exécutés… et
nous avec.
Jusqu’au
reniement total
Entre patrons et socialistes, ce n’est pas une passion toute
récente. Le terrain a été préparé et les fricotages ont été nombreux. Ça a
commencé avec Mitterrand, et même avant, avec discrétion cependant, tout en
donnant de temps à autre le change. Une mesure plus sociale pouvait faire
passer un rapprochement trop visible avec la gent patronale. La crise aidant,
les Gattaz et consort sont devenus de plus en plus gourmands, de plus en plus
exigeants. L’Europe est venue à leur rescousse et a corseté toute perspective
de progrès. Bien pire, elle a organisé la récession généralisée pour des
peuples, totalement exclus de par la
seule volonté du pouvoir de l’argent. Plus cela s’aggravait, plus le PS aimait
les patrons, jusqu’à l’adoration actuelle et son symbole absolu, Manuel Valls,
que l’on sent prêt à s’offrir corps et âme à la fantaisie lubrique de tous les
Gattaz aux petits pieds qui prolifèrent dans notre économie. Jusqu’au reniement
total !
Malheureusement sa passion nous concerne aussi et nous ne
sommes pas d’accord pour accepter le pire, parce que nous, nous n’aimons pas,
mais alors pas du tout, nous sommes même ennemis-jurés dans une guerre que les
socialistes n’ont jamais voulu voir, ni mener, et qui s’appelle la lutte des
classes. Si un petit mouvement social pouvait leur rappeler que la résistance
s’organise, que l’amour vache n’a que trop duré, que le peuple veut être libre
d’aimer qui il veut, cela serait une très bonne nouvelle.
Vite ! Vite ! Une dose de lutte des classes pour
mettre un terme aux amours névrotiques.
Jean-Marie Philibert.
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