les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 13 janvier 2015

charlie



François-Michel Saada, Yoav Hattab, Yohan Cohen, Clarissa Jean-Philippe, Georges Wolinski,  Bernard Verlhac, dit Tignous, Mustapha Ourrad, Ahmed Merabet, Bernard Maris, Philippe Honoré, dit Honoré, Stéphane Charbonnier, dit Charb, Elsa Cayat, Jean Cabut, dit Cabu, Franck Brinsolaro, Frédéric Boisseau, Michel Renaud, Philippe Braham …et nous
Certes il y a le temps de l’émotion, de la colère, de la révolte, de l’humeur noire et sinistre devant la barbarie. C’est utile et nécessaire pour des êtres de chair, de sang, de sentiments qui ont fait de l’humanité, de ses vicissitudes, de ses ambitions, de  ses aspirations l’horizon commun de leurs vies.
Le sursaut.
Et puis il y a quelque chose qui ressemble à un sursaut, très vite, dès le mercredi après-midi, dès que la nouvelle de l’assassinat  est connue. Le rassemblement. Les rassemblements. A Paris. Comme à Perpignan. Le lendemain, les rassemblements se poursuivent. Plus massifs, sans protocole, avec le seul besoin d’être rassemblés pour exprimer notre aversion, notre soutien aux victimes, notre détermination à ne pas nous laisser prendre aux pièges de la peur, de la division, pour dire notre solidarité active. Il est tout à fait significatif que de telles initiatives se soient répandues et multipliées dans de très nombreuses communes du département, grandes et moins grandes, comme s’il y avait un rendez-vous à ne pas manquer.
 Il est tout aussi significatif que  ceux qui se rassemblaient n’étaient pas seulement les participants habituels des manifestations. Nous étions tous Charlie, mais des Charlies différents qui n’acceptaient pas que soit ainsi attaquée la liberté d’expression, que soient ainsi mis à mal les fondements de la vie démocratique, que la laïcité fondatrice de notre construction politique soit foulée aux pieds par des fanatiques.
La plus haute humanité possible.
Il aura fallu que la tragédie se poursuive, avec sa dimension antisémite, pour que la nation, le peuple, les gens mesurent l’ampleur de ce qui se tramait, ici et maintenant, mais peut-être pas seulement,  en multipliant les victimes innocentes. Et qu’ils soient confortés dans l’obligation de manifester à la fois leur rejet d’une barbarie absolue et leur soif, pour eux, pour leurs enfants (ah la présence des enfants dans les manifs !), de la plus grande, la plus haute, humanité possible qu’une nation rassemblée est capable de construire. Avec la lucidité qu’il y faudra, avec la persévérance du côté de l’intervention populaire et  avec de profonds changements dans les orientations politiques proposées. Je pense que les millions de manifestants de samedi et dimanche étaient dans cet état d’esprit, aux antipodes des amalgames, comme de l’angélisme. Dans une attente exigeante. Dans un espoir !
La leçon d’Elsa-Angéla
En tout cas les manœuvres du Front National pour se plaindre de ne pas avoir reçu de bristol d’invitation apparaissent pour ce qu’elles sont, dérisoires et pleines de dépit devant un mouvement qu’ils sont incapables de comprendre.  Les propos de la fille de Wolinsky, qui a comme prénoms Elsa (à cause de celle qu’aima Aragon) et Angéla (à cause d’Angéla, la rebelle, bien sûr) et qui a rendu un hommage très émouvant à son père ont bien situé une partie des enjeux politiques d’une telle mobilisation : renvoyer l’extrême droite dans les bas-fonds de l’histoire.
La présence à Paris d’une quantité importante de chefs d’états n’a pas été en mesure d’occulter ce qui fait la force du mouvement en train de naître : son nombre, sa diversité, ses couleurs,  son attente, sa tolérance, sa solidarité. La surprise (heureuse, inattendue) dont il est porteur,  l’incompréhension qu’il suscite, la spontanéité qui est sa marque de fabrique déjouent les schémas les mieux établis au point de prendre une dimension internationale.
Les manœuvres ne vont pas manquer pour en montrer les limites, les insuffisances, les ambigüités, les contradictions, pour le tirer à hue et à dia, pour le dénaturer, pour l’étouffer.
Ce mouvement appartient à tous ceux qui ont répondu  aux détonations assourdissantes des kalachnikovs  et au sang versé, par leur compassion pour les victimes,  par leur calme, par leur soif de justice et de démocratie. Ils sont des millions et ils n’ont pas peur !
Jean-Marie Philibert

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