Le non-dit
Mes chers concitoyens… pardon… mes très chers sujets…
Après une année de merde, vous avez bien compris que, pour
que ma cote remonte un peu, il me faut vous souhaiter une deuxième année de
merde, où je pourrai faire le grand homme qui n’a pas peur. Je vous la souhaite
donc ainsi. Dans la perspective de 2017, bien sûr. Il faut ce qu’il faut pour
que nous poursuivions ensemble la route du socialisme hollandais qui nous conduit,
nous le savons tous, directement dans le mur.
Je trompe bien mon monde parce qu’au fond j’ai peur, mais je
n’ai pas le choix.
Tremblons
Alors, que 2016 soit pour vous aussi difficile que 2015, que
les événements vous fassent toujours aussi peur, que vous ressentiez que le
plan d’urgence doit devenir le modèle indépassable de notre organisation
politique. Tremblez ! Tremblons !
Dans une austérité renforcée, bien sûr, parce qu’il est exclu
que nous allégions la pression sociale et économique : vous avez bien vu
que l’augmentation du SMIC que nous venons d’accorder obéit à ce principe fort
de notre stratégie. La souffrance sociale est à la gôche (la nôtre), ce que le
péché est à la religion, un moteur qui ne cesse de tourner rond. Même si des
ronds vous en avez de moins en moins.
Que les humbles le restent ! C’est la nature des choses,
un fatum inexorable qui leur laisse cependant
la Française des Jeux pour croire que peut-être un jour viendra (non pas
couleur d’orange, comme l’a écrit Aragon, le poète), un jour couleur de pèse,
puisqu’il n’y a que cela pour remuer les foules. Ces fantasmagories sont utiles
et rendent le quotidien supportable.
Continuons
tout pareil
Par contre il est un domaine où j’entends tenir mes
engagements, celui de la lutte contre le chômage. Depuis des mois et des mois
je vous promets une embellie qui recule à mesure que nous avançons : je
m’engage à continuer tout pareil jusqu’en 2017, à donner du pognon au patronat
pour qu’il dise qu’il va faire quelque chose qu’il ne fera jamais, à continuer
à taper dur sur le service public d’éducation pour qu’il soit de moins en moins
capable de remplir ses missions (Madame Belkacem s’y emploie), à
poursuivre la salutaire œuvre de
destruction du code du travail ( une vieillerie d’un autre temps).
Enfin dans le domaine primordial de l’écologie, vous avez
bien perçu lors de la COP 21 l’étendue de mon talent et cette forêt de chefs
d’état prosternés à mes pieds… pour pas grand-chose. Mais là n’est pas
l’essentiel. L’important est d’avoir parlé, d’avoir promis, d’avoir fait croire
…
Laissons les engagements purs et durs à ceux qui ont une
vision dogmatique de la politique. Je m’engage à continuer dans le flou. Pour
notre avenir commun. André Breton, le grand poète surréaliste vantait l’amour
fou : moi, le grand homme de ce début de millénaire, je préfère l’amour
flou de mon peuple, des gens, des jeunes, et des moins jeunes. Cela a
l’avantage de ne pas susciter de trop grandes attentes et de les laisser dans
le brouillard.
Voilà ce qui nous …attend, rien et peut-être pire.
Si vous avez envie d’autre chose, allez voir la
concurrence : par chance pour moi, elle fait dans le plus pire encore.
Mes chers concitoyens, vous êtes coincés.
Vive la France et les Français… coincés et cocus !
François premier monarque d’Hollandie … et ce qu’il n’a pas
osé dire le 31 Décembre,
alias Jean-Marie Philibert.
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