2015 : tous les
possibles !
Le
passage d’une année à l’autre et le cérémonial des vœux peut être l’occasion
d’un regard quelque peu distancié sur la période vécue, comme sur les perspectives
à envisager pour l’avenir le plus proche. Entre l’optimisme béat de celle et
celui pour qui la vie n’est qu’un jardin des délices et le pessimisme absolu de
ceux qui n’y voient qu’une vallée de larmes, la période est rarement propice à
une lucidité exigeante, elle est surtout l’occasion, pour le plus grand nombre,
de se dire que le pire va peut-être céder le pas à un moins pire, que les
emmerdes, ce n’est pas éternel, que le passage d’une année à une autre pourrait
ressembler à un nouveau départ, et rompre ainsi avec un présent pesant.
Le coup de jeune ou le coup
de bambou
Je
partage sans aucune retenue ces aspirations à un mieux vivre. Je nous souhaite
pour 2015 toutes les batailles qui vont avec et sans lesquelles rien ne se
produira.
Mais
avec les contenus les plus transformateurs possibles. Avec l’ambition du
progrès social. Avec la démocratie en bandoulière. Avec l’obsession de l’unité,
de la solidarité, de la justice.
Face
à cela, l’incantation hollandaise du soir du 31 décembre fait pâle
figure : « Nous avons toutes
les raisons d’avoir confiance en nous, mais à une condition, avancer, faire
preuve d’audace, refuser le statu quo, écarter la régression » Et pour
illustrer son propos d’un exemple probant selon lui de cette confiance, le vote
prochain de la loi Macron qui donnera « un
coup de jeune ». Je crains que le coup de jeune ne devienne un coup de
bambou et que l’incantation reste incantation. Comme hors du temps, hors du
réel sur lequel le pouvoir semble ne plus avoir de prise, et plus grave encore,
ne pas chercher à en avoir, laissant à la manœuvre les puissances financières
et patronales pour qui le gavage est la seule « règle » de conduite.
Règle d’or, bien sûr ! Aux antipodes de l’humanité,
Vite des antidotes !
Quand
au hasard de vos pérégrinations dans ce
monde-là, vous rencontrez enfin l’humain, vous prenez de grandes bouffées
d’oxygène qui vous régénèrent et qui ne peuvent que vous aider à être plus
libres et plus forts. Vous avez envie de les faire partager…
Commençons
par le plus jouissif : il s’agit de l’exposition consacrée à Niki de
Saint-Phalle, dans les Galeries nationales du Grand Palais : une
exposition riche de nombreuses œuvres qui mettent la femme au cœur de la
démarche de l’artiste, qui la valorisent au point d’en faire des géantes
colorées et éblouissantes capables de ré-enfanter l’humanité en rompant avec
toutes les facettes de la réaction, en
inventant des formes qui transfigurent un monde trop triste. Les nanas vous
connaissez ! Voir des femmes et des hommes
accepter d’attendre, nombreux et transis, pour recevoir un tel message
est un signe que la sinistrose n’est pas inéluctable.
Toujours de l’humain
Continuons
par le plus humain : la cinémathèque de Paris présente une exposition
consacrée à François Truffaut, sa vie, son œuvre, ses films, des tranches de
vie palpables, réinventées et plus vraies que vraies qui nous nourrissent de leurs visions singulières de l’enfance, de
l’amitié, de l’amour. Jules et Jim sont nos frères en humanité. Le cinéma est
là plus qu’un divertissement, il nous fait du bien et nous irrigue.
Et
puis le moment peut-être le plus délicat, mais pas le moins couru, il fallait
patienter un moment avant de rencontrer les œuvres de Marcel Duchamp à
Beaubourg : il a bouleversé la peinture, il a contribué à faire du
dadaïsme le point d’ancrage de la modernité. Depuis un siècle ses œuvres nous
interrogent, nous étonnent, nous heurtent, nous incitent à pousser plus loin
les limites de notre culture. Notre regard peut en être changé : les
frontières de l’humain s’ouvrent sur de nouveaux horizons et c’est très bien.
Nous
sommes alors très-très loin de la prose d’Hollande, de ces poncifs étriqués qui
n’ont pour but que de nous faire accepter l’inacceptable, de nous abêtir un
tantinet.
De
tels signes de résistance font du bien !
Nous
sommes avec tous les possibles dont nous n’accepterons jamais d’être exclus. La
tâche de 2015 ?
Jean-Marie
Philibert
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