les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 12 janvier 2016

commémorons


Commémorons,

et ron, et ron, petit patapon !



Les commémorations sont–elles utiles ? Vaines ? Indécentes ?  Productrices de sens ?

Je n’en sais rien ! Un an après l’attentat terroriste contre Charlie, contre l’hyper casher, après l’assassinat d’une policière municipale dans les rues de Montrouge, il n’était pas pensable de n’en rien dire, et de plus quelques mois plus tard, la vague a déferlé avec une intensité mortifère renouvelée.

Mais la commémoration et l‘émotion ne peuvent pas servir à étouffer l’esprit critique et la lucidité politique, même si là est l’ambition de quelques-uns ; la commémoration doit servir à enrichir la compréhension des événements, d’autant plus s’ils  sont entachés d’irrationnel et s’ils sont d’une ampleur inégalée. La distance peut aider à y voir un peu moins sombre.

Les questions embarrassantes

Et à poser et reposer quelques questions embarrassantes : par exemple qu’est-ce qui dans le cas de la surveillance des locaux de Charlie a pu autoriser les pouvoirs publics (restons volontairement dans le général) à lever les protections  mises en place ? Y avait-il des indices que les menaces étaient  moins fortes ? L’expérience a tragiquement montré l’inverse. Les services de renseignements ont-ils été à la hauteur de la situation ? Les réorganisations subies de par les choix politiques de Sarkozy ne les ont-ils par fragilisés dans l’accomplissement de leurs missions … On pourrait poursuivre les interrogations, elles sont légitimes et des proches des victimes les relaient.

On peut aussi les élargir , à l’analyse des causes qui ont pu conduire à ce que de tels assassinats aient eu lieu,  aux fractures sociales qui s’y manifestent, à la montée du fanatisme qui en est le terreau, aux failles de notre laïcité, aux effets d’une crise qui n’est pas qu’idéologique, aux conflits internationaux où le destin des peuples passe bien après les tentatives hégémoniques des superpuissances ou des puissances tout court de se partager les gâteaux…





Citoyenneté et sécurité ne feraient-elles pas bon ménage ?

Il peut être intéressant de réfléchir aussi aux réactions que des tels événements ont entraînées : ainsi pourquoi après Charlie un tel sursaut citoyen, un peuple rassemblé pour témoigner d’un profond attachement à la république et un gouvernement qui agit dans le même sens ? Et pourquoi quelques mois plus  tard après les attentats de Novembre, la seule réponse sécuritaire mise en avant, est l’interdiction des manifestations, le repliement sur la peur, la perspective d’un état policier sans aucune preuve quant à son efficacité.

Et cela n’a rien de spontané, après janvier, le PS est à la manœuvre pour donner un  sentiment d’unité nationale qui politiquement doit le servir, après novembre, il vaut mieux briser un tel élan pour jouer la fermeté ; par exemple la préfète de P.O s’emploiera à faire que le rassemblement de Perpignan soit modeste et les élus socialistes resteront devant la porte du Conseil départemental.

Le sens

Dernière remarque sur les formes des commémorations : elles ont aussi du sens.  Faire appel à Johnny pour rappeler les milliers de Je suis Charlie de la Place de la République doit mettre du baume à l’âme (je rigole) caustique de nos dessinateurs de Charlie qui du haut de leurs nuages nous regardent avec amusement (c’était leur marque de fabrique) nous dépêtrer très maladroitement dans nos souvenirs, dans nos ambitions  de paix, de justice, de progrès, dans notre soif inassouvie d’égalité, de liberté, de fraternité.

Camarades, ne nous en voulez pas des misères de nos commémorations. Avec elles nous ne sommes plus tout à fait dans le réel, mais déjà dans le mythe, et un peu la magie. Et comme disait l’autre : la commémoration est au passé, ce que les prédictions sont à l’avenir, un moyen de le conjurer. Et pour rester dans la veine Charlie, un peu un foutage de gueule !

Jean-Marie Philibert.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire