les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 26 novembre 2014

elles ne sont pas copines



Légitimité et légalité ne sont pas nécessairement copines…
Légitime ? Légal ? Beaucoup de tartuffes essaient d’enfermer, dans ce dilemme, ceux qui résistent. Tous ceux qui ont l’outrecuidante ambition de ne pas accepter des décisions, des projets, des réalisations d’un pouvoir en place, surtout quand il tourne le dos aux revendications maintes et maintes fois exprimées, mais jamais entendues. Et de dire à ces récalcitrants, à ces mauvais esprits, à ces perturbateurs que ce qu’ils demandent est illégal, que la décision prise a tout bien respecté, comme il faut, les règles, la loi et tout le toutim, et que c’est trop tard, qu’il n’y a plus qu’à se soumettre, à être gentil-gentil avec le pouvoir. La légitimité possible de la revendication n’a aucune valeur devant la légalité imparable de la décision prise. Et d’autant plus que ce pouvoir a été élu démocratiquement (ce qui est malgré tout  la moindre des choses dans nos démocraties). Dans le match récurrent légitimité-légalité, la légalité ne peut jamais perdre, selon tartuffe. Et ceux qui penseraient le contraire ne seraient pas de bons démocrates.
Un débat relancé.
Le drame de Sivens est une nouvelle fois l’occasion de relancer le débat.
A chaque bagarre, ou presque que vous avez pu mener dans votre vie, vous l’avez entendu : ce que vous dites, ce que vous faites n’est pas légal. Et si par malheur, vous avez l’audace de dire aux forces de l’ordre que vous ne partagez pas leur conception de la légalité, le panpan-cucu vous menace. Et si bêtement vous insistez, si vous montez aux arbres, si vous criez, si vous vous habillez en rebelles, si vous occupez les lieux, si vous ne reculez pas devant la « Loi » incarnée par des casques qui surplombent des fronts bornés, vous risquez d’avoir « droit » à un jet de grenades offensives. Oui ! Comme à la guerre. Comme à Sivens ! Oui ! On ne plaisante pas avec la légalité, la vie d’un jeune homme de vingt ans est de peu de poids.
Devant la toute-puissance de l’argument de la légalité, tous les pouvoirs portent un soin attentif à en respecter les formes, quitte à manœuvrer quelque peu pour donner l’impression que tout a été fait comme il faut (voir le dernier lu-vu-entendu du tc sur le barrage en question). Si une assemblée d’élus a en plus donné son accord, c’est pain bénit : on peut foncer, les opposants mènent un combat d’arrière-garde qui est bien sûr perdu d’avance.
De la roupie de sansonnet.
Dans le même temps, les questions de la légitimité de la revendication, de la légitimité des arguments, l’intérêt des groupes qui ne se reconnaissent pas, à juste titre souvent, dans les décisions envisagées, les voix discordantes qui ont aussi légitimement le droit d’être entendues ne sont que roupie de sansonnets ou de la crotte de bique.
Observez les luttes qui se mènent dans le département,  et vous aurez l’illustration du peu de cas qui est fait, par le pouvoir,  de la légitimité des discours revendicatifs : le centre Bouffard Vercelli à Cerbère, le train jaune, le centre de tri de Thuir…
Une bataille jamais perdue.
Par contre si la légitimité de la revendication est telle qu’elle rassemble des foules considérables, qu’elle crée de l’émoi, qu’elle suscite une bataille longue et massive, là peut-être la légalité peut devenir plus fragile, plus provisoire, plus aléatoire. Jusqu’à la reculade qui peut être partielle, provisoire, trompeuse, ou définitive.
L’important, pour les têtes de mules que nous sommes, est de ne jamais lâcher le morceau. Tel Sisyphe qui ne cesse de pousser son rocher au haut de la montagne. La bataille de la légitimité de nos actions n’est jamais perdue. Elle a la force de notre conscience et elle a fait la preuve quotidiennement que la légalité, sans elle, n’est que peu de choses, N’est-ce pas ce goût immodéré pour les combats légitimes qui nous a donné de temps à autres quelques lois progressistes... N’en déplaise à tous les tartuffes.
Jean-Marie Philibert.


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